Aucune raison de s'inquiéter

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Le désordre était splendide, dans sa différence avec la tanière nue du garçon. Des vêtements, papiers, romans s'étalaient, se dressaient tels des tours, parcourues par une vague odeur d'eau de Cologne. C'étaient les toiles, les plus fascinantes. Le garçon ne connaissait rien à la peinture, mais il ressentit quelque chose à la vue de celles-ci, quelque chose qui ne lui parut pas déplaisant. Les formes lui semblaient dépourvues du moindre sens, mais les couleurs l'attiraient. Il regretta d'être vêtu de gris : il se rendait seulement compte que le gris lui déplaisait au plus haut point.

-Ne réfléchis pas, dit l'Artiste. C'est en réfléchissant qu'on ruine la toile.

La peinture éclaboussa le canevas vierge, couleur brute et directe contre le blanc des promesses. L'Artiste laissa tomber son grand pinceau dans le seau au contenu rouge.

-A toi, fit-il avec un sourire en coin.

Le garçon choisit une autre couleur, et l'imita, son geste plus maladroit, mais efficace.

-C'est de l'art, ça ?

-Tout est de l'art, affirma l'autre.

Puis son regard pesa plus lourdement sur le garçon.

-Surtout toi.