Chapitre 41

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Je me réveille en sursaut quand les lumières de l'avion se rallument brusquement. J'ai eu un sommeil très agité cette nuit et le fait d'être dans cet oiseau de métal ne m'a pas aidé à bien dormir. Quentin s'étire en baillant et range sa couverture dans son sac. Je me mords la joue, stressée. Les fameux « et si ? », qui ont le chic pour vous pourrir le moral, me tournent dans la tête et me font imaginer les pires scénarios catastrophes possibles ! Je quitte mon siège en soupirant, néanmoins heureuse de pouvoir enfin me lever, récupère mon sac à dos et suis mes gardes du corps hors de l'avion. Une fois nos valises récupérées, nous ne perdons pas une seule de nos précieuses minutes et filons à la gare. Le train s'ébranle et les secousses passagères me ramènent à la réalité. J'inspire profondément et me concentre sur mon objectif : libérer Gabriel.

Et aussi me venger du clan qui nous a fait ce sale coup mais j'attendrais d'avoir retrouvé mon mari pour mettre un plan au point.

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Milan. Enfin nous voilà arrivés. Nous logons dans un hôtel situé a quelques minutes de route de la prison de haute sécurité ou est détenu Gabriel. Les hommes de Mattias nous ont rejoints il y a quelques heures, prêts à passer à l'action. De mon côté, je n'arrive pas à me détendre. Impossible pour moi de passer une seconde sans penser à ma famille. Mattias et moi avions décidé de maintenir le silence radio pour protéger Tiago et Liam dans le cas plus que probable où la mission échouerait. Cette décision m'a déchiré le cœur mais c'est plus sage : sécurité avant tout.

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Il fait nuit noire. Je suis habillée en mode « élite », c'est-à-dire tout en noir avec mes poignards et mes cheveux tressés. Je fixe mon réveil, allongée sur mon lit en comptant les secondes pour voir si je suis calée avec lui. ...58, 59, 60. Bingo ! Comme je n'arrive pas à dormir, je n'ai que ça à faire. De toute façon c'est trop tard maintenant : on part dans dix minutes. J'attache un foulard à mon cou et dévale silencieusement les escaliers de l'hôtel. Guilian me rejoint une seconde plus tard, puis Quentin et enfin Dex. Le commando de Mattias nous attend déjà en bas, répartis dans vingt-deux berlines noires. Pour éviter d'éveiller les soupçons, chaque voiture empruntera un itinéraire différent. Je me tords les doigts nerveusement.

- Pitié, murmurais-je pour moi-même, faites que tout se passe bien.

Nous rejoignons le commando au lieu de rendez-vous et coupons les moteurs. Et c'est là que je la vois. Je vois ses murs de béton, ses barbelés et ses grilles de fer. Je vois son portail immense et ses miradors. La prison San Vittore, où de nombreux chefs mafieux, tels que Salvator Riina, ont passé le restant de leurs jours. je ne peux empêcher une larme de rouler sur ma joue mais l'essuie rapidement : ce n'est pas le moment de faire du sentimentalisme. Je sors de la voiture, bien décidée à en faire baver à quiconque se dresserait sur ma route.

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- C'est bon, allez-y.

Je passe devant Quentin, à la suite de Dex et me faufile dans la prison. A cette heure, les gardiens somnolent sur leurs chaises ce qui nous donne un avantage. Sans un bruit, Carlos, un des hommes envoyés par Mattias pour nous soutenir, s'approche du gardien et lui pique son trousseau de clés et sa carte. Le gardien pousse un léger ronflement mais ne bouge pas. Carlos nous fait signe que tout va bien et nous nous guidons dans le bâtiment grâce aux informations que j'ai trouvées avec Mattias. En parlant d'infos, si ces dernières sont toujours exactes, Gabriel devrait de trouver dans la cellule 104. Carlos me tend les clés du gardien. Je les prends en tremblant et déverrouille la porte.

Gabriel

Quand on est en prison, il faut s'attendre à voir des gardiens débarquer dans sa cellule à toute heure de la journée et de la nuit. Je soupire en abandonnant mon lit : je connais les procédures par cœur maintenant. Je me doutais que j'aurais doit à une visite vu les proportions qu'a prise la bagarre que j'ai « malencontreusement » déclenché à midi mais je ne pensait pas qu'il viendraient en plein milieu de la nuit. Quand la porte s'ouvre, je crois rêver. Elle est là, je la reconnaitrais entre mille même si elle cachait complètement son visage. Je lui souris et pose un doigt sur mes lèvres pour lui faire signe de se taire. Elle hoche la tête et se précipite sans bruit dans mes bras.

Mia

Je regarde Gabriel libérer un de nos hommes qui avait été enchaîné en me demandant comment j'ai pu survivre en étant aussi loin de lui pendant ces deux années. En tout, plus de deux cent personnes ont été libérées cette nuit. Il ne reste plus qu'une chose à faire. Je sors mon téléphone à carte prépayé et envoie un message aux hommes qui attendent à l'autre bout de la prison. Nous nous faufilons hors de ces murs étouffants en déconnectant pour la deuxième fois les systèmes de sécurité et les alarmes. En parlant de ça, il ne nous reste que peu de temps avant que le leurre à l'autre bout de l'établissement ne se mette en route. C'en est presque trop facile et j'avoue ne pas aimer ça du tout. Soudain, alors que l'alarme incendie se déclenche, conformément à notre plan, un évènement imprévu nous oblige à nous jeter au sol pour éviter les tirs. En un instant, la légendaire prison San Vittore reprend vie. Les gardiens courent vers nous de tout cotés. Je lance un regard à Gabriel qui hoche la tête. Il me prend par la main et nous nous mettons à courir de toutes nos forces pour échapper aux gendarmes qui nous poursuivent. Je sais que certains se feront reprendre mais tant pis pour eux : ils n'avaient qu'à courir plus vite. A partir de maintenant, pour nos hommes, c'est chacun pour soi et tous pour Gabi et moi. Comme nous sommes les plus hauts placés dans la hiérarchie, nous sommes ceux qu'il faut protéger en priorité. Je sais, c'est mal de laisser ces gens combattre pour moi pendant que je fuis mais je n'ai pas le choix. Gabriel me tient fermement, comme s'il savait où se trouvaient les voitures. Suivis de près par Dex, Quentin, Guilian et quelques dizaines d'autres qui ne se sont pas faits reprendre, nous nous jetons dans les véhicules tandis que les conducteurs démarrent en trombe.

- A l'aéroport, lance Gabriel au conducteur, et le plus vite possible. Guilian, transmet les ordres.

Là je le reconnais. Je vois les gyrophares des voitures de police couvrir la ville de rouge et de bleu. Je me blottis contre Gabriel et ferme les yeux très fort. Il me serre contre lui et m'embrasse dans le cou.

Ezio, policier

J'entre dans l'aéroport accompagné de mes collègues. Jamais, au grand jamais, je ne m'étais imaginé que ces mafieux seraient assez fous pour venir libérer leur chef. Et pourtant ils l'ont fait. Le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont réussi ! D'accord, on a pu récupérer un bon nombre d'entre eux mais pour faire tomber la mafia, il faut couper la tête. Et celui qui est à la tête de cette organisation criminelle, c'est Gabriel Malatesta.

- On ne pourras pas les retrouver ici, me lance un de mes collègues, ils sont peut-être même déjà partis.

- C'est ce qu'on va voir, dis-je, bloquez toutes les issues et annulez tous les vols. Personne ne sort de cet aéroport compris ?

Mia

A travers le hublot, j'aperçoit les flics entrain de bloquer les issues de l'aéroport. Je souris de toutes mes dents et me retient de rire : notre avion est déjà sur la piste et entame son décollage. Au loin, je vois un policier faire de grands gestes inutiles dans le vain espoir d'arrêter notre avion. Même s'il ne me verra pas, je ne peux m'empêcher de lui faire un signe de la main moqueur. Cette fois, je ris pour de bon en voyant Gabriel qui m'imite.

- Ciao stupido, lance-t-il.

Je ne reviendrais probablement jamais en Italie mais qu'importe. Tant que je suis avec ma famille, je serais heureuse. Et c'est d'ailleurs ce que nous nous apprêtons à faire, Gabriel et moi. Notre avion dépasse les nuages cotonneux et file à toute allure en direction du Viêtnam.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now