VII

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                        Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque le jeune homme ouvrit les yeux. Il avait l'impression de sortir d'un très mauvais cauchemar. Il mit quelques instants à se rappeler d'oùil était, et pourquoi il était là. Sa famille morte, son villagevide, le voyage en gilgrin, l'inconnu ramassé. Et maintenant il était là, dans ce lit. Il était sûr qu'on allait bientôt l'appeler, lui dire qu'il était en retard pour aller aux vergers,que sa mère entrerait dans sa chambre en furie, pour le tirer parl'oreille et le traiter de fainéant. Son frère se moquerait de lui.Et que tout rentrerait dans l'ordre. Mais lorsqu'il ouvrit les yeux,il vit le bureau et la commode de bois sombre, les murs de pierrepercés de hautes fenêtres. Le feu avait finit de se consumer dansla nuit, les cendres noires étaient dispersées dans la cheminée.Il se redressa. Tout son corps lui faisait mal comme si un arbre luiétait tombé dessus. Encore à moitié endormi, il observal'extérieur. De l'eau courait dans les jardins, décrivant de largescourbes selon un tracé réfléchi. Spirales et courbes sesuccédaient harmonieusement. Puis l'eau jaillissait en fontainesrégulièrement réparties pour retourner dans une nouvelle boucle etainsi recommencer son voyage. Çà et là, des oiseaux s'ébattaientjoyeusement dans cet univers aquatique, des canards cherchaientquelque nourriture, des moineaux lavaient leurs plumages, des oies sedésaltéraient dans l'eau claire.

Alors ce n'était pas un rêve...

Alessandre serra les poings, sentant l'émotion monter.Des larmes commencer à couler le long de ses joues. Il se força àse calmer, fermant les yeux pour se concentrer. Puis il entendit sonventre grogner. Il n'avait pas mangé depuis hier matin et il avaitfaim. Il repéra le plateau de nourriture sur la table près du litet s'en empara. Il mangea jusqu'à être parfaitement rassasié. C'est à ce moment que l'on frappa à la porte. Le conseiller Orensen entra, vêtu d'une robe pourpre, ceinturée d'or.

- Bonjour, dit-il dans un grand sourire, enfin réveillé ? Tu as dormi plus longtemps que je ne l'aurais cru...

- Bonjour... Où est-ce que l'on est ?

- A Silmaris, Plus précisément dans le château, dans les appartements normalement réservés aux visiteurs de marque. J'ai demandé à ce que tu puisses passer la nuit ici mais ne t'y habitue pas trop hein ?

Le vieil homme lui lança un sourire malicieux.Alessandre regarda de nouveau vers la fenêtre.

- Si je suis ici, cela signifie que tout ce dont je me souviens était réel.

Des images de la veille repassèrent dans sa tête.

- Mon garçon, répondit le conseiller en fermant la porte, je pense que je te dois une petite explication.

Il prit la chaise du bureau et s'assit en face du jeune homme alité.

- J'ai menti lorsque j'ai dis que j'étais dans ton village pour un recensement.

- Ça, je m'en doutais déjà. Je vous ait entendu parler avec Mahel l'autre nuit.

Le conseiller eu une expression amusée. Il reprit avecun sourire empreint de tristesse:

- En fait, il y a de cela deux semaine, des marchands de Silmaris attendaient un arrivage de bétail en provenance d'un village situé dans la montagne. Mais ces animaux ne sont jamais arrivés. Les marchands ont envoyés des hommes demander des explications aux villageois. Deux jours plus tard, ces hommes sont revenus. Ils ont annoncés que le village avait été déserté, qu'il n'y avait plus âme qui vive. Dans le même temps, des voyageurs ont amené à la garde une enfant qui disait avoir perdu ses parents. Ils ont racontés que, sur les indications de la fillette, ils s'étaient rendus dans son village mais qu'ils n'y avaient trouvé personne. Selon leurs dire, c'était comme si tout le village avait fui en même temps, abandonnant tous leurs biens derrière eux. Ces deux événements troublants sont arrivés jusqu'aux oreilles du duc qui m'a alors ordonné d'éclaircir ces événements. Mais il m'a également demandé d'être le plus discret possible, il ne voulait pas provoquer une vague de panique si jamais on trouvait une explication logique à cela. C'est pourquoi, j'ai décidé de m'en charger moi-même. Nous avons d'abord été dans les deux villages où avaient eu lieu les faits. Nous avons survolé les environs de longues heures durant. Mais sans résultats, les gens s'étaient tout bonnement évaporés. Nous avons donc décidé d'explorer d'autres villages. Nous en avons croisé deux autres, tous vides. Et puis, nous sommes tombés sur le tien. J'avoue que sur le coup cela m'a surpris de voir des gens. J'ai inventé cette histoire de recensement pour ne pas ébruiter les disparitions. Vous ne semblez pas communiquer beaucoup entre villages voisins dis-moi ?

Erevia: Fragments du passéWhere stories live. Discover now