Chapitre 14 : S'accrocher pour mieux sombrer.

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Chapitre 14 : S'accrocher pour mieux sombrer.

- Les papiers sont réglés. Étonnamment, ça a été très vite., expliqua Docteur Juan.

- Oui, mais je suppose que vous n'y êtes pour rien pas vrai ? Vous n'avez vraiment pas insisté sur le fait que l'histoire avec Max et Evan soit presque réglé, hum ? Je suppose également que vous avez appuyé très longuement sur le fait que mon état psychologique soit disant "très instable" ne l'est plus en ce moment ?, fis-je en haussant les sourcils.

- Signe ici et tais toi !

Jeanne éclata de rire en secouant la tête. Ses cheveux d'habitudes peu soignés et emmêlés depuis son arrivée au centre étaient maintenant soyeux et brillant d'éclat pour sa sortie.

- Tu viendras nous jouer ton morceau quand tu l'auras terminer ?

- Je ne suis pas sûre de savoir le faire.

Amélie - Jeanne avait apprit quelques heures plutôt son prénom - sourit tristement. Jeanne n'avait jamais été inculqué de façon à croire en soi ce qui faisait son manque total de confiance en elle-même.

- Écoute-moi bien, petite !, lui fit Amélie en lui donnant une petite tape sur l'épaule.Tu as encore du temps devant toi, profites bien du temps qu'il te reste, fais les choses que tu veux faire. Ne continue pas ce morceau si tu n'en as pas le cœur mais ça, j'en doute très fort. Pour je ne sais quelle raison, cette partition te tient réellement à cœur alors continue, Jeanne. Et je veux te voir quand tu l'auras terminer., dit-elle avec un sourire bienfaisant.

À travers les manches trop longues de son sweat à capuche, les doigts de Jeanne s'emmêlaient entre eux. Son geste lui fit penser qu'elle aimait avoir le contrôle de son corps, lui faire apprendre des gestes inconnus. Elle aimait pouvoir bouger ses doigts à une vitesse foudroyante sur un clavier de piano. Pouvoir marcher et bouger sans avoir besoin de l'aide de quiconque.

Son corps lui appartenait et ça, elle l'appréciait.

- Vous voulez savoir les choses qui me tiennent réellement à cœur ?, demanda Jeanne sans vraiment attendre une réponse. Je veux me marier et avoir un enfant, je veux lire pleins de livres - en écrire un peut-être. Je veux aller à cette remise de diplôme et à ce putain de bal. Je veux mon cavalier, ma robe de princesse, mon baiser romantique sous le clair de lune. Je veux faire mes études médicales et je veux terminer ce putain de morceau. Mais vous savez, Amélie, tout ce que je viens de vous dire, même pas la moitié sera réaliser. Ce n'est même pas le quart des choses que je voudrais faire. Parce que je vais crever, et ce, dans peu de temps. Vous refusez tous de le voir, tous.

Jeanne ne paraissait pas en colère. Juste calme et triste. Cela la peinée de voir son entourage ne pas accepter le fait qu'elle allait bientôt rendre les armes. La demoiselle avait l'impression que l'histoire se répétait.

Un adolescent, rentrant à peine dans l'âge adulte, à deux petits doigts d'avoir son diplôme, de rentrer dans l'université de ses rêves. Un adolescent auparavant en pleine forme, mais dont son corps ne supportait pas les microbes, ceux qui lui bouffaient ses organes. Un adolescent amoureux. Un adolescent heureux, ou presque. Un adolescent en quête d'un rêve à réaliser. Un rêve qui finit par se briser.

- Je souhaite que les scientifiques trouvent un traitement pour ton cancer, pour ton corps surtout. Il n'accepte pas les médicaments, les traitements. La section d'oncologie trouve ça bizarre, Jeanne., déclara le Docteur Juan. Ils pensent que ça peut être un problème psychologique.

- Problème psychologique ?

Sa voix tressauta et faillit presque partir dans un rire jaune. Elle avouait volontiers avoir quelques problèmes mais certainement pas un problème psychologique.

Comprenez-moiWhere stories live. Discover now