- Chapitre 9 -

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– 9 mois plus tôt –


PUTAIN !

Je me réveille en sursaut. À côté de moi, sur la table de chevet, le réveil affiche neuf heures. Bordel de merde, pourquoi il n'a pas sonné, ce con ? J'ai déjà séché hier, je vais me taper un avertissement si en plus je suis en retard !

En un bond, je suis sur mes pieds, encore tout habillé dela veille. Mais quel déchet ! Je me suis endormi comme une masse avec mon joint à la main. Il a laissé un trou dans le drap et le matelas. J'ai de la chance que ça n'ait pas pris feu.

J'attrape mon sac à la volée, dévale l'escalier et me rue sur mon vélo. Je pédale à toute allure. Mes muscles me brûlent, mais je ne ralentis pas. Quand je déboule devant le lycée, en nage, tout est désert. J'accroche mon vélo et l'abandonne avant de me précipiter à l'intérieur. Dans le hall, personne non plus : ils doivent tous être en cours. Je me dépêche de rejoindre la salle de maths, mais je me retrouve face à une porte fermée à clé. C'est à ce moment-là que je consulte enfin mon portable.

Samedi.

On est samedi.

Et moi, je suis un gros con trop défoncé pour savoir quel jour on est.

Essoufflé d'avoir pédalé comme un dératé et blasé de devoir déjà faire le trajet dans le sens inverse, j'en profite pour récupérer les manuels que j'ai oubliés en voulant fuir Kenna hier. Tout en me dirigeant vers mon casier, je commence à me poser des questions. Le lycée n'est pas censé être ouvert le week-end, et j'en viens à me demander ce que je risque à être là. Inquiet, je suis sur le point de faire demitour, quand un bruit d'aérosol attire mon attention, suivi d'une conversation désordonnée :

– Ça prend pas deux Z !

– Passe-moi la bombe !

– Non, j'ai pas fini !

– Putain, tu m'en as foutu sur la chemise ! Vous me soûlez avec vos plans foireux, là !

J'avance avec discrétion et, à l'angle du couloir, je découvre que c'est encore elle. Sa longue chevelure retenue en chignon, Kenna McKenzie se penche sur un casier. Autour d'elle, je reconnais les deux inséparables de mes cours de maths et d'espagnol : le grand noir, avec ses fringues de skateur, et le petit chrétien aux airs de fils à papa, avec ses chinos parfaitement repassés et sa raie sur le côté. Et puis il y a ce minet aux boucles blondes, à la gueule d'ange et au style décalé, avec son piercing au nez et sa veste en jean oversize, que je crois avoir déjà vu en cours d'éco.

De là où je suis, je ne distingue pas bien les casiers devant lesquels ils se trouvent, mais je devine sans mal ce qu'ils sont en train de faire : armés d'une bombe de peinture, ils s'appliquent à taguer l'une des portes en métal bleu. Je me dévisse le cou pour tenter d'apercevoir ce qu'ils écrivent, lorsqu'une main s'abat sur mon épaule et me fait sursauter.

– Dans mon bureau ! Immédiatement !

Je me retourne pour découvrir un prof furibond, ses yeux fixés sur le groupe des quatre imbéciles, qui s'interrompent aussitôt.

– Putain, marmonne le maigrichon bien propre sur lui. Je vous l'avais dit.

– Tais-toi, Jaeger, le rabroue Kenna. Et souris.

Elle suit son propre conseil et, bientôt, les trois autres l'imitent. Ils sont ridicules.

– J'ai dit immédiatement ! vocifère le prof.

La nuit où les étoiles se sont éteintesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant