Princesse Casanova - Tome 1

💕 CHAPITRE 32 💕

Il n'y avait rien au monde de plus difficile et de plus compliqué que les relations humaines et bien que Méryl se fiait continuellement à son expérience tournant autour des romans d'amour, des récits de la vie de ses clients ainsi qu'à ce qu'elle pouvait entendre dans les couloirs grâce aux domestiques, il fallait bien admettre qu'elle se retrouvait une nouvelle fois désarçonnée pour élucider son propre cas. Elle ne put s'empêcher de repenser à tout ce qu'Elian avait pu lui dire et bien qu'elle refusait obstinément de lui donner raison sur certains points, elle savait, mieux que quiconque d'ailleurs, que sa relation avec James était loin d'être celle dont elle rêvait. A dire vrai, pouvait-on même parle de «relation» au vue de ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée ? Ils s'étaient battus comme deux enfants se disputant un jouet, or il n'y avait aucun jouet pour le vainqueur. D'ailleurs, y avait-il eu un vainqueur tout court ? Encore une fois, elle ne semblait pas apprendre de ses propres erreurs et ne faisait que répéter inlassablement le même schéma. Elian avait raison, n'était-elle pas la Princesse de ce royaume ? Ne pouvait-elle pas agir à sa guise sans forcément et constamment foncer tête baissée ? Son époux pouvait bien prendre une maîtresse si cela lui chantait, son père l'avait fait à peine était-elle née ! Pourquoi diable cela lui poserait-il le moindre problème ? Elle ne l'aimait même pas ! Alors pourquoi cela la contrariait autant ? Oh, elle savait pourquoi.

Parce que James avait offert à Lola la seule et unique chose que Méryl espérait avoir de lui : son affection. Il disait ne pas l'avoir touchée durant leur nuit de noces afin de la préserver, mais en réalité, il se préservait lui-même parce que James était devenu très fort pour se cacher derrière des prétextes. Des excuses.

Pestant dans son coin en continuant de marcher vers la salle des fêtes du palais, Méryl s'arrêta au beau milieu du couloir en se demandant si la nouvelle l'aurait moins vexée si James avait passé sa nuit avec une autre. Cela lui aurait-il fait le même effet ? Etait-ce d'autant plus vexant pour elle que d'avoir eu sous le nez pendant ces cinq dernières années la maîtresse, «l'erreur» comme il l'appelait, de son mari ? Oui.

Naïvement, elle pensait que les choses pourraient changer de nouveau. Qu'ils pourraient bâtir une relation, si tenté que l'on pouvait appeler cela comme ça, sur de nouvelles bases saines. Moins de secrets, plus de discussions, d'échanges, c'était là tout ce qu'il lui avait demandé, mais aussi tout ce qu'il lui avait promit. Mais ne l'avait-il pas fait pour lui ?

Où était passée la Princesse déterminée à obtenir son divorce ? Où était passé la jeune femme ne rêvant que d'une seule chose : passer sans une once de regret, les portes du palais ?

Une nouvelle fois, Elian avait raison. Pourquoi s'obstinait-elle sur cette voie ?

Soudain, il lui prit l'irrépressible envie de faire demi-tour et de fuir. Pas seulement la soirée à venir, mais tout. Elle pourrait disparaître là, au milieu de la nuit, sans que personne ne s'en rende compte ou bien trop tard. Elle pourrait partir à l'autre bout du continent, prendre la mer ou bien vivre au beau milieu de la forêt ! Le monde que Méryl désirait découvrir ne se trouvait en rien dans la salle des fêtes, mais derrière elle, de l'autre côté des remparts.

Elle n'aurait jamais dû laisser l'occasion à Elian d'entrer dans sa tête et de lui siffler toutes ces idées, toutes ces folies tentatrices car à présent comment allait-elle faire pour y résister ?

Une main vint se poser délicatement sur son épaule, mais cela la prit par surprise et lui arracha un sursaut tandis que toutes ses pensées éclatèrent telles des bulles de savon.

- Je suis désolé, je ne voulais pas vous effrayer.

James.

Forcément.