36.0

14.7K 423 819
                                    

•Chapitre 36•

~Leïla~


Fares: Tu vas rester muette longtemps ?

- Excuses-toi.

Il avait dit quelque chose dans le genre le jour de notre re-rencontre.

Fares: Pourquoi ?

- Ah parce que t'as déjà oublié comment tu m'as parlé ?

Il a inspiré profondément en regardant droit devant lui. On a continué de s'ignorer encore longtemps.

C'était ça notre problème. Dès que quelqu'un faisait un pas en avant, l'autre en faisait trois en arrière. C'était soit tout va bien, soit tout va mal. Soit blanc, soit noir. Soit on s'entendait très bien, soit on arrivait pas à se supporter. Soit on s'attirait, soit on se repoussait.

Il y avait pas de juste milieu, c'était toujours dans l'extrême.

- Tu voulais me dire quoi ?

J'étais aussi surprise que lui en entendant ma voix. Mais il fallait bien que l'un d'entre nous rattrape les bêtises de l'autre non ?

Fares: Attends qu'on arrive.

- Tu vas rester silencieux longtemps ?

Fares: Si t'as envie de parler te gênes pas.

- Non merci, j'ai rien à dire moi. Mets la radio plutôt.

Il l'a allumé.

Fares: Tu tremblais tout à l'heure.

- Et alors ?

Fares: Tu vas mieux ?

- Oui.

Il m'a lancé un regard vite fait avant de se rencontrer sur la route. On a fini par arriver dans un parking privé une heure et demi plus tard. Il était donc dix sept heures et quelques.

Plus jamais je remonte avec lui.

On est entrés dans l'ascenseur en silence. Je savais pas où il allait m'emmener, mais j'aurais dû lui demander. Il aurait pû m'emmener n'importe où, je me serais même pas posée de question.

Ça commençait à devenir grave, je devenais bête quand j'étais avec lui.

Je me suis calée contre un mur de l'ascenseur en croisant les bras, comme lui. Il y avait une ambiance bizarre, c'était silencieux.

Je l'observais. Il semblait pensif. Ses sourcils étaient froncés et sa mâchoire contractée. Je ne saurais dire s'il était énervé ou si c'était simplement sa tête normale.

Je m'étais calmée. Sa vieille tête avait beaucoup trop de pouvoir sur mon humeur.

Je me demandais comment il faisait pour donner l'impression qu'il était parfait. Même adossé à une cage d'ascenseur, il le faisait avec classe.

"Parfait" ? Rappelles toi. Il est bizarre, compliqué, glacial, lunatique, distant et impliqué dans des histoires pas nettes.

C'est vrai. Peut être qu'en me concentrant sur ses défauts, ses qualités allaient finir par disparaître à mes yeux.

Néanmoins, je n'arrivais pas à empêcher mon cœur d'accélérer devant lui. Il battait tellement fort que j'avais peur qu'il réussisse à l'entendre dans le silence écrasant de l'ascenseur.

Et puis, il a fait un pas. Puis deux. Jusqu'à se retrouver juste devant moi. Mes pensées inutiles sont parties en un battement de cil. Ma tête était devenue vide.

𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant