- Chapitre 2 -

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- 14 mois plus tôt - 



La route semble houleuse sous mes pieds.

J'essaie de garder le cap en me repérant à la lumière des lampadaires. J'ignore quelle heure il est, mais je sais que j'ai dépassé mon couvre-feu depuis longtemps. Malgré mon état, il va falloir que je grimpe au premier étage sans me faire prendre par M. Merrigold, sinon je suis dans la merde jusqu'au cou.

Le trajet me paraît interminable et, alors que je me laisse aller une seconde, je trébuche sur une pierre. Je me rattrape à une clôture, mais le mouvement vif de mon corps fait remonter l'alcool le long de ma gorge. Je dégueule entre les parterres de fleurs et j'éclabousse mes baskets.

Fait chier !

J'accélère quand j'aperçois enfin la maison. Certaines fenêtres sont éclairées, mais avec un peu de chance, je vais m'en sortir sans me faire gauler par ma famille d'accueil. Je longe le porche pour rejoindre le jardin. Mon seul espoir est d'escalader la pergola, dont le toit donne directement sur ma chambre. C'est risqué, mais je n'ai pas le choix. Un pied bien ancré dans le treillis, je me hisse à la force des bras, mais déjà une main s'abat sur moi et me saisit par le col. La lumière de la véranda s'allume et m'aveugle. Je me suis fait prendre comme un con.

M. Merrigold me toise d'un air désapprobateur tandis que sa femme reste en retrait dans l'encadrement de la porte, emmitouflée dans une robe de chambre.

– Eh merde, soufflé-je.

Je le laisse me traîner à l'intérieur et, quand je me prends les pieds dans le tapis de l'entrée, il m'aide à ne pas finir au sol en resserrant sa poigne sur mon bras. En temps normal, je l'aurais repoussé, mais ce soir, il m'empêche de tomber et c'est déjà pas mal. Il me fait asseoir sur le canapé du salon et, après un silence m'invitant à m'expliquer, il commence ses sempiternelles remontrances :

– On ne sait plus quoi faire de toi, Finn, dit-il d'un ton qu'il tente de maîtriser.

Il prend une grande inspiration, mais la frustration et la lassitude résonnent dans chacun de ses mots.

– C'est la troisième fois cette semaine que tu rentres en plein milieu de la nuit dans un état lamentable. Avec Meredith, nous en avons plus qu'assez.

Mme Merrigold s'installe près de moi et me dévisage un moment. L'inquiétude se lit dans ses yeux.

– Qui t'a fait ça ? demande-t‑elle.

Je soupire lorsqu'elle porte la main à ma joue, sans doute marquée d'ecchymoses.

– Personne, protesté-je. Je suis tombé.

– Mais bien sûr ! s'agace le mari.

– Tu ne te drogues pas, au moins ? reprend-elle sans lui prêter attention.

Ses mots semblent frapper M. Merrigold.

– Lève-toi et vide tes poches, m'ordonne-t‑il.

Comme je refuse d'obtempérer, il saisit brusquement mon poignet pour me forcer à me mettre debout. Ignorant les protestations de sa femme, il me fouille comme un maton dans une prison.

Le contact de ses doigts froids sur mon ventre m'arrache un frisson de dégoût. Il finit par trouver le pochon de weed que j'avais caché et l'agite en secouant la tête, l'air désabusé.

– Je t'avais prévenu, Finn. On veut bien se montrer compréhensifs, mais la drogue, c'est hors de question. C'était la limite à ne pas dépasser.

La nuit où les étoiles se sont éteintesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant