III

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Près de deux semaines s'étaient écoulées depuis cejour. La vie avait repris son cours dans le petit village de Ralande.Alessandre était dans les vergers avec d'autres villageoisprodiguant quelques protections aux arbres avant l'hiver. « Unhiver qui s'annonce rude » avait lancé l'un des anciens duvillage lors de la dernière réunion que son père avait organisé.Un homme à la peau fripée comme une vielle pomme.« Il faudrapenser à bien protéger nos champs et nos arbres si on veut faire debelles récoltes l'an prochain ». Tout en déposant une couchede paille protectrice autour de l'arbre, Alessandre soupirait. L'airne lui paraissait pas plus froid que d'habitude à cette période del'année. Il faisait même presque doux pour une fin d'automne. Il sedemanda comment ce vieillard pouvait prédire avec certitude qu'ilferait plus froid cet hiver. En revanche, il avait noté bien plus debrume qu'à l'accoutumée. Ce n'était pas forcément inhabituel encette période de l'année, mais un détail avait frappé le jeunehomme. La brûme avait pris au fil des jours, une légère teinterosâtre et elle tenait bien plus logtemps que les annéesprécédentes. Il tentait de trouver une réponse à ce mystèrelorsqu'une ombre gigantesque passa au dessus de lui. Il leva les yeuxet observa une forme gigantesque qui tournait au dessus du village,cherchant visiblement à atterrir. La créature décrit un grandcercle dans le ciel puis soudain, elle piqua vers le sol et disparude la vue d'Alessandre. Autour de lui les autres travailleurs avaientaussi vu la créature et certains se dirigeaient vers le lieud'atterrissage. Alessandre leur emboita le pas. Le village entieravait vu la créature et se précipitait vers son point de chute.Alors qu'il approchait, Alessandre entendit son cri résonner, fortet clair comme celui d'un aigle puissant. Déjà, les villageoiss'attroupaient autour d'elle, fascinés. Alessandre n'avait encorejamais observé de telle créatures, mais il vu plusieurs fois desreprésentations dans les livres de son père, c'était un gilgrin,une sorte d'oiseau gigantesque, pourvu de quatre pattes. Les gilgrinsétaient des animaux rares et précieux. Ils servaient de transportpour les grands dirigeants du royaume. Si un gilgrin s'était poséici, c'est qu'un personnage important venait visiter le village, cequi n'était, pour ainsi dire, jamais arrivé, aussi loin que lejeune homme pouvait s'en rappeler. Une échelle de corde fûtdescendue du dos de l'animal, et deux gardes portant l'uniforme deSilmaris en descendirent. Suivit un homme âgé, aux cheveuxentièrement blancs. Il était richement vêtu, d'une robe bleu roi,recouverte d'une pelisse d'hermine mouchetée de brun, une ceinturede cuir cousue de fils d'or à la taille. Derrière lui, enfin arrivaun jeune homme auxs longs cheveux bruns totallement ébourrifés. Illes applattit sur son crâne d'un mouvement de main avant dedescendre. Il ne prit même pas la peine de prendre l'échelle decorde, sautant directement à terre. Le père d'Alessandre s'avança,suivi de Léandre et du doyen du village. Il invita le visiteur àentrer dans sa maison. Le vieil homme suivit le père d'Alessandre,un léger sourire peint sur son visage. Afin d'éviter toutattroupement, le chef dispersa les villageois, ne laissant entrer queles responsables de chaque secteur, ceux qui formaient le conseil duvillage.

N'avez-vous rien de mieux à faire ? Retournez au travail !

Les gens partirent, déçus de ne pouvoir en voir plus.Mais Alessandre fit le tour de la maison et entra discrètement parla porte de derrière afin de pouvoir écouter.

Merci pour votre accueil, dit le visiteur une fois à l'intérieur. Je me présente, je suis le conseiller Orensen, au service de sa majesté le duc Wilm, de Silmaris.

Il présenta sa main, ornée d'une chevalière portantles armoiries du château de Silmaris.

Un conseiller, l'un des hommes les plus importants duduché se trouvait, ici, à Ralande. Alessandre se demanda ce quevenait faire un homme de cette importance dans ce village si reculé.

Que nous vaut l'honneur de votre visite, conseiller ? Demanda Alep.

Il faisait de grand signes à Méline qui préparait enurgence un repas pour leur visiteur de marque.

Erevia: Fragments du passéWhere stories live. Discover now