Et si...

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Athéna

J'ai fini par m'assoupir avec le livre que j'avais pris pour lui faire la lecture. Je n'arrive pas à comprendre que cet homme que je pensais si fort, s'est mis à pleurer comme un petit garçon.

Il a refusé de s'alimenter, restant dans la chambre sans en sortir. Ne se lavant plus, ne mangeant même plus. Sélène et Théothase s'inquiétaient pour lui, mais malgré leurs pouvoirs, ils n'arrivaient pas à lui faire reprendre pied.

Je fus surprise, je dois bien l'avouer, quand Esmeralda m'a dit qu'elle m'aiderait. Et elle n'a pas failli, même lorsqu'elle sortait de la chambre furieuse et qu'elle passait des heures dehors pour exploser des boîtes de conserve. Afin d'évacuer la rage qui prenait place dans son cœur, à le voir se fustiger ainsi.

Oh ! Je sais que je voulais être en colère contre lui. Je voulais le punir, mais en le regardant dans ce lit, pleurer des jours durant... Je pense que lui-même se fait suffisamment de mal comme cela. Est-ce que j'en ai retiré le moindre plaisir ?

Même pas. Je crois bien que mon tourment est bien plus grand chaque fois que je sors de cette pièce. Pourquoi un père peut-il avoir envie de faire souffrir son enfant ainsi, cela me dépasse. Sans être proche de mon paternel, il n'y a pas une semaine où l'on reste sans nouvelles de l'autre. Mais Nicholas, lui, a grandi sans amour, sans soutien.

Il pourrait être le pire des hommes et pourtant, il verse des quantités astronomiques de larmes. Pas pour lui, mais pour sa sœur, ainsi que son amie Éole et tous leurs compagnons disparus.

Lorsque la première fois où j'ai pris le relais du couple qui le veillait nuit et jour, j'ai compris que ce n'était pas sur sa vie ou ses malheurs qu'il sanglotait, mais pour ceux des mondes entiers. J'en fus bouleversée ! Il se croit juste un homme, mais ses actes montrent que c'est lui qui devrait avoir l'appellation de « Dieu ». Lui sera capable de rétablir l'ordre et j'en suis sûre à présent que j'ai mené mon enquête, ses sœurs aussi.

Par bien des égards, ils me rappellent la légende de la famille O'Malley. Eux aussi étaient des descendants des dieux et eux aussi ont dû se battre contre les leurs. Je ne sais pas si ce conte est réel, bien qu'on le sache tous, chaque histoire a un fond de vérité.

Je suis entrée dans sa chambre pensant le trouver agité comme d'habitude. Au contraire, il avait l'air paisible, ses longues mains déposées de part et d'autre du drap. Sa barbe lui mange le visage et assombrit ses traits, ses cheveux... par les dieux ! On dirait une forêt vierge. Et malgré cela, il reste tellement beau.

Je m'assois à ses côtés en soupirant, je prends mon ouvrage et commence à le feuilleter, mais la fatigue que j'accumule a bientôt raison de moi. Et je sombre peu à peu dans une torpeur peuplée de rêves oniriques tous plus gênants les uns que les autres.

J'ai soudainement la sensation que l'on m'observe, mes yeux bougent sous mes paupières. Ce sentiment s'amplifie avec une certaine chaleur qui s'empare de moi. Aurais-je attrapé froid ?

J'ouvre les yeux doucement de façon à ne pas réveiller Nicholas et je suis saisie de stupeur par ce qui se dresse devant moi. Et le mot est faible pour décrire ce que j'aperçois. J'hésite entre me sauver et me dire que c'est peut-être un réflexe naturel du corps. Les poings qui froissent les draps et les dents qui dépassent de ses lèvres me prouvent au contraire que cela n'a rien d'une surprise pour lui.

Et je comprends avec un hoquet que les rêves qui me parvenaient n'étaient pas les miens, mais les siens.

Je râle plus pour la forme que pour autre chose, et surtout pour ne pas qu'il puisse s'apercevoir que de le voir aussi « tendu » pour ma personne, me donne des idées loin d'être sages.

C'est dans cette position pour le moins compromettante, que nous trouve ma meilleure amie en ouvrant la porte brusquement. Loin de s'offusquer, elle me fait un clin d'œil et s'exclame :

— Désolée de vous déranger, les amoureux, mais nous avons un méga problème sur les bras. Une troupe de Valkyries et un géant viennent de débarquer en plein Paris. Et la situation est légèrement tendue.

Je regarde, complètement ahurie, la tablette où je discerne un flash info faisant état d'un nombre important de jeunes femmes en tenue de guerre d'un autre temps. Accompagnées d'un géant que je jurerais avoir déjà vu auparavant.

— Dém ! s'écrie Nicholas.

Il se lève si vite que je suis obligée de le retenir contre moi, afin qu'il ne s'écroule pas.

Théothase arrive en courant, sa femme le talonnant. J'ai l'impression de rêver, car ils ont une banane incroyable et ils s'écrient en chœur :

— Les affaires reprennent ! Si Bry apparaît ainsi, nul doute que les renards vont rappliquer aussi, ainsi qu'Anna et Julian.

Je devrais être heureuse pour lui, mais mon cœur se serre à l'idée qu'il va encore me quitter.

Il ne tient qu'à toi de nous accompagner, me murmure-t-il à l'oreille.

Je fixe ses yeux si bleus que j'ai l'impression de me noyer à l'intérieur. Mon corps et mon cerveau ont pris la décision pour moi, car je m'entends lui répondre :

— Il ne peut pas en être autrement.

C'est acté ! Je vais donc à Paris, pour accompagner l'homme que j'aime, à entrer dans une guerre. Dont je ne suis pas certaine de revenir vivante.

Je suis dans la merde, mais bien comme il faut ! Et j'entraîne avec moi ma meilleure amie et tout mon coven. Y a pas à dire, je suis la sorcière la plus cheloue de l'histoire des mondes !

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now