💕 CHAPITRE 11 💕

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En voyant la forteresse se dresser dans le paysage, Méryl comprit qu'il était trop tard pour sauter du carrosse et partir en courant. Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait car elle n'avait que de mauvais souvenirs concernant cet endroit. Béatrice Cataway, la Duchesse du même dit nom, avait été pendant de longues années, sa tutrice et plus encore celle en charge de parfaire son éducation et bien que Méryl se soit détournée de ses préceptes et de son enseignement en pensant fuir cette femme et tout ce qui lui était attachée, son père l'avait mariée au fils unique de cette horrible marâtre comme s'il avait cherché à l'enchaîner. C'était là le goût amer que lui laissait ce mariage. Ainsi, la Duchesse pouvait encore surveiller la jeune femme et s'inviter au palais, même dans les moments les plus inconvenants. De plus, Méryl cherchait encore à comprendre pourquoi James avait tenu à faire ce voyage. Il avait justifié cela par le fait d'urgentes affaires l'attendait, mais si cela n'avait été que sa seule motivation, le Prince aurait très bien pu faire le voyage seul comme il l'avait fait à de nombreuses reprises auparavant. Il y avait donc plus que des affaires familiales qui l'attendait et certainement plus qu'une simple visite de courtoisie sur le terrain de chasse de la Duchesse.

Pendant un court instant, fugace mais plaisant, la jeune femme se voyait alors sauter hors du véhicule, roulant à même le sol et se retrouvant couverte de terre avant de partir en direction de la forêt en courant. Hélas, sa rêverie éclata telle une bulle quand le convoi s'arrêta aux portes même de la forteresse. Quand elle revenue à elle, James était déjà dehors, lui tendant une main afin de l'inviter à le rejoindre et une rangée de domestiques s'était formée devant eux, prêts à les accueillir et à subvenir au moindre de leur besoin. La propriétaire des lieux, elle, semblait être aux abonnés absents. Son absence n'était pas un geste anodin car quand le couple royal se déplaçait, il était de coutumes pour les nobles de les accueillir en personne, mais Béatrice ne prenait pas cette peine car pour elle, James n'était encore qu'un enfant qui méritait d'être couvé et Méryl une petite sauvage qu'elle peinait grandement à dompter.

Un soupir lui échappa alors tandis qu'elle pouvait sentir la main de son mari la traîner presque de force à ses côtés tel un fermier peinant à faire avancer un âne buté. Sans doute voulait-il encore se donner cette allure parfaite, mais ils ne bernaient personne ici car en plus des domestiques du palais, ceux travaillant pour la famille Catawey étaient bien au fait qu'il n'y avait aucun amour ni aucune affection entre la Princesse et le Prince.

- Avez-vous fait bonne route, Votre Altesse ? s'inquiéta Henry, le majordome du domaine

- Henry ! Quel plaisir de te revoir. Oui, nous n'avons rencontrés aucune difficulté et le voyage fut agréable.

- Nous allons décharger vos affaires et les disposer dans votre chambre comme habituellement.

- Bien sûr, je compte sur toi.

En ces lieux, Méryl n'existait pas. Elle était certes la Princesse et la seconde personne la plus proche du trône, mais ici, le trône lui-même était plus un symbole qu'un réel signe de pouvoir. Le personnel prit à peine le temps de la saluer comme la convenance le voudrait et James était redevenu cette image grotesque de lui-même. Un reflet parfait de ce que les gens espéraient qu'il soit. Un prince.

- Où puis-je trouver mère ?

- Madame la Duchesse vous attends dans le salon.

Evidemment. Madame attends. Méryl leva les yeux au ciel et se laissa entraîner jusque dans l'intérieur de la demeure avant d'arracher sa main à celle de James, l'obligeant alors à marquer un arrêt.

- Cela suffit ! N'avez-vous donc aucune fierté en tant que Prince ?

- Méryl, je vous en prie, ne commencez pas.

Princesse Casanova - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant