Chapitre 5

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J'entends deux voix. Deux hommes qui parlent dans une langue qui m'est étrangère. A moins que mon cerveau ne soit encore trop embrumé pour comprendre quoi que ce soit. Mes paupières semblent être collées à la Superglue et je dois faire un effort surhumain pour les ouvrir. La panique s'empare de moi : je ne connais pas la chambre dans laquelle je me trouve. Je tente de m'assoir mais mon corps me paraît tellement lourd que je parviens à peine à bouger les bras. Les voix derrière la porte me parviennent plus distinctement et je suis à présent certaine que ces hommes ne se parlent pas en français. Je n'ai cependant pas besoin de parler leur langue pour comprendre qu'ils parlent de moi et que leurs points de vue sont diamétralement opposés. Je me désintéresse des voix et détaille la pièce dans laquelle je me trouve. Je suis couchée dans un lit à baldaquin aux couvertures rouge et or, douces comme de la soie. Sur ma gauche il y a la porte à double battants d'où proviennent les voix et à droite, deux fenêtres que je devine immenses à cause des lourds rideaux bordeaux qui m'empêchent de voir à l'extérieur. Une bougie parfumée à la vanille se consume lentement sur une imposante commode en bois qui occupe l'espace entre les rideaux. Devant moi, le mur est vide. Les conversations se sont tues depuis un petit moment et des bruits de pas résonnent en direction de ma chambre. Je ferme les yeux au moment où la porte s'ouvre. Je sens le matelas bouger et je devine que quelqu'un s'est assis sur le lit.

- Ne fais pas semblant de dormir, murmure Gabriel, je sais que tu es réveillée.

J'ouvre paresseusement les yeux et tente à nouveau de bouger sans résultats.

- Où suis-je ?

J'ai la voix pâteuse et un mal de crâne carabiné.

- Tu es chez moi, dans une villa en banlieue de Paris.

WHAT ? Pause ! Qu'est-ce que je fiche en banlieue de Paris, chez un mafieux qui plus est, alors que j'habite dans le onzième arrondissement de la capitale ? Gabriel doit lire mon affolement dans mes yeux car, même si j'ai du mal à parler, il me donne la réponse que j'attendais :

- Je n'étais pas le seul à te surveiller. Les flics y ont mis de leur grain de sel et ils ont vite compris qu'on était restés en contact. Te ramener chez toi aurait été trop dangereux.

- Dangereux pour qui ?

- Pour toi.

Je grimace, pas très convaincue.

- Tu as eu des ennuis ?

Il me sourit, bienveillant.

- Ça dépend de ce que tu appelles « ennuis ».

- J'ai entendu une conversation, dis-je en fermant les yeux, je n'ai pas compris un mot mais ce n'était pas une conversation amicale.

Gabriel étouffe un rire. Je rouvre les yeux et tourne la tête vers lui, quémandant une réponse.

- Je discutais avec Kyle. Il ne fait pas facilement confiance et il n'a pas apprécié d'apprendre qu'il était libre grâce à toi.

- Mmm... ça ne me plaît pas trop de bosser pour toi.

- Ce n'est pas définitif, disons que je te prends à l'essai.

- Je suis sérieuse Gabriel, je ne veux pas devenir une criminelle, soit dit sans vouloir te vexer.

Son sourire est embarrassé, il écarte une mèche rebelle de mes yeux et plonge son regard dans le mien.

- L'ennui Mia, c'est que maintenant que tu y as touché, je ne peux pas te laisser partir.

- Comme la fille que vous poursuiviez la nuit on s'est rencontré ?

- Oui, désolé Mia.

Une larme coule sur ma joue. Je ne peux toujours pas bouger mais je m'en fiche. Gabriel caresse mes cheveux et me regarde, désolé. Je commence à me dire que je pourrais essayer de m'enfuir mais je me rappelle de la fille que Gabriel cherchait l'autre nuit. Elle était face à un commando.

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