𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫

55.0

•Chapitre 55•

~Kaïs~

Tout ces bruits commencaient à me casser les couilles.

Je pense que Leïla a hérité des mêmes choses que moi. On se ressemblait énormément sur plusieurs points.

Pour ma part, je détestais les hôpitaux depuis que je suis gosse.

Les murs blancs, un silence de mort, interrompu par des pleurs, les reniflements, les passages des infirmiers dans les couloirs. L'espoir de voir rapidement un médecin nous appeler pour nous dire qu'il ne s'agit de rien de grave. Le stress permanent devant leurs diagnostics.

Et j'ai pas encore parlé de la sensation qui nous tord le ventre en voyant un membre de sa famille allongé, les yeux fermés, entre la vie et la mort.

Ce foutu bip incessant qui nous nargait, comme pour nous dire qu'à tout moment il pouvait s'arrêter.

Ça me rappellait des tas de souvenirs.

*Flashback*

Ça fait quatre semaines. Un mois.

Un mois qu'elle est là. Un putain de mois que c'est arrivé. Un putain de mois de merde qu'elle était entre la vie et la mort.

Elle porte encore cette tenue bleue. Comme d'habitude.

J'ai toujours trouvé que cette couleur la rendait pâle. Le bleu de l'hôpital.
Et maintenant que son sang circule beaucoup moins dans son corps, elle ressemble à un cadavre.

Chahinez: Comment elle va ?

Elle voulait absolument la voir alors j'ai cédé. Je pouvais pas le lui refuser, elle en avait besoin. C'est son sang.

- Elle dort.

Chahinez: Ilyes il dit que c'est grave.

Elle a que sept ans. Sept ans. C'est quoi sept ans ? C'est rien.

C'est encore une gosse, elle devrait être en train d'apprendre ses tables de multiplication au lieu d'être ici.

Et pourtant elle vient presque chaque semaine à l'hôpital.

- Elle va bientôt se réveiller Insha'Allah.

J'ai toujours espoir qu'elle ouvre les yeux et qu'elle nous dise qu'elle a bien dormi. Que les bips lui donnent mal à la tête. Qu'elle nous demande de lui apporter à manger parce que la nourriture ici est infecte. Quitte à ce qu'elle m'embrouille tout le reste de ma vie, le plus important c'est qu'elle se réveille.

Ces bips incessants me rappellent que c'est la seule preuve qu'on a qu'elle est toujours vivante. Qu'a tout moment ils peuvent s'arrêter et prendre sa vie par la même occasion.

Je ne remarque pas que Chahinez lâche ma main pour se rapprocher du lit et attraper la sienne.

Chahinez: Pourquoi elle est tout le temps froide ?

- Parce que son sang passe lentement dans son corps. C'est pour ça qu'elle est pâle.

Pâle comme elle est, et avec tout le poids qu'elle a perdu, elle me fait penser à un cadavre.