S comme Swan

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- Hé Krys ! T'es venue ! S'émerveillai-je en voyant la jolie brune assise sur un de mes transats.

Elle se tourna lentement vers moi, comme lasse de sentir ma présence dans les alentours.

La fête battait son plein, le monde grouillait à l'intérieur et le nombre de personnes se posant près de ma piscine et de la terrasse augmentait excessivement.

- J'ai eu pitié de toi. On m'a raconté que tes fêtes étaient les plus belles de la ville et vu que c'est la dernière année que je traîne dans les alentours de ce pâté de maisons, je me suis dit que ça serait sympa de venir me moquer de ces cons. Répliqua-t-elle en buvant une gorgée de son cocktail.

Je ne pus m'empêcher de sourire face à sa réponse, les yeux fixant les siens. Des cris s'élevèrent soudainement du salon.

- Je vais aller voir ce qui se passe. Annonçai-je avec un soupir.

Krys haussa les épaules avant de reprendre ses observations.

Le salon puait l'alcool, l'étouffement et le renfermé. Les adolescents se pressaient étonnamment tous vers l'entrée. Je compris rapidement ce qui arrivait, l'invité d'honneur venait de faire son entrée.

Horace le fugueur était de retour.

Emeraude sautait littéralement de joie et de soulagement depuis quelques jours. Le retour de son ami cher lui redonnait un peu de vie. Ma sœur était devenue incommensurablement folle de bonheur.

- Hé la populace, je suis peut-être de retour mais pas forcément pour toujours ! S'écria la star de la soirée en brandissant un verre de bière fraîchement versé.

Le monde autour, rit, comme retiré de tous leurs tracas. La moitié des personnes était bourrée, l'autre s'abstenait pour probablement aller fumer plus tard. C'était fou comme le gars le plus détesté du lycée pour son orientation sexuelle était devenu le plus prisé des amitiés.

Horace cherchait quelqu'un du regard, comme inquiet par sa présence. Yann. Mon meilleur ami n'était pas encore arrivé et je me demandais sincèrement ce qu'il faisait de si intéressant pour me lâcher lors d'une telle soirée.

- Calixte ! Cria-t-il en voyant la silhouette féminine familière de sa meilleure amie dressée devant le buffet.

J'avais tort, il la cherchait, elle. J'adressai un petit regard à ma sœur qui, folle de jalousie, regardait le garçon rejoindre la fille. Elle ne le devait pas, il était de retour et il aurait sûrement un peu de temps pour elle.

J'admirai la scène qui se déroulait devant moi, Horace et Calixte n'avaient pas l'air d'être en très bons termes. Tandis qu'Emeraude était sincèrement contente de le retrouver, Calixte était plutôt du genre à lui en vouloir d'être parti. Deux visions opposées de son retour que je ne soutenais aucunement.

Yann était réellement en retard et je m'inquiétais sincèrement. Même son frère était arrivé plus tôt que lui ; ce qui n'était absolument pas habituel.

Je repartis vers la terrasse, une nouvelle bouteille de whiskey dans les mains et cherchai des yeux Krys.

Elle avait disparu. Plus aucune trace d'elle sur les transat', ni autour de la piscine. Génial, la seule fille qui m'intéressait dans ce trou à rats s'était délibérément cassée. Je fouillai les endroits avec peu de monde avant d'avoir cette illumination soudaine.

La cabane.

À l'autre aile de mon domaine, je grimpai jusqu'à ma petite cabane en bois bien solide. Cela faisait longtemps que je n'étais pas monté dessus. La petite porte était assez difficile d'accès et je devais me plier en deux pour rentrer à l'intérieur. Par chance, elle se trouvait bien là.

- Tiens, t'es venu me chercher. Remarqua-t-elle avec un petit sourire faussement étonné.

Cette fille était dotée d'un tempérament spécial que personne ne pouvait réellement décrypter. Je bus plusieurs gorgées cul sec d'une bouteille posée sur le sol, arrachant ma gorge de nombreux spasmes.

- On est un peu à l'étroit. Objectai-je en posant ma main sur le plafond.

Krys me sourit, s'écarta légèrement pour avoir la vue sur la villa qu'offrait ma petite ouverture renommée « fenêtre ».

- Ta tour de contrôle me plaît bien. On voit un début de ville, c'est pittoresque comme impression, d'avoir la ville si active se transformer en de simples points de lumière. Je reviendrai ici plus souvent. Lança-t-elle presque en transe.

Mon côté joueur s'émerveilla machinalement.

- Alors comme ça, tu cherches à me retrouver plus souvent ? Je te rappelle que ce repère m'appartient et que tu vas devoir passer par moi pour venir ici. Susurrai-je espièglement.

Les filles que je connaissais auraient toutes sûrement lever les yeux au ciel avant de soupirer d'exaspération. Krys se contenta de s'approcher davantage de moi, le visage à la hauteur du mien.

- Ce flirt est si ridicule. La bêtise humaine réside dans ce manque de tact. Si tu avais vraiment envie de me voir venir te voir plus souvent tu aurais dû attaquer directement et non pas prendre ce faux air joueur. Assura-t-elle avec un malin plaisir à pencher sa tête.

Mon attention s'était entièrement posée sur ses lèvres. Sa beauté et son intelligence me coupaient à chaque fois le souffle. Elle illuminait chaque recoin de la cabane. Les aveugles n'avaient pas besoin de me voir pour comprendre, ils n'avaient qu'à entendre mon souffle saccadé se déposer sur sa peau. J'étais ivre d'amour.

- Je peux t'embrasser ? Demandai-je en fronçant les sourcils.

Cette question aurait été de trop avec une autre fille. Mais Krys n'était pas comme les autres, je devais avoir son autorisation. Elle s'écarta, le sourire aux lèvres, transformant mon attente en supplice.

- Je ne donne pas mon baiser au premier venu. De plus je suis légèrement bourrée ce qui augmente les chances d'être rongée par les remords le lendemain. Si tu veux m'embrasser Swan pété-de-thunes, tu dois au moins me prouver comme tes ambitions sont logiquement pures. Argumenta-t-elle en posant son visage sur le rebord de la soi-disante fenêtre.

J'étais déçu et euphorique à la fois.

- Tu es une fille drôlement spéciale Krys. Achevai-je sans aucune prétention de la vexer.

Elle était plus spéciale que n'importe quelle fille de ce monde de chiens. Je faisais souvent des furtives apparitions lorsque je croisais son chemin dans les couloirs, la bloquant rapidement, pour éviter qu'elle ne me fuie. J'avais toujours cru n'avoir aucune chance, cette escapade en haut d'un arbre m'avait prouvé le contraire.

Elle se redressa.

- Un con a voulu m'embrasser ! Hurla-t-elle en riant franchement.

Du monde se retourna sans identifier la source des propos. Le cri avait été si surprenant que cela avait laissé quelques ados déboussolés.

Je me prêtai au jeu.

- Con mais amoureux ! M'époumonai-je en me détendant.

Elle se retourna subitement, le sourire aux lèvres. Il me fallut un moment pour me rendre compte que ses lèvres tant désirées s'étaient posées curieusement sur ma joue.

AlphabetWhere stories live. Discover now