17.

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On s'installa dans un parc complètement désert. La plupart d'entre nous étaient assis sur la table de pique-nique qu'on avait réussi à dénicher, tandis que les autres étaient debout et nous entouraient, éclairant le beau papier et les crayons de couleurs qu'avait apporté Alicia de leurs lampes de poches. Sans mauvaise surprise, ça me rappelait lorsque Becca et moi avions écrit la première liste - ou du moins celle que je croyais être la première. C'était ainsi que tout avait commencé. Accepter de rédiger cette liste était sans doute ma plus grande erreur. Après ça, toute était partie en vrille. En quelques jours seulement, ma réputation avait changé. Pour le pire. La même semaine, Mary Ann était violemment assassinée. Le lundi matin - la journée où j'avais confié la liste à Becca et celle où elle avait été d'ailleurs volé - Mary Ann était une fille épanouie avec un avenir devant elle. Elle ne se doutait pas qu'elle allait mourir le plus beau jour de la semaine, à sa propre soirée. Trois ou quatre semaines s'étaient écoulés depuis. J'avais l'impression que ce calvaire avait duré une éternité. Et voilà qu'il y avait peut-être une sortie à cette boîte noire. Sans parler du retour de Becca qui pouvait très bien compromettre certains trucs. On n'y réfléchissait pas assez souvent, mais chaque chose à deux façades. La liste avait amené plusieurs côtés négatifs comme elle en avait créé des positifs. Je n'irais pas jusqu'à remercier Dieu d'avoir fait de ma vie un enfer, mais cette liste m'avait permis de me rapprocher de Conley, de réaliser que Becca était une sociopathe et de voir que j'avais de véritables amis sous le nez depuis tout ce temps. Ça m'avait fait comprendre certains trucs, également.
Alicia joua avec le coin d'une feuille de papier, son sweat gris lui couvrant les épaules. Ce fût un gars aux cheveux noir de jais - Emmett je crois - qui parla le premier, rompant le silence et le malaise qui s'était installé.

« Bon, alors on la fait cette liste? Il me fait peur ce parc. »

« Trouillard. » marmonna un autre garçon.

Je portai mon regard sur Alicia, qui roulait les yeux devant ses crétins qui ne cessaient de se fusiller du regard. Les sourcils froncés, elle avait l'air coriace. Forte, pour ainsi dire. Ses cheveux noisettes étaient réunis en une épaisse queue-de-cheval me rappelant aussitôt Becca. Je ne voulais pas penser à elle. Pas ici. J'avais l'impression de trahir ce petit groupe, en leur cachant cette information. Mais, ma confiance étant restreinte, je ne pouvais pas m'abandonner à mon sort et leur dire tout ce que Becca m'avait dit. Et qui sait... Peut-être avait-elle raison en disant que je ne devais faire confiance à personne. J'avais été si idiote de la croire... Cependant, j'avais le sentiment qu'elle avait raison. Pour cette fois. Peut-être que quelqu'un se payait ma tête et finirait par me trahir. Qui? Alicia? Johnny? Emmett ou pire, Conley? Je n'en savais rien, c'était dur à savoir. Tous semblaient vouloir m'aider et faire de ma vie un havre de paix. Seulement, quelqu'un bluffait. Enfin, selon Rebecca Travis. J'avais du mal à avaler tout ça.

« Alors vous vous rappelez tous du plan? » demanda Conley, attendant une réponse avant de reprendre, « On a quatre heures pour écrire cette liste, la mettre sur les réseaux sociaux et faire notre "campagne publicitaire". Il faut commencer une bonne fois pour toute. »

« Conley a raison. Allons-y. » clama Alicia.

Elle prit un crayon à l'encre noir et commença à écrire tous les noms - les mêmes que sur la liste - s'assurant de n'oublier personne. Une rouquine à qui j'avais parlé plusieurs fois, soit Jess, fit entendre le fond de ses pensées, alors qu'Alicia marquait les derniers noms.

« Je trouve ça excitant! » couina-t-elle.

Je ne pus retenir ma langue et je lui répondis donc, un peu trop brutalement.

« Tu vois. C'est comme ça qu'on se sentait Becca et moi le jour où on a écrit la liste. »

Alicia lâcha son feutre et tous les regards se tournèrent vers moi. Conley me lança un regard d'avertissement, me laissant deviner que ce commentaire était complètement débile. Je le savais bien, mais encore une fois, je n'avais pas pu m'en empêcher. Pour une raison quelconque, j'avais senti le besoin de me défendre. De nous défendre. C'était plutôt étrange de le dire, car c'était bel et bien eux les gentils dans cette histoire. Becca et moi étions tout simplement les méchants. Ça me faisait mal au cœur de l'admettre.

Liste TroubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant