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5 ANS AUPARAVANT

J'avais mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, alors que je sillonnais les corridors de ma nouvelle école. Le secondaire m'avait toujours un peu effrayé. Lorsque j'avais fini ma 6ème année du primaire j'avais ressenti toute la peine du monde. J'avais quitté plein de gens et je savais que je ne les reverrais jamais. Certes, je n'avais jamais vraiment parlé avec la plupart de ces personnes mais j'étais attachée à la zone de confort que j'avais su créer au fil des années. Je me sentais comme une gamine perdue tandis que je cherchais ma classe de géographie. Quoi que j'étais une gamine. J'avais douze ans et pas plus.
Une fille me bouscula et je fis un bond de recule. Elle ne s'excusa pas. Ça n'en valait pas la peine, j'imagine. Je continuai de me promener dans le corridor, la cloche annonçant le début des cours n'avait pas sonnée à mon grand soulagement.
Quelques minutes plus tard, le local de géographie apparut dans mon champ de vision. J'entrai dans la classe et mon nouveau professeur me salua. Il s'agissait d'un vieux barbu qui avait pourtant l'air très sympathique malgré ses lunettes excentriques. Je jetai un regard circulaire à la classe. Plusieurs étaient déjà assis en équipe de deux. Car, à mon grand désespoir, les bureaux étaient tous pré-jumelés. Mon problème étant que je ne connaissais personne et que je n'étais pas vraiment du genre sociable. Mes sept ans de primaire en était l'exemple. Je préférais être seule dans mon coin et m'imaginer toute sorte de scénarios étranges. Mais au primaire ça ne dérangeait personne. Plusieurs étaient solitaires. Je savais bien qu'au secondaire ça n'était pas pareil. Les réputations et la hiérarchie comptaient beaucoup. Rester seule aurait été suicidaire. J'aurais été perçue comme une dérangée et ça aurait été ainsi jusqu'à la fin de mon secondaire. J'étais donc décidée à me faire quelques amis. Comment? Je l'ignorais.
Je regardai aux alentours. Tout le monde semblait avoir trouvé un coéquipier. Sauf, moi, bien sûr. Mes yeux se verrouillèrent sur une fille qui semblait seule, assise au fond complètement, griffonnant dans un cahier. Je m'avançai, incertaine en voyant la tête de la fille. Elle n'avait pas l'air sympathique. Plutôt bougonne. Quand j'arrivai à sa hauteur, elle leva la tête et me dévisagea.

« T'es qui, toi? »

« Je peux m'asseoir ici? » lui demandai-je en ignorant sa stupide question.

La fille me jeta un regard étrange. Elle me prenait pour une folle. Mais, elle ne daigna pas de me faire un peu de place, loin de là. Elle allait possiblement commencer un interrogatoire. Du moins elle en avait l'air. Et je ne me trompais pas.

« Pourquoi? » me demanda la fille aux cheveux châtains.

« Parce que je ne sais plus trop où m'asseoir. Et tu sembles être la seule qui n'a pas de coéquipier. »

« Eh bien, vois-tu, je n'ai pas besoin de coéquipier. Gérard fera l'affaire. »

J'haussai un sourcils, ne comprenant pas trop ce dont elle parlait. Qui était Gérard? Je ne voyais personne. Et de toute manière il ne s'agissait pas d'un prénom très présent de notre génération.

« Qui est Gérard? »

« Mon ami imaginaire. Je crois que tu viens de l'offusquer en posant cette question. » répondit la fille.

Elle me prenait pour une débile, c'était certain. Elle se moquait carrément de moi avec son Gérard. Et ça ne mettait en rogne. Je devais donc sortir le grand jeu.

« Écoute-moi bien. Je ne crois pas qu'avoir un ami imaginaire prénommé Gérard est facilement accepté ici. Tu sais, tu pourrais avoir une réputation de chiotte jusqu'à la fin de ton secondaire. Tu aimerais ça, toi, te faire rejetée par tes paires pendant cinq ans? Oh, mais tu peux très bien te mettre en équipe avec la fille qui a de sérieux problèmes d'acnés, qui se lavent une fois par deux semaines et qui risquent d'arriver dans deux minutes. Ou tu peux te mettre avec moi. Je crois que le choix est simple. À toi de voir. » rétorquai-je les sourcils froncés en jouant avec son crayon.

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