V comme Violette

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La fête de Swan battait son plein en bas. Feodor et moi étions monter en haut, dans une chambre mal éclairée.

Il ne lui fallut que deux petites minutes pour me déshabiller, enlever mon soutien-gorge et passer sa main sous mon bas. Deux minutes qui me bloquèrent la respiration, la vue brouillée.

-       Feodor, je... suis désolée. Marmonnai-je en reculant.

Je ramassai mes affaires, me sentant à découvert, la poitrine à l'air. Encore une fois, je n'y arrivais pas, encore une fois, je perdais les pédales lorsqu'il allait un peu trop loin.

-       Ce n'est pas grave, si tu n'es toujours pas prête, je comprends. Assura-t-il en évitant de croiser mon regard.

Ma gorge était sèche et j'avais l'estomac tout retourné. Mon cœur battait la chamade sur l'instant. Avant, ça allait, juste des baisers, des mains collées ou sur la cuisse et des regards compréhensifs. Depuis ces vacances, chaque baiser un peu trop langoureux nous ramène à cette situation. Le problème était là et nous devions le confronter tristement : Feodor était prêt à la prochaine étape, pas moi.

-       Écoute, je... Débutai-je en me rhabillant.

Il ne m'écoutait pas, perdu dans ses pensées. Feodor était un chic type, aucun doute sur le sujet mais à force de l'être, j'avais toujours posé cette barrière entre nous deux, celle qui disait que j'attendais de le faire avant le mariage alors que non, ce n'était pas le cas, je n'avais juste pas du tout envie.

Quelque part en moi, je savais pertinemment pourquoi ça n'irait jamais aussi loin entre lui et moi. Mon cœur avait arrêté de battre pour lui depuis la minute où on s'était mis ensemble. Il battait pour quelqu'un d'autre. Quelqu'un que je côtoyais chaque jour, qui n'avait d'yeux que pour son meilleur ami et délaissait celle qui avait toujours été là à ses côtés : ma meilleure amie, Emeraude.

Pourtant, je restais dans ce déni constant, en tentant de croire que Feodor était la personne idéale. Je fermai les yeux et je me mis à me questionner. Ça ne marcherait pas. Feodor était si beau en y réfléchissant, le genre de gars que ma famille affectionnait particulièrement. Nous étions faits l'un pour l'autre. Si seulement...

-       J'attendrais autant qu'il faudra Violette, c'est juste moi qui m'emporte, qui croit que les signes que tu m'offres me poussent à franchir la ligne. Je n'aurais pas dû, encore une fois... S'excusa-t-il atterré.

Je l'ai pris dans mes bras, mais il me repoussa doucement en plongeant son regard dans le sien.

-       Je crois que je suis arrivé à un âge où j'en ai marre de devoir jouer l'ado qui se cherche Violette. Je crois... que la meilleure chose à faire serait de faire une pause pour nous deux. Ne t'inquiète pas, je ne te quitte pas parce que tu ne veux pas coucher ou quoi que ce soit dans le genre. Si je te quitte, c'est parce que zut, je n'arrive plus à croire en nous. J'ai comme l'impression que ça ne fonctionnera pas, et que tôt ou tard, on se retrouvera à être le genre de couple que sont mes parents où les deux osent à peine se frôler. Je pensais qu'on s'aimait assez, mais là quand j'en parle, tous les verbes sont au passé. Expliqua-t-il en reculant définitivement.

Aucune larme, aucun cri de désespoir, juste un terrible et immonde soupir de soulagement.

-       C'est horrible comme les fêtes séparent les couples ou en forment. Remarquai-je sans savoir quoi ajouter d'autre.

Je n'avais pas les mots qu'il fallait en tête et cette rupture d'ados ne me faisait ni chaud ni froid. Il quitta la chambre silencieux en me jetant un dernier regard.

En descendant les marches des escaliers à mon tour, une voix vint éclairer mes sens. Emeraude accourait vers moi, totalement soûle, les joues en feu.

-       Horace joue au bière-pong ! VIENS LE SUPPORTER AVEC MOI ! Cria-t-elle dans mes oreilles.

J'obéis calmement et atterris dans le cœur même des festivités où Horace, imbattable, foutait une raclée phénoménale à Calixte qui avait l'air de beaucoup moins lui faire la gueule. Toutefois, à la fin de l'action, celle-ci jeta un verre dans la face du meilleur pote/crush d'Em'.

-       C'était pour te purger de toutes tes conneries, vraiment Horace, t'es con. Termina-t-elle en riant.

Tout le monde autour rit de bon cœur. Soudain, des coups incessants à la porte nous ramènèrent à la réalité.

-       Merde les flics ! S'écria Emeraude en s'avançant vers la porte pour vérifier.

Le silence plana durant une dizaine de minutes avant de voir la propriétaire des lieux ouvrir la porte. Aucun flic, seulement un Yann aux yeux rouges, le cœur las, le téléphone contre son cœur.

D'une voix hésitante, il questionna :

-       Est-ce qu'Horace est là ?

AlphabetWhere stories live. Discover now