Disparition inquiétante

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Je pensais. Je pensais à Jenny et à James. J'avais passé l'interrogatoire en omettant de dire le comportement de mon amie disparue la veille. Je ne savais pas ce qu'elle cachait, mais je savais que cela devait rester top secret.
Jenny était sûrement partie, et je ne savais pas s'il elle avait été victime d'un kidnapping ou si elle a voulu se faire disparaître d'elle même. J'espérais la deuxième option, car je ne voulais pas la savoir entre de mauvaises mains. Mais, pourquoi serait-elle parti t? Je n'en avais aucune idée. Elle ne m'avait même pas prévenue.
Tout à coup, une lumière s'alluma dans mon esprit. Je filais vers notre endroit fétiche. C'était un passage secret un peu étrange et très mal construit. Il était derrière une immense bibliothèque recouverte de poussière. La police n'avait sûrement pas fouillé cet endroit car il était merveilleusement bien caché, même si, lorsque l'on poussait le meuble, il n'y avait qu'un trou grossièrement taillé.
Je me faufilais à l'intérieur et explorais la pièce à la recherche d'un petit mot. C'est sûr, si elle était partie de son plein gré, elle ne m'aurait jamais laissée sans nouvelles. Je regardais sous les poufs, sous la table basse, sur les étagères et, enfin, je trouvais une enveloppe sous le drap qui recouvrait un canapé biscornu. Je l'ouvrais et fus immensément soulagée lorsque je reconnus l'écriture de Jenny.
<< Ma louloute, c'est Jenny. Je voulais te dire que je suis partie à contre-coeur, car tu a été une super meilleure amie. Ne t'attarde pas trop sur mon sort ( oui, je l'ai pris dans un film ) car je n'en vaux pas la peine.
C'est à moi de pleurer, car tu es une personne bien. Je n'ai pas respecté mon travail et je dois partir. Ne t'inquiète pas, tu rencontreras d'autres personnes qui t'aideront. Oui, je ne suis pas la seule à le faire. Tiens toi bien et vis longtemps ma belle !
PS: je te vois !
Jenny. >>
Je relus une deuxième fois, puis une troisième fois, cherchant à comprendre ce qu'elle voulait insinuer par: "Je n'ai pas respecté mon travail et je dois partir. Ne t'inquiète pas, tu rencontreras d'autres personnes qui t'aideront. Oui je ne suis pas la seule à le faire." Et tout particulièrement sur: "Je te vois !"
J'emmenais la lettre avec moi et décidais de réfléchir encore et encore. Jenny et James. Jenny et James. Jenny et James. Tous ce que je réussis à trouver est que leurs deux prénoms commençaient par un "J". C'est stupide, mais c'était déjà ça.
Après avoir longuement réfléchi, je me résolus enfin à sortir. Je ne savais pas où aller, ni avec qui. Une larme coula sur ma joue lorsque que je réalisais que je serais à jamais seule. Elle avait été bien claire dans sa lettre, en précisant qu'il fallait que je vive longtemps. Je ne la reverrais plus jamais, ma seule amie avait totalement disparu, engloutit par un néant que je ne connaissais même pas. Je m'effondrais par terre en pleurant toutes les larmes de mon corps.
- Non, ne pleure pas ! Pria une petite voix dans ma tête.
Je me relevais d'un bond. Quelqu'un venait de communiquer dans ma tête, et je reconnaissais Jenny. Je regardais partout dans la pièce, mais il n'y avait personne. La voix venait de mon esprit, donc je l'avais sûrement imaginée. C'est ce que Jenny m'aurait dit.
Je deviens schizophrène.
Je séchais mes larmes. Il fallait être plus forte que cela. J'appelais Jana Sky, une cliente habituelle et mis mon manteau. Hors de questions d'appeler James dans un état pareil.
La sonnerie retentit. J'ouvrais la porte et vis Jana sur le palier. C'était une femme de mon âge, petite, brune aux yeux noisettes. Nous nous ressemblons par rapport aux traits de visage, mais nos vies n'étaient pas du tout les mêmes. Elle a un mari et deux enfants de 1 et 3 ans. C'était ma première cliente, elle est venue me voir à cause d'un problème dans son couple. Son mari l'avait trompée récemment et, depuis, elle est devenue très possessive.
- Salut, on va où ? Demanda Jana.
Elle avait l'air surprise par mon invitation.
- Faire du shopping, ça te dit ? Répondis-je.
Je ne savais absolument pas ce qu'elle aimait faire en temps normal. Elle a eu l'air gênée.
- Ouais... Dabria, je voulais te dire que je suis désolé pour Jenny...
- C'est pas grave, je suis sûre qu'elle va revenir.
Malgré ma fausse détermination très mal jouée, Jana fut convaincue. Elle était naïve.
Nous étions dans une boutique de Covington. Tout était normal et cela me plaisait. Cette sortie s'annonçait très bien et je faisais tout mon possible pour ne pas penser à Jenny et à James.
- Tu préfères quoi? Demanda Jana en me montrant deux tenues très différentes l'une de l'autre.
- J'opterais pour le maillot noir, répondis-je en pensant soudainement à James.
- Ah, fit-elle.
Jana fouilla alors dans les pantalons à la recherche d'un jeans assortit. Je restais dans les T-shirt lorsque je vis une ombre par la fenêtre du magasin passer à toute vitesse. Puis une autre qui semblait la poursuivre.
Je laissais tomber le lot de maillots que j'avais dans les bras pour faire un bond de frayeur. Jana et les deux caissières semblaient ne pas avoir remarqué les deux silhouettes. Je m'approchais de mon amie, perplexe.
- Euh... Je vais faire un tour dans la boutique d'en face. Je t'attends là-bas, lui expliquais-je.
- Ok, répondit-t'elle.
Je sortis et regardais aux alentours. Rien à signaler. Je courus dans la direction de la course-poursuite qui avait eu lieu devant mes yeux. Je ne voulais pas savoir quel danger cela représentait car je ne me souciais plus de rien.
- Non, cria la voix de Jenny dans ma tête. N'y vas pas !
C'était mon imagination, rien d'autre que mon imagination. Je poursuivis ma course lorsque, soudain, je dus m'arrêter. Un cul de sac, génial.
Je repris mon souffle lorsque tout à coup, je fus plaquée contre un mur. Tout mon poids se retrouvait alors sur mon bras gauche et ma tête heurta quelque chose. Je hurlais de peur et de douleur lorsque je compris qu'une personne bloquait tous mes mouvements. Cette personne devait une force incroyable car je me débattais du mieux que je pouvais sans parvenir à m'échapper.
La ruelle était déserte et ce fut seulement maintenant que je me rendis compte avoir été trop loin. Je n'étais qu'une idiote, j'aurais dû écouter la voix de Jenny ! On m'assomma d'un violent coup de poing et je partis dans un lointain tourbillon de souffrance...

GARDIENWhere stories live. Discover now