Prologue.

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Prologue. [ Inspirée d'une histoire vraie ] 

- Jeanne ? Tu ne veux toujours pas parler ?

Je ne levais toujours pas la tête. Mes yeux restaient figés sur mon pantalon orange vif, trois fois trop large pour ma fine silhouette.

- Le docteur Juan ne voudra pas que tu rentres chez toi si tu ne lui parle pas. insista-t-elle.

J'émis un ricanement horrible. Elle finit par sortir, laissant le plateau de nourriture sur le sol. Je pris un papier, un crayon qui se trouvait à ma portée et je commençais à dessiner. Doucement puis de plus en plus vite.

Une demi-heure plus tard, mon papier était coloré de gris clair, foncé et du blanc. Une fille, petite, était recroquevillé sur elle-même. Une larme coulait le long de sa joue. Elle avait les cheveux noirs de jais, un corps mince et des yeux gris clair. À ses cotés, était écrit :

" Comprenez-moi. Écoutez-moi. Rien d'autres ne pourra me faire plus plaisir. "

Ma larme se joignit sur le papier. 

- Jeanne? 

Ma tête se releva d'elle-même. Une fille, de mon âge, se trouvait dans l'encadrement de ma porte. Elle portait les même vêtements que moi. Un pantalon orange vif ainsi qu'une chemise orange vif, trois fois trop large pour nous. 

- Tu as encore pleuré ?

J'hôchais minablement la tête. Elle s'approcha doucement de moi, sans faire de bruit. Elle se baissa et attrappa le dessin que je serrais si fort contre ma pointrine.

- " Comprenez-moi. Écoutez-moi. Rien d'autres ne pourra me faire plus plaisir. "

- Il n'y a que toi qui me fait plaisir.

Ma voix était enrouée. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas parlé.

- C'est ce qu'une amie fait.

Elle s'assit à côté de moi et me pris dans ses bras. Je posais ma tête contre son épaule. Elle prit un dessin qui traînait par terre.

- Il t'a beaucoup aidé hein?

Je pris le dessin et vit un homme. Il était sous un arrêt de bus et tenaît une fille dans ses bras.

- Énormément.

- Il ne vient plus te voir ?

Elle prit mon long silence pour l'affirmatif.

- Pourquoi ?

- J'en sais rien.

Je soupirais. Un long silence passa sans que ni l'une, ni l'autre n'ouvrit la bouche. Sa présence me calmait instantanément.

- Carly ? Tu dois retourner dans ta chambre.

Elle soupira, posa un baiser sur mon front et partit.

- À demain Carly.

Elle ne répondit pas, me souriant juste.

                                                                     ***

- Jeanne ? Tu ne sortiras jamais de ce centre si tu ne me parles pas.

Le centre pour suicidaire, colérique ou un truc de ce genre. Cela faisait six mois que j'étais enfermée dans ce centre. Six mois que j'étais obligé d'aller voir le Docteur Juan. Six mois que je ne lui parlais pas. Ni à personne d'autre d'ailleurs. À part peut-être Carly.

Elle changea de suite de sujet. Elle faisait toujours ça quand je dégnais lui répondre.

- Tes parents veulent te voir.

Je ris amérement.

- Dans ce cas répondait leur de ma part le majeur ainsi que d'un "Aller vous faire foutre " !

- Pourquoi ne les aimes-tu pas ?

- C'est ça le problème. Je les aimes.

Voyant qu'elle avait capté mon attention sur un sujet, elle continua.

- Le problème ?

- Ne croyez certainement pas que je vais vous parler docteur. Vous avez entendu ma voix ce mois-ci. Ca vous va ?

La sonnerie retentit, je me levais précipitement et sortit de son bureau tenant le journal qu'elle m'avait donné entre mes mains.

                                                             ***

 " Cher journal,

Je t'écris ces quelques mots car j'en suis obligé. Apparement, ça va me faire du bien. Alors... Pourquoi pas ? 

Je me sens minable de parler à un journal qui n'est même pas capable de comprendre, de parler, de réconforter. Donc je vais dire que je vais parler à... Evan, docteur Juan, Carly et Max?

Enfin, de toute façon, j'en suis obligé. Pour une fois, j'obéis aux régles, ce qui est très rare. 

Pourquoi je suis dans ce centre? Tel est la question. 

Je me sens enfin prête, prête à parler de mon histoire, prête à te parler -même si techniquement, tu ne sais pas me comprendre. Mais je dois me libérer, faire enfin ressentir la souffrance que j'habrite de jours en jours, de semaines en semaines, de mois en mois. J'en peux définitivement plus. Je n'en pouvais définitivement plus. C'est certainement pour cette raison que je me trouve ici à parler à un bout de papier minable.

Bref, je vais t'expliquer.

Je vais vous expliquer docteur car je sais que vous allez lire ses lignes.

Je vais t'expliquer Carly. Car toi plus que personne d'autres à le droit de lire ses lignes.

Max, tu peux lire, même si tu connais tout de moi.

Et toi... Evan... Même si tu es en partis responsable ce qu'il m'arrive...

Je vous écris à tout quatre mon histoire, mes pensées. Vous serez enfin les souffrances que j'habritais dans mon frêle corps.

Oui tout ça. 

Alors voilà...                                                                                         "

Comprenez-moiWhere stories live. Discover now