La Tour d'Ivoire - Tome 4

La flamme blanche - Partie II

"Et ce fut comme si le monde se souvenait d'un coup des légendes et mythes oubliés ; des enfants qui se perdent dans les bois sans jamais revenir, des jeunes filles à la tête d'armées, des garçons sur des trônes de glace, et des sorciers aux pouvoirs extraordinaires. tout le monde se souvint, et c'est comme ça que la vraie histoire débuta. "

MM

Cela faisait une bonne dizaine de minutes qu'ils déambulaient dans le Marché. Leur capuche dissimulant bien les traits de leur visage, ils avançaient d'un pas à la fois lent et déterminé.

            Ils n'avaient pas échangé le moindre mot depuis qu'Elina avait accepté sa présence à ses côtés. Elle n'arrivait pas à s'enlever l'idée que collaborer avec Lorenzo était la pire idée qu'elle n'ait jamais eue, mais sa mission s'enlisait, elle savait pertinemment que le jeune homme avait plus de contacts qu'elle. Et, elle devait bien l'admettre, il semblait en savoir bien plus sur elle sur la femme qui avait assassiné sa tante, la reine Émeraude.

            Elle jeta un rapide coup d'œil vers la silhouette élancée du voleur. Sa tunique noire, serrée à la taille, mettait sa fine musculature en valeur que la cape bleu nuit venait souplement dissimuler.

            Il capta son regard et leva un sourcil interrogateur.

            Elle posa alors la question qui lui brulait les lèvres :

            -Pourquoi dissimulez-vous votre visage ? Ces gens pourraient-ils vraiment vous connaitre et même vous reconnaitre ?

            L'ombre d'un sourire joua sur ses lèvres.

            -Oh, mon nom est connu de tous ces gens. Je vous l'assure. Mais mon visage, non. Je laisse ce privilège aux princes et princesses.

            Il lui lança un regard espiègle.

            -Alors, pourquoi cacher votre visage ? insista-t-elle. Cela n'a pas de sens...

            Elle en revanche, savait que tout le monde la reconnaitrait.

            Lorenzo poussa un long soupir théâtral.

            -Ces gens risqueraient d'être perturbés par ma beauté, pour rien au monde je ne souhaiterai blesser leur amour propre.

            Elina n'en croyait pas ses oreilles. Il disait tout ça avec le plus grand sérieux.

            -Au temps pour moi, j'avais oublié à quel point vous êtes insupportable...

            -Et d'une humilité rare, crut-il bon d'ajouter avec son air jovial.

            -Je me demande vraiment comment vous arrivez à attirer autant d'hommes et de femmes...

            Comment Gabriel avait-il pu tomber sous le charme de cet idiot !

            -Vous comprendrez lorsque vous aurez atteint l'âge adulte, petite princesse, en attendant... (Il tendit un doigt devant lui.) Nous sommes arrivés chez notre hôte.

            Elina préféra ne pas répondre et se retourna.

            L'étal de la femme n'était ni plus grand ni plus petit que les autres, les tentures n'étaient pas non plus plus attirantes. En revanche, les créations qu'elle proposait étaient magnifiques. Des armures, des tuniques, des robes, on y trouvait de tout. Les œuvres de la femme étaient non seulement belles, mais également faites pour le combat. Y compris les robes aux tissus riches et complexes.