Aucune raison de s'inquiéter

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Ils s'étaient rencontrés en cours d'allemand. Ils étudiaient les langues à l'université.

Le garçon avait, comme tant d'autres, choisi son orientation au hasard. Il n'était pas heureux, mais pas non plus fondamentalement malheureux. Il s'ennuyait, cela était certain – mais il s'était ennuyé toute sa vie. Il pensait trop vite. Il vivait dans une sorte de gris infini. De vagues reflets et nuances le traversaient, sans ajouter de piment. Les couleurs étaient lointaines.

Le garçon venait aux cours parce qu'il n'avait pas beaucoup d'autres endroits où aller, ou par un occasionnel sens du devoir, une miette d'envie de réussir. Il passait ses heures assises la tête reposée contre une main, les doigts dansant sur son bureau, la lointaine silhouette du professeur nageant sous ses yeux, derrière les rangées de têtes chevelues. Il voyait tout mais ne regardait rien.

Tout changea lorsqu'ils se rencontrèrent – le garçon cessa de s'ennuyer.