IV

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       Le soleil pointait à peine lorsque Alessandre seréveilla.. Curieusement, il n'eut aucun mal à se lever. Observantpar la fenêtre, il vit la brume rouge-rosée qui avait envahi lepaysage, masquant une partie de la vallée. Il sortit de sa chambreet trouva son père installé avec le conseiller Orensen dans lacuisine. Après un rapide petit déjeuner, ils rejoignirent legilgrin. Mahel les attendaient, resserrant les sangles de laplateforme du gilgrin. L'immense créature dégageait de largessouffles de vapeur dans l'air matinal. Dans la vallée en contrebas,la brume masquait tout le paysage. Seule la cime des arbres les plushauts dépassaient. Alessandre ressentit une pointe de tristesse caril adorait cette vue. Il dit rapidement au revoir à ses parents, leconseiller étant pressé de partir. Quelques villageois, parmi lesplus matinaux, vinrent assister au départ de l'équipage. Moranétait là, Bram également. Léandre s'était habillé rapidement,mais sa coiffure expérimentale trahissait son réveil brutal. L'undes soldats du conseiller resta au village, sur ordre du vieil homme.Lorsque les passagers eurent pris place, Mahel donna un ordre augilrgrin, qui se leva, déploya ses larges ailes, et, d'une puissantepoussée, décolla. Alessandre fût saisi, par la violence du choc.Si il n'avait pas été équipé par Mahel, il serait certainementtombé. Il comprenait maintenant l'utilité des renfoncements, etremercia celui qui les avait conçus. Il se retourna pour jeter undernier regard à son village, qui rétrécissait à vue d'œil.

Ne sois pas inquiet, dit le conseiller. Tu reverra bientôt ta famille.

Mais Alessandre ne se sentait nullement inquiet. Aucontraire il appréciait le fait de pouvoir, pour quelques jours,quitter son village.

       Sur les indications d'Alessandre, Mahel dirigea legilgrin droit vers le prochain village, un hameau d'une douzaine demaisons plus haut dans les montagnes. Alessandre trouvait la vitessede l'animal grisante. Il comprenait maintenant pourquoi Mahel luiavait dis que voler était la plus belle chose possible. Il observaitle paysage défiler sous ses yeux à une vitesse époustouflante. Ilsarrivèrent au village en deux heures à peine alors qu'il fallaitcompter une demi-journée de marche depuis le village d'Asakan.Lorsqu'ils furent en vue, Mahel amorça une descente rapide.

Atterris en douceur cette fois, lui intima le conseiller.

       Mahel émit un son semblable à un grognement mais posason gilrgrin doucement dans une petite clairière entre les arbresépars. L'endroit était rocailleux et il y faisait déjà bien plusfrais qu'à Ralande. Les quatre hommes descendirent du dos de la bêteet se dirigèrent vers le village. On voyait fumer les cheminées decertaines maisons. Le linge propre flottait au vent. Mais desvillageois pas une trace. Ils avancèrent plus avant dans le hameau.La plupart des bâtisses avaient les portes grandes ouvertes. Celan'était pas quelque chose d'inhabituel en soi. Dans le villaged'Alessandre, on laissait souvent les porte grandes ouvertes, et iln'était par rare que les habitants s'invitent de temps à autre. Ilsétaient tous comme une grande famille. Mais ici, l'atmosphère étaitdifférente. Il n'y avait aucun bruit, aucun éclat de rire, comme sile village avait été vidé de ses habitants. Le soldat quiaccompagnait le conseiller entra dans certaines d'entre elles.

Vides, signala-t-il à son retour.

Voilà qui est fâcheux, constata le conseiller. Dis moi mon garçon, sais-tu pourquoi ces gens ne sont pas là ? demanda-t-il à Alessandre.

Non, cela m'étonne, avoua celui-ci

Peut-être qu'ils sont dans un village voisin ? Hasarda le garde.

C'est peu probable, à l'approche de l'hiver chacun dois s'occuper de récolter de quoi tenir, le bois, les vivres... Nous n'avons pas vraiment le temps de rendre visite aux autres. Et puis le prochain village est à une demi journée de marche. Si on est bon marcheur.

Erevia: Fragments du passéWhere stories live. Discover now