VI

1 0 0
                                    

Lorsqu'il rouvrit les yeux, la nuit était tombée. Ilobserva la voûte étoilée par la fenêtre de la pièce où ilétait. Puis il observa sa main, et prit conscience du fait qu'ilétait toujours en vie. Il se releva, tâta son torse, là où lacréature s'était jetée. Rien, pas une égratignure. La vision dugarde se volatilisant l'assaillit. Il inspira vivement, appréciantd'être encore en vie. Le simple fait de pouvoir respirer l'air fraisnocturne lui semblait en cet instant un véritable bonheur. Puis ilse leva et alla regarder par la fenêtre. Il était toujours auvillage, dans sa maison. C'était sa chambre. Il observa l'escalierqui montait jusqu'à la chambre de ses parents. Le conseiller dormaitsur le lit qu'on lui avait attribué lorsqu'il avait passé la nuitici. Il entendait le vieil homme ronfler.

- Enfin réveillé ? Dit une voix derrière lui.

C'était Mahel, qui avait visiblement peu dormi si l'onen croyait les grosses cernes visibles sous ses yeux.

- Papy est allé prendre un peu de repos. Il t'a veillé depuis que tu t'es évanoui, et a utilisé toutes ses connaissances en science médicinale pour te soigner.

- J'ai dormi longtemps ?

Ca fait trois jours. Tu délirais dans ton sommeil. Tu hurlais des phrase incohérentes. Et tu ne te réveillais pas. Ca va mieux ?

- Oui. Etrangement je me sens en forme. Et j'ai faim.

Mahel rigola.

- Fais comme chez toi.

- Merci. Tu... tu peux aller dormir si tu veux. La chambre de mon frère doit être libre.

- Normalement je ne dors pas hors de mon lit. -Mahel baillât- Mais je crois que je vais faire une exception. Merci en tout cas.

Il se dirigea vers la petite pièce en face de lachambre d'Alessandre. Le jeune homme entendit une porte se fermer. Ilregarda autour de lui, un peu hébété, avant que son estomac ne leramène à la réalité. Il se prépara rapidement de quoi se caler,puis retourna au lit. Mille questions tournaient dans son esprit etil ne s'endormit que parce que l'épuisement l'emporta.

Lorsqu'il redescendit le lendemain matin, le jeune homme fût accueilli par Orensen, déjeunant dans la grande salle.

- Bien dormi mon garçon ? Tu nous a fait une sacré frayeur.

Alessandre acquiesça, et remercia le conseiller pourles soins qu'il lui avait prodigué.

- Ah, c'est Mahel qui te l'a raconté ? Ce n'est rien.

- Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?

Rentrer à Silmaris, et avertir le duc de ce que nous venons de découvrir. Ces créatures étranges ont fait disparaître la population. Nous ne savons pas ce qu'elles sont, mais elles sont dangereuses. Nous devons réagir au plus vite avant que cela ne se propage. Lui saura quoi faire.

- C'est bizarre, je n'ai pas disparu moi, quand elle m'a touché.

- Et je ne saurais t'expliquer pourquoi. Mais tu peux te considérer heureux d'être en vie.

- Ça oui ! Dit le jeune homme dans un sourire.

- Et toi, que comptes-tu faire ?

Alessandre marqua une pause. Il n'avait pas vraiment réfléchi à la question.

- Tu peux venir avec nous, si tu le souhaites. Je crains fort que survivre seul dans ces montagnes ne soit impossible.

Le jeune homme ouvrit la bouche pour parler. Bien sûrqu'il allait accepter. Sortir du village était ce qu'il avait toujours voulu. Même si les circonstances n'étaient pas vraimentagréables pour lui, il ne pouvait pas refuser. Mais deux choses lepréoccupaient. Tout s'était enchaîné si vite, il n'avait pasencore réalisé que ses parents, son frère, son village entiersavaient disparus, probablement à jamais.

Erevia: Fragments du passéWhere stories live. Discover now