Chapitre 20

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- « Mesdames et messieurs, bienvenue à Paris... »

Je ne tiens plus en place : je vais revoir mes parents ! après être passée devant le parrain... gloups. Bon ce n'est pas la première fois que je le vois mais j'ai quand même fait une sacré bourde en filant avec l'argent au Venezuela. Gabriel n'a pas l'air tendu, au contraire. Je pense que la rencontre avec Semaforo va être moins effrayante que prévu. J'espère.

+++

- Dommage qu'Angelo ne soit pas venu.

- Pourquoi ?

Je me penche vers Gabriel en lui désignant le chauffeur :

- Parce qu'Angelo conduit mieux que lui.

Nous partons dans un fou-rire incontrôlable. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ri comme ça. Je suis contente de revenir au manoir : peut-être reverrais-je Enzia, Max et X-ray ! Le chauffeur stationne devant les grandes portes du domaine et part dès que nous sommes sortis de la voiture. Je me retourne, perplexe :

- Et pour les valises, on fait comment ?

- Il va les décharger.

Un majordome apparaît et nous fait signe de le suivre. Quand Gabriel lui demande des nouvelles de son père, le majordome en perd son latin et essaye de ne pas lui répondre.

- Bon ça va, s'énerve Gabriel, si son état s'est aggravé dites-le franchement.

- Monsieur votre père est très affaibli, nous confie le majordome, et votre frère en profite pour faire sa loi.

- Quel imbécile, marmonne Gabriel, ce crétin de première va relancer la guerre des gangs.

- Pardon ? J'ai bien entendu ?

- Oui Mia.

Nous entrons dans le bureau du parrain. Je suis sidérée de voir à quel point cet homme a changé. Il n'a presque plus de cheveux et son visage s'est ridé. Ses yeux sont presque blancs, si bien que je me demande s'il n'est pas devenu aveugle. La seconde chose que je remarque, c'est qu'en dehors de l'infirmière, le parrain n'est pas seul. Une dizaine de personnes sont présentes.

- Approche Mia.

Tiens, il me tutoie maintenant. J'obéis à son ordre et m'arrête derrière les deux chaises qui lui font face.

- Plus près.

Il a à peine murmuré. Le parrain me tend la main, je contourne son bureau et la prend sans trop savoir ce que je fais.

- Pourquoi tu es partie ?

Nous y voilà.

- J'ai eu peur.

- De quoi ?

Il a la voix rauque. Je n'ai pas envie de le faire souffrir alors je décide de tout dire d'un coup :

- J'ai vu Gabriel avec du sang sur les mains et quand je lui ai posé la question il m'a dit qu'il avait tué un rival.

- Gabriel.

Il me rejoint auprès de son père et prends son autre main. Les yeux du parrain le fixent avec une telle intensité que je suis à présent sûre que le cancer ne l'a pas rendu aveugle.

- Gabriel, un homme doit protéger sa femme. Mia... elle n'aurait jamais dû comprendre par elle-même ce que tu avais fait.

Il prend une inspiration sifflante avant de continuer :

- C'est la pire manière de révéler un secret.

Je ne sais pas trop où ça nous mène mais Gabriel, lui, semble le savoir. Il me lance un bref regard d'excuses. Pas pour le Venezuela, mais pour ce qui se passe, maintenant. Je lui souris, complice et ça le rassure.

- Mia, continue le parrain, j'ai besoin de toi pour une mission.

Je tends l'oreille, attentive.

- Tu as le droit de refuser mais ça me rassurerait que tu acceptes.

Ouah, minute : j'ai le choix ?

- Je veux que ce soit toi parce que tu connais bien mon fils.

Sa respiration est sifflante. L'infirmière n'a pourtant pas l'air de s'affoler alors j'essaie de ne pas y faire attention.

- Je veux que ce soit toi parce que je te connais.

Gabriel me regarde en souriant. Le parrain joint nos mains et les enferme dans les siennes. Je comprends tout de suite ce qu'il attend de moi. Je ne tarde pas à répondre. Mais ma réponse, je l'offre à Gabriel :

- Oui.

Le parrain semble soulagé et les personnes présentes se mettent à applaudir. Gabriel m'embrasse et me murmure :

- Bienvenue dans la familleMia Malatesta.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now