( Vie ) ordinaire

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- Alors, monsieur Marcs ? C'est bien cela ?
- Oui, oui.
- Bien, monsieur Marcs, vous avez 45 ans depuis novembre ?
- Oui.
- Très bien. Je vois sur votre dossier que depuis que votre femme vous a quitté, vous êtes dépressif et prenez des médicaments depuis peu.
- Oui. 
Je pris note sur mon carnet.
- C'est un problème courant. Mais vous avez frappé à la bonne porte !
Monsieur Marcs baissa le regard. Voici la meilleure approche du monde. Quelle cruche ! Je voulais mettre un peu d'humour dans cette pièce où les problèmes s'empilaient et où la chaleur devenait étouffante, mais encore une fois, j'avais tout gâchée ! Il fallait que je me rattrape.
- Allez-y, parlez-moi donc de ce que vous avez ressenti lorsque votre femme vous a quitté. Ça vous fera du bien d'en parler, croyez-moi.
Je lui fis un clin d'œil. Mon client réfléchit, puis pleura quelques minutes après. Je me sentis affreusement coupable.
- Allons Allons, ne pleurez pas ! Je suis sûre que votre femme pleure aussi toutes les larmes de son corps en pensant à vous !
Il sécha ses larmes et me dévisagea.
- Vous êtes sûre ?
- Bien sûr que oui, répondis-je.
- Alors voilà, j'étais parti faire un tour dans la ville et lorsque je suis revenu, plus personne. J'ai cherché partout, mais ma femme était partie ! Elle m'a laissé un mot me disant qu'elle avait trouvé quelqu'un de mieux que moi et qu'elle avait choisit de me quitter pour être toujours avec lui. Elle a préféré m'écrire un mot car elle ne pouvait pas me le dire en face. J'étais tellement triste que j'ai tout de suite pensé que sauter du dernière étage aurait été plus simple...
Il fondit en larme. Je notais tout cela sur mon carnet et le raccompagnais dans la salle d'attente.
- Je crois que ça ira, monsieur Marcs ! Au revoir et à lundi prochain !
Je le poussais à l'extérieur, lui fis un grand sourire forcé, et fermais la porte du cabinet. Je m'adossais à celle-ci et fis glisser mon dos pour retomber assise par terre. Entendre les problèmes des autres ne réconfortait par les miens, c'était sur.
Je m'appelle Dabria et j'ai vingt-sept ans. Je suis psychologue, célibataire, sans enfants et... sans famille. Mes parents m'ont abandonnée quand j'avais un an. Je sui restée toutes ces années dans l'ignorance la plus totale, mais je suis certaine qu'ils avaient une bonne raison. Il m'avait juste laissé un collier avec un pendentif en forme de cœur brisé. J'ai ensuite été hébergée dans une famille d'accueil qui ne me plaisait guère. Je me suis enfuie à 19 ans et c'est là que j'ai rencontré Jenny. Jenny, c'est ma meilleure amie. On a vécu la même chose toutes les deux et on est presque pareilles. Elle aussi a été abandonnée, mais elle a travaillé dur et a finalement réussi à s'acheter un appartement ou j'ai habité durant presque 5 ans. J'ai pu payer mes études grâce à l'aide de Jenny et grâce à des petits boulots de serveuse. Jenny, c'est la seule personne que j'ai dans ma vie, et je voudrais tous sauf la perdre. Je sortis du cabinet pour rejoindre mon chez-moi.
Lorsque j'ouvris la porte, je vis Jenny installée dans mon canapé avec un magasine à la main.
- Alors, fit-elle, quoi de neuf ?
Je poussais un soupir avant de m'affaler à mon tour sur le canapé.
- Monsieur Marcs a pleuré comme un malade, j'ai été obligée de le faire sortir un peu plus tôt.
- Qu'est ce que tu veux, un nouveau client est un nouveau client, il ne va pas sauter de joie sur sa chaise.
- Oh si seulement.
Je regardais sa revue. Jenny me démasqua.
- C'est pour la mode. Je dois rester dans les temps, sinon j'ai toujours l'ai d'une vieille mégère, dit-elle.
- Pas faux, rétorquais-je, et toi, quoi de neuf ?
- Euh... Télé, revue, télé, revue, télé, cornflakes, revue...
- D'accord, j'ai compris.
Jenny me lança un regard innocent qui me fit rire.

GARDIENWhere stories live. Discover now