Chapitre 11

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Angelo pianote sur le comptoir en sirotant sa bière. Le pauvre vient de se prendre le râteau de l'année et ignore ses collèges qui se moquent de lui sans modération. Le parrain est présent tous les mercredis et vendredis soir depuis l'ouverture du Coco Club. En général, il vient avec ses fils mais cette fois, Mattias manque à l'appel. Il a dû se faire remonter les bretelles par son père parce que j'ai reçu un texto d'un numéro inconnu dans lequel on me menaçait de m'arracher la langue. Je n'ai eu aucun mal à deviner l'expéditeur mais j'ai préféré supprimer le message et passer sous silence ce détail. Non pas que j'aie peur de Mattias, enfin, si mais Gabriel et Salvador sont dans le coin donc je n'ai rien à craindre, mais je ne veux pas embêter Gabi avec un Mattias à la langue bien pendue et je ne tiens pas à ce que ce dernier se refasse gronder car, d'après ce que Gabriel m'a laissé entendre, la punition pour m'avoir battue a été plus lourde que ce que j'ai subi moi. J'essuie distraitement un verre à vin en imaginant les paysages que m'a décrit Gabriel quelques heures plus tôt. Je ne sais pas si c'est lui ou mon envie de voyager, mais il m'a faite rêver. Et pas qu'un peu, parce que ça fait cinq minutes que j'essuie le même verre et que, perdue dans mes pensées, je ne remarque pas le parrain se lever et venir dans ma direction. Angelo, assis devant moi, le remarque et file dare-dare à une autre table en oubliant son verre sur le bar. Sortant de ma rêverie, je fais signe à une serveuse de lui apporter son verre et sert un cocktail au parrain qui vient de s'assoir à la place d'Angelo.

- Vous êtes ravissante ce soir ma chère Mia.

- Je vous remercie Monsieur.

- Je vous en prie. Dites-moi, vous êtes-vous bien remise de votre mésaventure avec mon fils ?

- J'ai encore un peu de mal à respirer profondément mais le médecin m'a dit que dans quelques jours, je ne sentirais plus rien.

- C'est parfait alors.

Il savoure son cocktail et m'observe d'un œil appuyé. Je continue mon travail, un peu tendue et cherche discrètement Gabriel du regard. Je le repère sur ma droite, en train de consoler un Angelo larmoyant. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais ce n'est pas son jour.

- Dites-moi Mia, aimeriez-vous voyager ?

Je comprends immédiatement ou il veut en venir.

- On dirait que Gabriel a vendu la mèche, dis-je en riant, je suppose que cette question est de pure forme ?

- Vous êtes très perspicace Mademoiselle Mia. En effet, la question est de pure forme : j'ai un travail pour vous. Un travail qui ne peut être fait que par un homme et une femme. Ni plus, ni moins. Faites vos bagages ce soir, je vous expliquerais tout en temps voulu.

Il se lève tranquillement et fait signe à son fils qu'il est temps de partir. Gabriel me fait un clin d'œil et aide Angelo à sortir du bar.

- Je crois que le beau brun va avoir une sacrée gueule de bois demain matin, me souffle une serveuse.

Et elle n'a pas tort, j'espère pour Angelo qu'il a un stock d'aspirine chez lui parce qu'il tient à peine sur ses jambes.

+++

Je n'arrête pas de me remémorer les paroles du parrain. Je verrouille les portes du club et éteint les lumières. Je monte lentement les marches qui mènent à mon appartement. Une fois en haut, j'attrape une grande valise et commence à rassembler des affaires d'été. J'ai bien fait de demander à Gabriel de me parler de son pays natal parce sans ça, je n'aurais pas su quoi emporter. Alors que je tente de fermer ma valise, je reçois un SMS sur mon portable. J'abandonne temporairement ma lutte contre le bagage pour lire le message : « Si tu as fait ta valise, rejoint moi devant l'entrée du Coco Club ». C'est Gabriel qui m'a envoyé ce texto. J'attrape mon sac à main et y jette mon téléphone, ma carte bleue et mes papiers, puis j'entame le deuxième round avec ma valise trop pleine. Au bout de trois tentatives, je perds patience et m'assoie sur la valise capricieuse. Ding-ding ! K-O. Mia-1, la valise-0. J'enfile un trench rouge, attrape mon sac et ma valise et dévale les escaliers en direction de la porte de service. Une fois dans la rue, je n'ai aucun mal à repérer la berline noire qui m'attend, feux éteins, devant les portes battantes du Coco Club. Dès que le chauffeur me voit, il sort de la voiture et embarque ma valise dans le coffre pendant que je rejoins Gabriel à l'arrière de la voiture.

Stone Heart MafiaWhere stories live. Discover now