Quel cirque...

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Nicholas

Cela fait plusieurs jours à présent que je... que nous sommes ici et le moins que l'on puisse dire, c'est que rien ne va comme je l'entends.

Je me suis laissé aller plusieurs jours d'affilée. En fait, je crois que tous les bouleversements que j'ai connus en si peu de temps ont eu raison de ma patience et mon corps a dit stop. Entre avoir dit enfin adieu à ma femme et ma fille, la mort prématurée de notre amie et le fait que je n'arrive toujours pas à mentionner leurs prénoms dans mon esprit, c'est dire combien le manque d'elles est immense. Sans oublier la disparition de Snow et Daphinés.

Le summum a été d'apprendre le décès de ma mère et de celle d'Athéna, je crois que ma psyché s'est fendillée à ce moment-là. Toutefois, quand le lendemain, elle m'a reconfirmé que j'étais bien le fils de Nuada selon ses informations... je pense que le ciel me serait tombé sur la tête, je n'aurais pas été moins secoué !

Je ne comprends pas pourquoi, lui, que tous les textes décrits comme le Dieu « Bon », a pu nous laisser à la merci de Lucifer, son frère. Il n'était pas sans connaître le caractère et les vices de celui-ci puisque c'est lui qui l'a banni dans les Enfers. Alors pourquoi ?

Toutes ces questions tournent en boucle dans mon cerveau fatigué, j'ai passé au moins trois jours à pleurer. Théo et Sélène ne viennent même plus me voir, « je les soûle » a dit la jeune femme. Après tout, je peux la comprendre, elle s'inquiète pour son amie... Annabellia... comment prend-elle cette révélation ?

Je serais vraiment le frère que j'ai toujours prétendu être, je ne serais pas ici comme un pleutre à pleurnicher sur ma vie ratée. Sauf que je pourrai dire ce que je voudrai, il n'en reste pas moins que je suis le plus grand couard que ces mondes ont vu naître dans leurs seins. J'ai l'impression d'être un enfant esseulé. Depuis combien de temps, je ne suis pas sorti de ce lit ?

Vu l'état des draps, on peut en conclure que ce n'était pas d'hier. Je me frotte le visage, la barbe qui couvre mon menton est un peu rêche, mes lèvres semblent desséchées. Peut-on pleurer au point de ne plus avoir une goutte d'eau dans son corps ?

Ma main se faufile sur mes yeux si secs, que je cligne plusieurs fois de façon à ne pas avoir trop mal, en pure perte. Mes doigts essaient d'entrer dans la masse chaotique que forment à présent mes cheveux. Bien entendu, je n'y arrive pas et je préfère abandonner au lieu d'insister. À quoi bon... Pourquoi devrais-je faire un effort ?

Je suis tellement las, j'aimerais pouvoir mourir, mais même cela, on me le refuse. Je suis là en train de geindre sur moi-même lorsque la porte claque d'un coup.

— Bonjour, M. le Grincheux ! Comment va Sa Seigneurie qui pue aujourd'hui ? ricane la jeune femme qui vient sans cesse me parler.

On dirait une poule ! Elle ne cesse de caqueter, elle me donne parfois le tournis tellement elle bouge et discute sans arrêt. Je soupire d'avance, car je sais qu'elle ne me lâchera pas avant de m'avoir fait faire trois tours dans ma chambre. Afin que je ne devienne pas un pruneau racorni d'après elle.

Pour la première fois, je scrute attentivement ce croisement de sorcière et de fée. Pour quelles raisons aujourd'hui plus qu'un autre jour, je n'en ai pas la moindre idée ! Il faut croire que mon cerveau a décidé de prendre le contrôle.

Toujours est-il que je ne me rappelle pas avoir côtoyé un jour une personne comme elle. Elle n'est pas très grande, un mètre cinquante tout au plus, ses boucles blondes qu'elles portent courtes, dissimulent de petites oreilles pointues. Pas comme celle d'un elfe, mais plutôt à la manière d'un chat.

D'ailleurs, si je l'examine attentivement, elle se déplace comme le félin. Elle en a la démarche souple et assurée. Même son petit visage pointu donne l'impression qu'elle va se passer la main derrière les oreilles et se lécher les pattes. Je me rabroue, mais mordieu que m'arrive-t-il ?

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now