Terre natale - Partie I

1.1K 156 10
                                    

"Je n'ai jamais voulu connaître ma ville natale. Heureux qui n'a pas de lieu de naissance : il peut naître où il veut. Et aussi quand cela lui chante."

Alain Bosquet


            Cela faisait déjà une heure que nous chevauchions les interminables vallées et prairies verdoyantes de la Nation d'Argent.

Seth et moi étions les seuls à pouvoir monter seuls. Ilyana, Sam et Anna chevauchaient chacun avec un soldat argent, la moitié de ces derniers étant restés près de l'avion pour l'inspecter et gérer le transport de la marchandise jusqu'à la capitale. Je pouvais dire adieu à mon arsenal militaire, même si l'idée de Galaad de devenir maître d'En Bas n'avait jamais effleuré mon esprit.

Hélios dormait contre ma poitrine, bien emmailloté dans un riche tissu attaché autour de ma poitrine. Personne n'avait prononcé le moindre mot depuis notre départ, j'avais bien essayé de parler à Varok, mais devant les autres, il restait muet.

Je l'observais depuis un quart d'heure déjà, en tête de file, il chevauchait seul.

J'échangeai un bref coup d'œil avec Seth, qui hocha lentement la tête, comprenant ma question muette.

Sans plus attendre, je fis trotter mon cheval pour arriver à sa hauteur.

Je brulais de savoir, tout simplement. Et je sentais que cet homme savait.

-Princesse, fit-il sans me regarder.

-Monseigneur Domitrius, répondis-je sur le même ton.

Il eut un sourire ironique.

-Varok suffira.

-Era suffira aussi, dans ce cas.

Il se tourna franchement vers moi.

-C'est votre titre, votre droit.

Je secouai la tête.

-Un titre dont je ne sais rien. Je ne connais pas le royaume qui lui est affilié ni son roi ni même ses habitants. Sans parler de ses us et coutumes...

-Je comprends.

J'en doutais, mais je n'ajoutais rien. Varok semblait sincère, je pouvais au moins lui laisser ça.

-Puis-je vous poser une question ?

Il rit.

-Cela fait une bonne heure que vous brulez de m'interroger, je me trompe ?

Je souris.

-Je ne peux le nier.

-Allez-y, Princesse Era.

-Pourquoi n'avez-vous pas reconnu tout de suite la princesse Era de la Tour en ma personne ? Et pourquoi diable ne saviez-vous pas qu'Era Eléazar s'était échappée ? Toutes les autres Nations sont pourtant à mes trousses...

-Tout simplement parce que je ne savais pas à quoi ressemblait la célèbre Era Eléazar. Comme tous mes compatriotes, d'ailleurs. Nous n'avons pas de lieu comme Narda, où nous sont retransmises certaines informations que la Tour d'Ivoire voudrait bien nous donner. Pendant des années, tu le sais peut-être, la Nation d'Argent a marchandé avec la Tour. Nous n'avions pas besoin de savoir à quoi les dignitaires ressemblaient, puisque très souvent des délégations ivoiriennes venaient en Nation d'Argent pour négocier et entretenir des liens diplomatiques et économiques entre nos deux peuples. À présent, seuls nos espions envoyés dans les Nations nous permettent de connaitre les noms des dignitaires ivoiriens. Votre réputation vous précède, Princesse.

La Tour d'Ivoire - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant