Loup y es-tu ? (3/3)

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« Vache, c'est quoi, ce truc de vampire ? Ça a l'air bizarre ! constata-t-il en faisant glisser ses longs doigts osseux sur son écran poisseux, totalement absorbé par cette découverte. Trop cool le cercueil, je me demande si je rentre dedans !

- Laisse tomber, c'est nul ! Les vampires, c'est surfait.

- Les loups-garous, c'est encore plus démodé, le truc à la mode, c'est les zombies.

- Les zombies ? Pas besoin de faire des soirées pour jouer au zombie, suffit de sortir dans la rue le matin et d'observer. Ou de se mettre une bonne murge. En tout cas, t'as vu le prix ?

- Ouais, ils se font pas chier, mais y a de la bouffe ! Et le lieu est méga cool ! Mate un peu ce manoir ! Rien à voir avec ce bar !

- C'est clair !

- Ça peut-être cool, continua-t-il, les yeux écarquillés comme un enfant devant un sapin aux pieds garnis de cadeaux. J'aimais trop les soirées jeux de rôle quand j'étais ado. Mais du coup, ta soirée, elle est aussi payante, comment ça se passe ? Comment être sûr qu'il y en a une ce soir ?

- On peut pas, constatai-je dépité... vu que les infos sont sur le site, et que le site est pas dispo.

- Mais si, attend ! Tu vas voir ! »

Tandis que Paul revenait chargé de pintes, Jacques prit son envol, le tract dans la main, en direction... du bar. Catastrophé par ce manque de discrétion, cette inconscience totale, je fis mine d'aller aux toilettes, craignant le pire. Un sale pressentiment. Quelque chose comme ça. Des picotements sur l'échine. L'ambiance qui change en toi, d'un coup ! Cela sentait mauvais ! Pire : j'avais oublié ma pinte à la table.

À bonne distance, je vis le barman, un quarantenaire au visage fermé, se décomposer et héler les trois rugbymen qui rappliquèrent aussitôt. D'un coup, un poing foudroyant s'abattit sur le visage squelettique de Jacques, ce qui le fit vaciller en arrière comme un pantin. Il se fracassa contre une table, désarticulé. Et ne se releva pas !

Paul n'eut pas le temps de comprendre le pourquoi de ce brouhaha qu'il fut encerclé. Ce phacochère eut beau essayé de se débattre, deux des gars le tenaient fermement, le temps que le barman le saucissonne avec une corde ! Comme il s'égosillait comme une lavette, le troisième larron, excédé par cette pluie de décibels plaintifs, lui colla un sparadrap sur la bouche.

« Où est le troisième ? » hurla le barman, tandis que je fonçai dans les toilettes pour me cacher, l'idée la plus saugrenue qui soit, héritée des films d'horreur les plus prévisibles. En outre, j'avais envie de pisser un bol. Il était hors de question que je souille mon seul pantalon potable !

Alpha, Bêta et Meute de FoinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant