Terre natale - Partie II

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            « Mon âme à la tienne est entrelacée, aussi sûrement que nous sommes nés hier, que nous pleurons et rions aujourd'hui et que nous mourrons demain. »

MM


Après plus de deux quatre heures de chevauchée au milieu de vastes étendues de plaines et de chaines de montagnes, nous arrivâmes enfin en vue de la capitale et du Palais de Diamant.

-Voici Vesta, m'informa Varok, capitale de la Nation d'Argent.

L'endroit où nous étions postés offrait une vue imprenable sur la ville en contrebas. Vesta était nichée au cœur de la montagne, cette dernière, immense, formait en son sommet des pics acérés recouvert d'une neige qui semblait éternelle. La montagne semblait enserrer la capitale dans une étreinte passionnée. Protégée par les bras solides de la roche, la cité était certainement imprenable.

Et à l'arrière, bien collée contre la roche...

-Le Palais d'Argent a été construit à même la roche, continua d'expliquer Varok. C'est le plus grand Palais des sept Nations. Il recouvre tout l'intérieur de la montagne.

Moins chargé en gemmes que les autres Nations – le gris éclatant de la montagne et sa neige en son sommet suffisaient entièrement – le Palais miroitait tout de même. Ses trois tours recouvertes d'argent atteignaient le haut de la montagne et brillaient à des lieux d'ici.

-Par les Créateurs, souffla Ilyana. Jamais je n'aurais cru voir ça un jour.

La jeune femme regardait autant le palais et la ville que la vue splendide sur les montagnes immenses qu'offrait ce spectacle. Comme moi il y a quelques mois de cela, elle semblait vouloir engloutir tout ce qu'elle voyait. Sam, lui, souriait, dardant son regard féroce sur la ville.

Anna, elle, me regardait, moi. Elle me regardait comme si elle peinait à croire qu'elle était là, comme si ... comme si elle était lasse.

Plus tard, je lui parlerai. Plus tard.

Je regardai cette ville de loin, ce palais. Le royaume de ma famille, le Palais de mon père. Ma mère était venue ici. Mon père était né, avait grandi, régné et était mort ici. Tout comme mes grands-parents, arrières grands parents. Tous avaient contemplé cet endroit, avaient foulé ce sol, avaient dirigé cet endroit.

Ici vivaient mes frères. Mon propre frère jumeau. Je n'étais peut-être pas née ici, mais toute mon existence était liée à ce lieu. J'aurais aimé ressentir quelque chose, une étincelle, une certitude, un manque. Mais rien. C'était une ville magnifique, certes, mais comme Aviam, comme Amidror. Comme toutes les capitales d'En Bas. J'aurais aimé ressentir ce sentiment de paix qui nous envahissait lorsqu'on pouvait enfin se dire : ici est ma place.

Mais je n'avais ma place nulle part. Mes frères avaient grandi ici, ils appartenaient pleinement à ce monde, à ce royaume, à ce peuple. Je n'appartenais pas plus à la Nation d'Agent qu'à celle d'Émeraude ou à celle de Saphir.

J'étais une fille d'Ivoire, que je le veuille ou non. Même si je ne pouvais et ne voulais y retourner, ma maison était là-bas, aussi infernale et infâme soit elle.

Cette prise de conscience terrible me frappa de plein fouet.

Je fermai les yeux, puis je sentis une main se poser sur la mienne.

Je rouvris les yeux et croisai le regard intense de Seth.

Il savait.

Il comprenait.

La Tour d'Ivoire - Tome 4Where stories live. Discover now