The Bad 2

Chapitre 12

Elle esquive à nouveau son coup en s'écartant légèrement sur la droite, sans aucun mouvement parasite. S'essuyant le front de quelques gouttes de sueur avec le dos de sa main, elle ne quitte pas des yeux Aaron, évaluant le moindre de ses gestes. Un léger froncement de sourcil, un poing se serrant rapidement, une position plus légère sur les appuie, rien qu'un détail lui permet de savoir quoi faire sans trop se fatiguer.

Les entrainements s'étant enchainés, la facilité à analyser les gestes lui est enfin familière. Plus d'hésitation, la solution s'offre à elle sans effort. Elle doit encore revoir l'énergie dans ses mouvements, s'épuisant encore trop rapidement, mais Ash s'est clairement améliorée aux yeux de son entraîneur.

Il observe son élève, droite, le regard toujours aussi neutre mais calculateur. Il aurait aimé revoir le même visage que lors de leur premier entrainement, le côté joueur qui lui avait plu, le rendant encore plus addict à la jeune femme qu'il ne l'était déjà. Elle était une énigme dont il voulait connaitre toutes les solutions.

- C'est fini pour aujourd'hui, lâche-t-il en remontant le bout de son t-shirt pour s'essuyer le front de la sueur.

- On devrait continuer encore 10 minutes, demande la jeune femme en se craquant les doigts, je sens que j'y suis presque.

- Désolé chérie mais j'ai d'autre plan aujourd'hui. Il y en a qui bosse ici, dit-il en se tournant vers son sac posé au pied dans arbre.

- Alors donne-moi d'autre chose à faire.

Il lève le regard vers elle en souriant et sort sa bouteille d'eau pour y prendre une gorgée. Son esprit lui jouant un tour après les paroles de la jeune femme, un flash-back datant de son enfance lui revient en tête, revoyant un petit garçon suppliant pour s'entrainer plus longtemps, ne voulant pas perdre de temps. Il sert plus fort la bouteille d'eau, et sans trahir son trouble, regarde à nouveau Ash qui ne l'avait pas lâché du regard, ne semblant pourtant ne rien avoir remarqué.

- Passe voir la carotte si tu veux plus d'exercices, quoique, pas sûr qu'elle t'aide. A ta place je serais heureux de me la couler douce mais bon, je ne juge pas.

- Lilith ?

- La carotte, répond-t-il en haussant les épaules avant de récupérer son sac du sol. Je te ramène ou tu rentres seule ?

- Seule, souffle-t-elle en se passant la main dans ses cheveux. Je dois revoir certains trucs.

En hochant simplement la tête pour ne pas s'attarder avec elle, il la salut de la main et quitte la prairie jusqu'à retrouver sa voiture garée dans les bois. Les souvenirs continuent d'affluer, le ramenant dans ce sous-sol sans fenêtre, aux murs décrépits et au sol couvert de vieilles taches de sang.

Il ouvre sa portière et se laisse tomber sur le siège en cuir. Il balance son sac du côté passager et se prend la tête dans les bras en fermant les yeux. Il veut que ça cesse. Cette époque n'existe plus pour lui, pourtant il entend encore les cris de la foule, la douleur de ses membres, la peur constante qu'il avait en lui, son nom prononcé au micro, les pleurs de ses « adversaires ». Surtout, il les revoit « eux ». Sa soi-disant famille.

Sentant les émotions le submerger, il récupère son sac pour y chercher son téléphone et y compose le premier numéro qui lui passe par la tête. La sonnerie retentissant plusieurs fois, il se met à jurer en en comptant les secondes qui passent pour ne pas perdre le fil de la réalité. Il doit la voir. Seule elle peut l'aider.

- Aaron, retenti une voix froide pleine d'avertissement au bout du portable.

- Je sais, souffle-t-il difficilement. Je pense faire une crise et je sais que je ne dois pas t'appeler de jour mais...