P comme Pandore

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-       Je suis grosse. Remarquai-je debout devant mon miroir.

La bretelle de mon soutien-gorge serrait trop ma graisse de l'épaule. J'étais hideuse. Pandore Reast était une nana affreuse.

-       Pandore, va m'acheter du lait ! Me cria ma sœur en entrant dans ma chambre.

Je remis mon t-shirt rapidement, le temps qu'elle ne me voit pas et qu'elle me laisse un semblant d'intimité. Je détestais cette vie, ce corps, cette maison, cette famille, cette ville. Je détestais tout ici. Y compris moi-même.

Je sortis rapidement, enfourchai mon vélo, me demandai sincèrement si je ne devrais pas manger. Ma dernière pomme remontait à hier dans la matinée, je commençais à avoir du mal à pédaler et marcher sans avoir envie de m'écrouler par terre.

Mais j'étais trop grosse et trop hideuse pour me laisser aller dans mes pauvres caprices tels que la faim.

Le supermarché n'était pas loin, il était à quelques minutes du commissariat de police rien de très compliqué.

Les quelques secondes qui suivirent furent les pires et les plus belles de ma vie. Une bagnole était sortie de nulle part de la route, ne me laissant même pas le temps de réagir, elle s'arrêta brusquement juste devant moi. À quelques centimètres près, j'aurais pu mourir accidentellement. Tant mieux, une fille aussi effroyable que moi ne devrait même pas survivre tant d'années.

-       Ça va ? Demanda le conducteur.

Le garçon devait avoir mon âge, une cigarette à la main, le tatouage recouvrant son cou, je crus m'être perdue dans un rêve. Quelques secondes plus tard, sans son aide, je sentis mes membres défaillir. Je tombai sur le sol, raide morte.

« Hé réveille-toi ! »

J'ouvre mes yeux précipitamment. Le noir de mon esprit se perdait et se troublait dans la lumière du paysage qui m'entourait.

-       Bon dieu, tu m'as foutu une sacrée trouille. Tu t'es évanouie comme ça, pouf, d'un coup ! J'ai cru que je t'avais touchée au final mais pas du tout. Tu as l'air déshydratée et complètement morte de faim. Raconta-t-il alors que je saisissais la moitié de ses mots.

« Faim »

-       Je ne peux pas manger. Répliquai-je instantanément.

J'avais la bouche pâteuse, les membres engourdis et mon ventre rongeant mes entrailles.

-       Ça fait une heure que je suis garé ici en essayant de te réveiller. Je t'ai même acheté quelques friandises et des barres de chocolats. Tenta-t-il avec un sourire attendrissant.

Il était carrément canon. Le genre de gars que vous ne trouviez que dans les séries ou chez le tatoueur. En tout cas, il était vachement beau et séduisant.

-       Je suis trop grosse pour ces sucreries. J'ai dix-sept ans, je dois m'entretenir avec des produits saints comme des pommes ou... des poires ?... Ajoutai-je en grimaçant.

Ma tête était lourde, j'avais l'impression de peser une tonne rien qu'avec le amas de migraines qui emplissait mon esprit.

Le visage de l'inconnu beau gosse se tordit en une expression abasourdie. Je ne compris pas tout de suite la cause de sa surprise.

-       Tu es anorexique pas vrai ? Interrogea-t-il en se grattant la tempe.

Je baissai les yeux. Je n'étais pas anorexique. Au plus profond de moi, tout allait bien. Je n'étais pas en harmonie avec l'univers mais je n'étais pas malade. Hors de question. Pourtant le docteur ne m'avait pas dit ça la semaine dernière. D'après eux, oui, je souffrais d'un trouble alimentaire, j'étais :

AlphabetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant