💕 CHAPITRE 4 💕

352 91 22
                                    

Méryl pouvait à peine entendre les instructions données par le médecin de la Cour aux deux femmes de chambre de la Princesse. Son esprit sombrait petit à petit s'abandonnant aussi bien à la fatigue qu'à la fièvre fulgurante l'ayant soudainement envahie. Cela ne devait être qu'un coup de froid s'était-elle dit avant de se laisser glisser dans le sommeil, mais la Princesse, aussi étrange que cela puisse paraître, n'avait pas été malade une seule fois ces dix dernières années alors comment expliquer son état ? Peut-être était-ce simplement dû au stress récemment accumulé, mais elle savait, elle sentait, que cela allait au-delà. Tout son corps bouillonnait comme si un feu intarrisable l'avait saisie et aucune potion, ni aucun remède du médecin ne semblait la soulager. On la plongea à deux reprises dans une bassine d'eau glacée afin de maintenir la température de son corps au plus bas, mais là aussi ce fut un échec. La fièvre ne diminuait pas. A dire vrai, son état empirait à chaque tentative.

D'étranges rumeurs se mirent alors à circuler sur le compte de la Princesse, car il serait dit que feu Sa Majesté la Reine aurait succombée au même mal. Une fièvre soudain et foudroyante. La Reine, alors âgée que d'une trentaine d'années, s'en était allée en une semaine. Or cela faisait déjà trois jours que Méryl sombrait petit à petit, trois jours que le Palais était en alerte et trois jours que le Prince, James, impuissant, regardait sa femme agonissant dans son lit. C'était peut-être la première fois en cinq années de vie qu'il mettait d'ailleurs les pieds dans les appartements de la Princesse car jamais il ne s'était réellement approché de cette aile du palais lui appartenant. Il n'y avait été qu'une fois, il y a quelques années, afin de délivrer un message, mais c'est là tout ce qu'il avait fait. Envoyer des messages. Jamais il n'avait eu une attention délicate à son encontre comme jamais il n'avait eu un mot gentil pour elle. Pas même un compliment. Tout ce qui comptait pour James été de préserver les apparences et de donner l'impression d'être alors dans un mariage heureux plutôt qu'un mariage arrangé.

Voyant la Princesse dans un tel état remit certaines de ses convictions en questions. Notamment sa place à ses côtés. Il la voyait s'éteindre chaque jour un peu plus, et ce, sans même avoir prit le temps de lui offrir ce qu'elle désirait le plus au monde, sa liberté. C'était là tout ce qu'elle lui avait demandé et qu'il s'était refusé de lui donner. Il pouvait lui offrir des perles, des diamants et autres bijoux. Il pouvait lui offrir temples, châteaux et palais à travers le royaume tout entier s'il le fallait, mais il ne pouvait se décider à la voir le quitter car Méryl représentait en réalité tout ce qu'il espérait, un jour, avoir. Elle était et demeurait à ce jour un rêve lointain dont il refusait de s'approcher de peur de le perdre à tout jamais, mais la distance qu'il s'était imposé avait eu raison de lui. De ses espoirs. Il s'était donné corps et âme dans la tâche qui lui avait été confié mais cela au prix d'un ultime sacrifice : Son propre bonheur qu'il ne s'est jamais accordé.

L'aube se levait sur le palais, pour le quatrième jour d'affilé et un silence quasi éclésiastique était tombé.

- Il vous faut vous préparer au pire, Votre Altesse.

Ainsi avaient-ils tous décidés de baisser les bras, l'abandonnant au sort qui fut le sienne.

- Sortez, ordonna James d'une voix ferme

- Votre Altesse, je ne peux vous laisser seul...avança le vieux médecin

- Sortez !

Il les ferait exécutés sur la place publique pour avoir osé abandonner. Le prince, plus déterminé que jamais, avait lutté toute sa vie durant contre bien des menaces, des ennemis et des monstres, mais jamais il n'avait essayé de se battre contre un ennemi invisible. Contre une maladie inconnue. Si personne ne souhaitait aider la Princesse, il le ferait. N'avait-il pas promis ? Dans la santé, comme dans la maladie ? N'avait-il pas fait le serment sacré que de la protéger, de la veiller et de l'aimer ?

- Remplissez la bassine à nouveau et je m'occuperais du reste. Préparez également plusieurs serviettes chaudes et un pichet d'eau.

- Oui, Votre Altesse.

Si la mort devait franchir le seuil de cette porte aujourd'hui, elle ne le ferait que s'il lui autorisait l'entrée or il n'y avait pas plus borné qu'un prince amouraché.

La portant à bout de bras, le corps tremblant de la Princesse lui paraissait encore plus fin et léger qu'à l'accoutumé. Ne mangeait-elle dont pas à sa faim ? Que pouvait-il en savoir ? Jamais il ne s'était questionné jusqu'à présent sur sa vie. A dire vrai, jamais il ne s'était intéressé à sa vie. Tout ce qui lui importait été que la Princesse soit en sécurité, en bonne santé et heureuse. Tout cela, il était persuadé de lui avoir offert sur un plateau d'argent lors de leur union. Elle vagabondait ici et là dans le palais, faisait ce qu'elle désirait, portait ce qu'elle voulait, mais jamais ne souriait. Jamais.

Plongeant, le coeur serré, son corps tout entier dans la bassine d'eau gêlée, James se rendit compte que son mariage n'avait rien d'un mariage heureux et que pendant près de cinq ans, il n'avait eu que faire de Méryl et il n'y avait pas pire douloureux constat que celui-là.

Ce n'était pas tant le froid qui le pétrifiait, mais bien sa propre incapacité à réaliser plus tôt ce qu'il se passait.

Elle avait donc raison. Il l'avait bel et bien abandonnée. Rejetée. Méprisée.

Ce n'était pas elle la cruelle de l'histoire, c'était lui. Depuis le début, ça a toujours été lui.

- Si vous m'abandonnez maintenant, je vous jure de vous en vouloir à vie. Vous m'entendez ? Vous ne pouvez me faire cela. Vous ne pouvez tout simplement pas me dire ces choses et vous en allez en me laissant seul. Je suis un homme égoïste, incompétent, rustre et méchant, Méryl et j'ai...J'ai terriblement besoin de vous. Il y a encore tant de choses que vous devez m'apprendre, tant de choses que je souhaiterais vous demander. Ne m'abandonnez pas, Méryl. Ne m'abandonnez pas.

Contrairement aux attentes de tous, médecin comprit, la jeune Princesse réussit à passer la nuit. Certains parlèrent alors de miracle, d'autres savaient, pour en avoir été témoins, que le Prince James était celui lui ayant sauvé la vie.

Princesse Casanova - Tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora