Par Odin !

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Bry


Je cours vers Démétrius lorsque je vois ses genoux claquer sur les pavés, mais je n’ai pas le temps de le rattraper. C’est le compagnon de Naru qui le fait, elle se positionne devant les deux hommes et je comprends que l’éclair venait d’eux. Enfin, j’espère, j’ai assez de trucs bizarres à gérer là.
— Vous ne devez que les blesser, nous ne sommes pas des tueuses ! commandé-je à mes camarades.
Sélène et la jeune blonde courent autour de nous et après elles dressent de hautes flammes. Nicholas et la rouquine se tiennent les mains jointes et vu leurs concentrations ainsi que leurs lèvres qui bougent en rythme, je pense qu’ils essaient de nous faire partir d’ici ou de nous sauver. Pourvu que cela soit ça et pas qu’ils soient en train de se commander une pizza dans le resto du coin !
Plus je stresse et plus le malaise de Dém m’inquiète. Il est resté statique, il n’a pas cherché à se battre. Il y a eu le flash et tout de suite après, le vampire est devenu blanc comme si des fantômes étaient venus le hanter. Tout d’un coup, ses genoux ont lâché et une expression d’horreur a vu le jour sur son visage. Je ne sais pas ce qu’il a aperçu ou ce qu’il s’est imaginé, mais cela devait être horrible !
— Par Odin ! Mais dégagez, bordel ! hurlé-je à un flic qui essaie de m’envoyer une bonbonne de gaz.
La ville est à feu et à sang. Des hélicoptères tournent autour de nous, je vois des camions militaires arriver vers nous. Non, mais ils sont sérieux ?
C’est une déclaration de guerre là ! Je suis interrompue dans mes pensées par un mégaphone :
— Cessez-le-feu et rendez-vous ! Il ne vous sera fait aucun mal, ordonne l’homme.
Mes amies se mettent à rire et je commence à me demander pourquoi elles ont l’air si enjouées à se battre. Ce n’est pas le genre de Sélène d’agir ainsi. Elle est comme… possédée. Brusquement, je ressens sa présence.
Je tourne sur moi-même, je dois découvrir où il se cache, car toute cette violence ne peut être que l’œuvre d’une seule personne.
Je l’aperçois un plus loin, dans la peau de l’acteur américain qui joue son rôle dans une série que j’ai vue à la télévision. Il ose même un salut de la main, ce bâtard !
Je le savais ! Mais comment faire pour que tout ceci s’achève ?
Je me ronge les sangs en me demandant comment je pourrais faire entendre raison à ces humains et le mettre hors-jeu lorsque je distingue quelqu’un courir vers lui.
Toi, tu vas passer un sale quart d’heure, mon coco ! Il perd de sa superbe en me voyant croiser les bras et en lui souriant.
Elle le percute comme un train sur un mur. Les hommes et mes amis cessent de se battre d’un seul coup, ils se regardent, totalement éberlués. Alors qu’Anna, au bout de la rue, enchaîne les coups, aidée par un Julian déchaîné.
J’attrape la main de Nicholas :
— Il faut se barrer de ce lieu tant que ta sœur le tient en joue ! m’exclamé-je en le secouant afin de le faire revenir à lui.
— Nom de… Par les mondes, que s’est-il passé, ici ? glapit-il en revenant à lui et en constatant le désastre.
Effectivement, il y a des trous dans la chaussée, que dire, des cratères autour de nous. L’air est à peine respirable tant la fumée prend à la gorge. Je suppose que les forces de l’ordre de ce monde ont envoyé quelques produits chimiques. Le problème pour eux, c’est que nous sommes immunisés contre ces émanations. Après tout, nous avons vécu de longues années dans les enfers. Alors, les odeurs bizarres, on connaît. Plusieurs policiers, des militaires et même des journalistes sont à terre, blessés plus ou moins gravement.
— Lucifer, reprends-je en le désignant du menton. Je pense qu’il a voulu que nous nous entre-tuions. Je ne vois que cette explication. Par contre, ne me demande pas pourquoi, car je ne comprends pas l’utilité de dévoiler notre présence aux gens de ce monde.
— Parce qu’ils savent déjà que nous existons ! me réfute une femme avec les cheveux violets en s’avançant vers nous.
La main sur mon épée, je me mets en garde. Elle sourit et heureusement pour elle, je distingue Topaze et Sky ainsi qu’une ombre qui me semble être celle d’une montagne de muscles qui les suit.
Je fronce les sourcils. Perplexe, à l’idée de ce qu’elle vient de nous dire.
— Si c’était le cas, j’imagine que certains auraient essayé de nous attraper afin de nous étudier et de nous faire subir des tests ? répliqué-je en haussant un sourcil tant cette affirmation me semble tirée par les cheveux.
— C’est le cas, répond-elle.
De là, j’aperçois ses ailes se déployer… Ou plutôt, une seule, puisque l’autre pend irrémédiablement brisée dans son dos.
Même les humains cessent de parler. Les journalistes encore debout demandent à leurs caméramans de faire de gros plans. Elle s’avance dans la lumière des flammes et elle élève la voix :
— Je m’appelle Améthyste, fille de Séraphina et d’Alastair Carpatia. Je suis une fée et un vampire de naissance.
Elle dévisage les gens en tournant sur elle-même, les bras levés afin que tout le monde puisse constater ses blessures et continue sous un silence de plombs :
— Mon père a été exécuté par vos politiciens, lâche-t-elle en fixant les journalistes humains. Ma mère en est morte de chagrin et moi, j’ai été vendue à une brute. C’est lui, qui m’a fait toutes ces marques et qui m’a arraché l’aile, comme si je n’avais aucune valeur.
Un brouhaha indigné se fait entendre, alors que je parie que les bleus de la jeune femme ne sont que la partie visible de la souffrance qu’on a dû lui inculquer.
Ma sœur se jette dans mes bras et je la serre contre moi. Dans quel monde l’ai-je amenée ?
Soudain, Améthyste vacille, elle est à bout de forces malgré la puissance que son corps, pourtant menu, dégage. Aussitôt, Topaze et Sélène accourent pour la soutenir. L’individu qui les accompagnait et qui était resté dans l’ombre s’avance vers nous. Traînant quelque chose derrière lui, un homme, apparemment.
Il le balance aux pieds d’Améthyste, je ne m’occupe pas de cet amas de chair, car Ghost vient de me pousser dans le dos avec sa truffe. Étonnée, je cherche ce qu’il souhaite me montrer. C’est alors que je reconnais la personne qui suivait les fées.
— Iago ??
Il me sourit en haussant les épaules et il lâche d’un air moqueur en fourrageant ses cheveux de sa main libre :
— Coucou, petite sœur !
Par Odin ! Si je m’attendais à le trouver là !!!

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now