11.

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Samedi, je ne fis rien. Je restais simplement cloîtré dans ma chambre, ne sortant que pour manger et aller à la salle de bain. Mon père ne me reparla pas de ce matin - où de la veille comme j'aurais l'habitude de dire. Ce qui s'était passé à trois heures du matin restait à trois heures du matin.
Dimanche, mes parents regardèrent un film des années 1990 qu'ils aimaient beaucoup. Ma mère me proposa de les rejoindre, ne faisant pas allusion aux derniers évènements, mais je refusais. Je passai donc ma fin de semaine dans ma chambre.
Lundi, je n'allai même pas à l'école. Mes parents étaient convaincus que je me sentirais beaucoup trop seule et que les autres avaient besoin de temps pour s'y faire. Je n'insistai pas, car l'idée de tous les affrontés - les amis et le petit ami de Mary Ann, par exemple - en sachant que Becca m'avait trahi, ne m'allait guère.
Mardi, je n'allai toujours pas à l'école. Cependant, je me décidai à prendre une douche et à ouvrir quelques fenêtres dans ma chambre tant l'odeur devenait abominable. Je n'osais pas manger avec mes parents et donc, des assiettes sales et vides se trouvaient un peu partout dans la pièce sous de vieux morceaux de vêtements.
Mercredi, je restai à la maison, encore une fois. Dans l'après-midi, je reçu un message de Conley qui me disait qu'il s'inquiétait pour moi. Je lui répondis qu'il n'avait pas à s'en préoccuper, que j'avais simplement besoin de temps pour moi. Et le soir, je reçu un nouveau message, toujours de Conley.

« J'ai des informations sur la liste. Des informations du club d'athlétisme comme tu m'avais demandé. On peut se voir? »

Je lui ai aussitôt répondu, le visage vide, sans émotion. Cette liste n'était qu'une autre décision stupide de Becca. Johnny avait raison lorsqu'il m'avait sorti le truc de «Becca n'en vaut pas la peine parce que c'est une salope.»

« Tu n'as qu'à passer chez moi, demain, vers vingt heures. Mes parents seront absents. On pourra se parler librement. » répondis-je.

Conley me répondit que ça lui allait, et aussitôt je regrettais d'avoir envoyé ce message. Je ne voulais plus entendre parler de cette liste et voilà que je me relançais en plein dans cet éternel mystère.
Jeudi, le lendemain, je me réveillais vers deux heures de l'après-midi. Mes parents partaient pour une conférence que le travail de mon père organisait à Ottawa pour les deux jours qui suivraient. Ma mère hésita beaucoup à me laisser seule, vu mon état. Mais je réussi à la convaincre. Mon père ne passa aucun commentaire et il se contenta de gagner la voiture d'un pas pressant. Je passai l'après-midi à regarder des télés séries américaines qui passaient à la télévision. Vers dix-sept heures, je préparais des pâtes et je les avalai avec difficulté. Je n'avais pas vraiment faim, ces derniers jours. Vu les derniers évènements. Je n'arrivais tout simplement pas à croire que Mary Ann ait été assassiné et que Becca en était responsable. Sans parler du suicide de Dave Thompson. Ce qui m'intriguait dans l'histoire de son suicide était pourquoi je n'avais jamais été au courant de toute cette histoire. J'étais dans cette même école depuis cinq ans. Il était vrai que j'avais été absente durant une grande partie de ma première secondaire à cause du cancer de ma mère qui venait tout juste de commencer ses traitements et qui nécessitait ma présence... Oh, j'avais maintenant une réponse. Voilà pourquoi je n'avais pas été au courant. Tout ceci s'était déroulé durant le mois de mon absence. Je n'avais même pas remarqué l'absence de Dave Thompson. Une pointe de culpabilité pointa à l'horizon.
Vers vingt heures, la sonnette retentit. J'ouvris la porte, m'attendant à voir Conley, mais non, il s'agissait de Thomas Grant. Je déglutis et tentai de refermer la porte, en vain. Grant semblait en colère - le contraire m'aurait étonné. Il me poussa violemment à l'intérieur et referma la porte aussitôt. Comment avait-il eu mon adresse?

« Je crois qu'il est temps que l'on ait une discussion sérieuse, toi et moi. »

Il s'avança vers moi, tandis que je reculai dans la cuisine, là où traînaient de la vaisselle sale et... Et des couteaux. Je ne cru pas une seule seconde que j'arriverais à faire du mal à qui que ce soit de la sorte. Sentir la puissance face à un individu inférieur dans cette situation ne m'enchantait pas vraiment. Mais mon instinct ne pensait pas comme moi. J'agrippai un large couteau qui se trouvait dans l'un des tiroirs, rapidement, et je le pointai dans la direction de Grant. Ce-dernier recula, quelque peu surpris, avant de reprendre son air endurci. Il se moquait de moi, maintenant.

Liste TroubleWhere stories live. Discover now