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•Chapitre 71•

~Leïla~

J'ai ouvert les yeux en prenant une très grande inspiration, à la recherche de l'oxygène dont j'avais désespérément besoin. J'avais sursauté si violement que quand j'ai repris conscience, j'étais assise et complètement paniquée.

Je tremblais tellement qu'on pouvait croire que je venais de faire un plongeon dans un lac gelé, et pourtant j'étais certaine que la température de mon corps devait frôler les cent degrés tant je transpirais.

Le choc (ou plutôt le contraste entre le sommeil et mon réveil paniqué) m'a paralysée au point où faire le moindre mouvement me faisait flipper. Dire que j'étais effrayée était un mensonge face à l'immensité de la terreur qui me prenait.

Je suis restée ainsi à regarder devant moi sans vraiment voir jusqu'à ce que mon corps reprenne lentement ses esprits et quitte totalement le cauchemar qui venait de me prendre.

Je haïs ma vie.

J'ai levé difficilement mon bras pour redresser mon lit et laisser ma tête reposer contre l'oreiller. J'étais incapable de fermer à nouveau l'œil. Pourtant ça faisait deux jours que je n'avais pas dormi. Je somnolais parfois mais je n'arrivais pas à m'endormir pour de vrai.

Mes yeux ont fixé mes jambes que j'aurais voulu plier pour me rouler en boule et faire disparaître ces images atroces de ma tête.

J'ai peur. J'ai tellement peur que je n'arrive plus à dormir.

Je tremblais toujours. Je crois que c'est la seule façon que mon corps a trouvé pour extérioriser tout ça.

J'en peux plus. J'angoisse. Je transpire le stress. J'ai chaud. J'ai froid. Je ne sais pas quels mots utiliser pour m'exprimer.

Peur. Stress. Angoisse. Frayeur. Anxiété. Détresse. Panique. Terreur. Horreur. Aucun ne me va.

Folie.

Je suffoquais malgré la ventilation en marche. Les pleurs restaient coincés dans ma gorge et m'étouffaient comme une balle en train de boucher mes poumons et qui me faisait atrocement mal.

Les dernières traces de sommeil commençaient à s'estomper pour ne laisser que moi et la douleur incommensurable qu'avaient laissé les images créées par mon cerveau.

Créées ?

Non plutôt rappelées. C'était pas un cauchemar, c'était des souvenirs. On dit qu'il ne faut pas raconter ses cauchemars, mais je ne sais pas si ça vaut aussi pour les souvenirs enfouis.

J'avais envie de mourir.

J'ai eu envie de Mourir.

J'ai fermé les yeux en laissant échapper l'air retenu dans mes poumons dans un soupir, la tête retombée en arrière contre l'oreiller. J'étais à bout.

Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour j'aurais voulu avoir un doudou. Je sais que ça fait enfant dit comme ça, mais ça m'aurait permis de faire passer tout ce qui était enfoui en moi. J'avais besoin de faire partir tout ça. De faire cesser le tourbillon dans ma tête.

Je regrettais aussi qu'Ilyes ne soit pas là. Et je regrettais également d'être aussi égoïste parce que j'avais conscience qu'il était épuisé lui aussi. Il passait quasiment tout son temps libre avec moi. Il avait le droit à une pause.

𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫Where stories live. Discover now