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C'est le corps engourdi que Shanna rouvre les yeux. Elle esquisse une grimace. Ses paupières ont peine à s'habituer à la lumière blafarde et sa nuque ankylosée ralentit ses mouvements.

Elle se redresse pour se découvrir étendue dans un grand lit blanc. La literie est confortable et les draps frais, une brève sensation de bien-être se propage dans les muscles de la jeune fille.

Son cerveau a du mal à retracer les événements, elle a tout juste le temps d'examiner la chambre terne et impersonnelle dans laquelle elle se trouve qu'un bruit de porte attire son attention.

La femme vêtue de blanc de la veille fait son entrée. Shanna remarque à cet instant que sa propre tenue imite celle de l'inconnue. Elle a l'air âgée, peut-être la cinquantaine. Ses cheveux noirs aux reflets poivre et sel s'échappent par filaments de son chignon strict, des rides creusent ses joues et le coin de ses yeux bruns. Shanna sent dans son regard une autorité ferme et naturelle.

Lorsque la femme referme la porte, Shanna recule instinctivement.

-          N'aie pas peur, Shanna. Je ne te veux pas de mal.

-          Où est-ce qu'on est ?

-          En sûreté.

Ce ne sont pas les mots qui tranquillisant le plus la jolie brune. La femme s'approche et s'assoit sur le lit.

-          Je m'appelle Célia. Je suis la directrice de l'OME, l'organisation scientifique qui vous a envoyé ici, toi et tes amis.

Une vague de chaleur envahit Shanna. Elle serre les poings, son regard s'enflamme.

Célia esquisse un sourire doux.

-          Je vais tout t'expliquer. Je t'emmène faire un tour dans nos locaux ?

***

Célia, suivie d'une Shanna bouillant de rage, guide la Numéro 3 à travers les grands locaux peints de blanc. Les murs ont des allures d'hôpitaux, une odeur de renfermé et d'humidité chatouille les narines de Shanna, rien avoir avec l'air frais du manoir. Les couloirs sont exigus, des grandes baies vitrées laissent apparaître des femmes et hommes en blouse blanche équipés de pipettes et de microscopes. Arrivées devant une porte close, Célia abaisse la poignée et laisse passer Shanna devant elle.

La jeune fille s'immobilise. Les yeux écarquillés, elle a un mouvement de recul.

-          Je comprends, lui parvient la voix grave de Célia. Ce doit être impressionnant sous cet angle.

Des tentacules immenses envahissent la pièce. Une dizaine d'hommes s'affairent autour des bras éparpillés comme de gigantesques serpents, certains équipés d'un pot de peinture sombre s'attellent à repeindre des parties écaillées, d'autres déposent des sortes de plaques rugueuses sur des trous creusés dans la chair du monstre.

L'un des tentacules est à moitié éventré, des hommes aux allures de mécaniciens ajustent des pièces à l'intérieur et retirent des vis. Shanna découvre l'entièreté de l'intérieur mécanique de la créature.

Célia désigne les tentacules.

-          Nous les avons créées pour que la mise en scène soit parfaitement crédible. Des peintres professionnels, maquilleurs, sculpteurs et des mécaniciens capables de maîtriser des engins de n'importe quelle taille.

-          Pourquoi... Pourquoi vous avez fait ça ?

Shanna est affolée. Alors c'est ça, la créature qui les a terrorisés pendant ces longs mois ?

20 Pour Sang Där berättelser lever. Upptäck nu