Confidences d'un confinement...

1er jour

Je me réveille, j'ouvre les yeux, tu dors encore, je perçois le faible ronflement que tu émets, une sorte de ronronnement, tel un chat et je sais que tu dors encore... Dans la pénombre de la chambre, j'observe ton profil, tes sourcils et ton visage sont détendus. Sous un air calme, tu caches ton manque de confiance en toi, sous un sourire timide, tu caches ton anxiété. Peu de temps que l'on se connait, mais je commence à percevoir ce petit coeur fragile et brisé, que tu planques sous ta carapace "d'homme fort". Et j'aime cet aspect de ta personnalité, c'est ce qui m'a touchée d'abord. Je sais que ces jours de confinement ensemble peuvent être à double tranchant : soit notre couple, encore jeune, explose et on se quitte. Soit, cela nous rapprochera et nous permettra de poser des bases solides pour le futur de notre relation.

Je prends mon téléphone et regarde l'heure : 7h30, décidément, week-ends, jours fériés et confinés, mon corps semble toujours vouloir se réveiller à cette heure-ci. Je le repose sur la table de nuit, et me tourne, je vais essayer de me rendormir.

Je ne sais pas combien de temps j'ai somnolé, mais je sens ta main, qui caresse ma cuisse en douceur, toujours ce petit geste tendre pour savoir si je suis réveillée. Je me tourne vers toi, tu me souris, je m'approche et viens me blottir contre toi. À ce moment là, je sais que je n'aurais voulu vivre ce confinement nulle part ailleurs qu'ici avec toi.

Une de tes mains caresse mes cheveux, il y a toujours tellement de tendresse dans tes gestes, tu n'imagines pas à quel point cela me touche. Parfois je ressens une bouffée d'émotion de recevoir autant de douceur. Je n'y étais pas habituée. Les autres (pas qu'il y en ait eu tant que ça, juste 2) n'ont jamais eu de gestes comme les tiens. Avec toi, je me sens traitée avec douceur et respect. Ça change et ça fait du bien. J'ai l'impression d'enfin compter pour quelqu'un...

Tu m'embrasses avec tendresse, puis tu te lèves, tu ouvres un peu le volet et le soleil vient inonder la chambre de sa lumière. Tu ris doucement en disant qu'à défaut d'aller nous balader, on profitera du balcon. J'acquiesce en silence et tu reviens sous la couette. Pas besoin de se presser, enfin, tu dois quand même faire un peu de télétravail, mais bon, tu t'es autorisé à ralentir un peu le rythme. Ces dernières semaines ont été difficiles pour toi et tu mérites bien un peu de calme.

Dans tes bras, je me sens bien, en sécurité. Quand l'annonce du confinement a été prononcée, je me suis demandée quoi faire. Rester seule chez moi ? Ou te proposer de venir ici quelques jours ? Tu m'as, en quelque sorte, coupé l'herbe sous le pied. Tu m'as appelé et tu m'as juste dit :

" Prends des affaires et viens chez moi."

C'étaient les mots que je rêvais d'entendre. J'étais rassurée, ce confinement tu ne voulais pas le vivre seul, tu voulais le "partager" avec moi.

J'ai donc préparé un sac, avec quelques vêtements, mon pyjama, ma trousse de toilette n'avait pas besoin d'être garnie, chez toi j'avais déjà quelques produits de beauté et à quoi bon prendre de quoi me maquiller, c'était l'occasion de faire faire une pause à ma peau. J'ai quand même pris de quoi me faire un masque ou deux, un soin pour mes cheveux longs et du vernis à ongles.

J'ai pris quelques livres, qui attendaient sagement dans ma bibliothèque d'être lus, mon ordinateur portable, pour m'occuper durant les journées où tu travaillerais. Puis j'ai pris les produits frais qui étaient dans mon frigo, les ai mis dans un sac à surgelés, fermé les volets de mon appartement, attrapé les clés de ma voiture qui étaient dans le vide poche à l'entrée, fermé la porte à clé et me suis dit que je ne reviendrais pas chez moi avant, au moins, 15 jours. Et étonnamment, cela ne m'a pas paru si bizarre que ça. Bon si un peu, mais je ne saurais dire pourquoi, je savais que je n'avais pas à m'inquiéter, je ne vivrais pas seule cette période étrange de ce début d'année 2020. J'étais sereine.