Le Train passera deux Fois (3/3)

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Ce prospectus intriguant, à la graphie cocasse et aux odeurs féroces, promettait une initiation au pays des loups-garous, une soirée bien virile et décalée et, comble de joie, le meilleur pour la faim : c'était par chez moi que cela se passait, en Moselle !

Un signe du destin ? Une blague cosmique à savourer entre potes ? Une petite fabrique de souvenirs pour les longues soirées d'hiver ? Aucune idée ! Un seul désir cependant : celui d'en être, et plutôt deux fois qu'une !

Il y avait là de quoi conjurer ma vie aussi déserte que le Sahara, vivre à nouveau des aventures éthyliques, trouver de nouveaux potes dans une oasis, bref, dévorer la vie à pleines dents ! Excitation, adrénaline : une ouverture à tous les possibles. Pour un peu, j'avais presque envie d'avaler l'intégrale de Proust !

Et puis, les loups-garous, c'est une grande passion, ou plutôt une fascination. Hélas, personne n'en parle jamais, il n'y a que deux trois films sur ce sujet. La plupart sont moisis, brodés sur le même moule. Toujours les mêmes rengaines, les mêmes clichés, les mêmes transformations dégueulasses ! Je le savais au plus profond de moi, que ce n'était pas ça, en vrai, les loups-garous.

Qu'en penseraient-ils, eux ? Savaient-ils ? J'étais pressé de les rencontrer, pour en débattre ! Cette putain d'envie me tenaillait entre ses griffes acérées : parcourir en long, en large et en travers, leur site, en attendant la prochaine pleine lune ! Sauf que je n'avais pas internet sur mon maudit smartphone de gueux !

Ainsi, mon entrain retomba comme un soufflé. Si j'étais pressé de rentrer au bercail afin d'avoir accès à la toile, ne serait-ce que pour me documenter sur cette possible potacherie, vérifier si cette proposition était toujours d'actualité, ces foutus billets non échangeables et compagnie, mon niveau de vie indigent et l'envie d'une bonne pitance bien grasse me condamnaient à rester ici. Me coltiner tante Apolline et oncle Alban, sans le moindre butin pour récompenser ma patience, voilà qui relevait de la torture ! Néanmoins, j'étais certain d'une chose : ce soir-là, pour une fois, je me coucherais de bonne heure !

Alpha, Bêta et Meute de FoinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant