Chapitre 8 : Bégonia

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Chapitre 8 : Bégonia

22 décembre 1999

- Salut !, criais-je dans la maison, comme ci je ne l'avais jamais quitté.

- Chérie, prépare toi pour demain soir !,entendis-je du haut de l'escalier.

Énervée qu'ils ne soient pas venus me dire ne serait-ce qu'un petit "Bonjour", je ressortis aussi sec de la maison.

J'étais de caractère explosif voir impulsive et parfois même bipolaire.

La fille parfaite !

Je pris mon téléphone et appelais un numéro que j'avais eu la fâcheuse habitude de taper.

« Salut, c'est Louis ! Je suis indisponible pour le moment... Aaargh, arrête Jeanne !

Veuillez rappeler plus tard... Hahaha ! Merci ! »

Deux éclats de rire dans cette boîte vocale parfaite. J'ai besoin d'écouter sa voix, de le voir à mes côtés, de sentir son odeur, d'entendre sans cesse ses blagues pourries ainsi que ses éclats de rire.

J'enlevais ma bague et l'observais longuement. Cette grosse et imposante chevalière, qui appartenait aux ancêtres de Louis, et qui se la léguait de père en fils, à l'ainé de la famille. Un beau jour, il me l'avait donné en me faisant promettre que jamais je ne l'abimerai, que j'en prendrais soin comme la prunelle de mes yeux.

- Aimer est aussi improbable que détester est impossible., murmura une voix dans la foule que j'entendis pourtant.

Intriguée, je me retournais vers la personne en apercevant un vieil homme.

- De qui vient cette citation ?

- De moi. Je ne l'ai jamais entendu, en tout cas.

- Elle est très belle et juste.

Il m'observa curieusement avant de se retourner et de partir.

J'avais vraiment le chic aujourd'hui.

Je finis par atterrir dans un petit marché, devant un stand de poème.

« Marre de devoir se cacher

D'avoir un visage masqué

De ne pas pouvoir s'exprimer

Être sans cesse préserver

Je voulais plus qu'on me traite comme un bébé !

J'voulais goûter à cette liberté !

Celle que mes doigts pouvaient effleurer

Celle dont tout le monde parler. »

Il était écrit élégamment sur un dessin représentant deux mains tenant un visage en pleur.

- Je voudrais l'acheter, s'il vous plaît.

- Désolé, s'excusa une fille de mon âge. Il n'est pas à vendre.

- Oh, ce n'est pas grave.

Et je repartie vaguer à mes pensées lointaines, sans queue ni tête.

Je pensais aussi à ce soir, quel stress soudain ! Je pourrais parier tout ce que je possède, je sais que ça se terminera en engueulade et en pleurs, comme d'habitude.

Ma mère m'attaquerait sur un sujet sensible, je répondrais. Mon père prendrait sa défense et tout partira en un grand n'importe quoi. Insultes et hurlements seront à l'honneur. Vive la famille !

Comprenez-moiWhere stories live. Discover now