la légende de Nyirdall, Tome 1

Chapitre 11

Ça faisait maintenant quatre heures que Leerian, Danayelle et Mishi étaient enfermés dans la petite maison de bois au toit rouge. Ils avaient envisagé diverses solutions pour s'enfuir, tels que sauter par l'une des fenêtres et courir à toutes jambes, mais Mishi n'était pas aussi rapide qu'un elfe et se serait probablement fait attraper par un troll. Danayelle avait voulu, malgré tous les risques, essayer d'exploser un mur, et Leerian avait réussi à la raisonner en disant qu'il n'avait pas envie de mourir aujourd'hui. Ils avaient même cherché pour une cave ou un grenier, sans vraiment savoir pourquoi, et n'avaient rien trouvé. Finalement, ils s'étaient résolus à assister à ce fameux diner, qui ne pouvait quand même pas être si terrible que ça. Mais Leerian était celui qui appréhendait le plus ; s'il suffisait d'être poli pour s'en sortir, il valait mieux pour lui se déclarer muet ou idiot.

— Qu'est-ce qui va se passer, vous croyez ? demanda Leerian après un long moment de silence, assis à même le sol à fixer bêtement l'un des murs couleur terre. Peut-être que ce sera nous, le diner.

Leerian pouffa de rire pour lui-même. S'ils comptent dévorer ma chair empoisonnée, ils vont avoir une belle surprise à la prochaine pleine lune. Son hilarité doubla en puissance en essayant d'imaginer à quoi ressemblerait des trolls loup-garou. Est-ce que leurs poils seraient vert ? Est-ce que leurs crocs seraient des multitudes de défenses leur sortant de la bouche dans toutes les directions ?

— Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ? s'étonna Danayelle.

— Je crois que son cerveau est en train de lâcher, fit Mishi.

Bien sûr, Leerian se figurait n'importe quoi. Un loup-garou ne pouvait contaminer d'autres gens qu'à la pleine lune, en pleine transformation. Ainsi, la moindre goutte de sang était suffisante. Mais peut-être que s'ils me bouffent tout entier, ça fera une différence...

— Leerian ? insista Mishi.

— Ouais, oui, je suis encore là, dit-il, parvenant enfin à reprendre son sérieux. C'était quoi, la question ?

— C'était toi qui en avais posé une, d'abord.

Leerian secoua la tête tout en mettant ses mains à plat sur son visage. Puis il pouffa à nouveau d'un rire nerveux qui inquiéta les deux filles.

— Oh, merde, je veux juste sortir d'ici... j'étouffe...

— Je crois que tout va bien se passer, dit soudain Danayelle pour revenir à la question du départ. S'ils voulaient nous tuer, ils l'auraient déjà fait.

— Te tuer, la corrigea Mishi.

Danayelle rougit sévèrement. Elle détourna le regard de la sirène pour le poser sur Leerian ; il était toujours enfermé dans son propre esprit, ses mains sur son visage.

— Leerian.

Celui-ci écarta un doigt pour laisser passer un œil qu'il braqua sur la blonde.

— T'es conscient que c'est grâce à toi que je ne suis pas morte ?

— Un peu.

— J'espère que tu ne vas pas m'abandonner au deuxième round.

Leerian abaissa lentement ses mains, les plaquant sur son menton. Il ne comprenait pas ce que Danayelle voulait dire. Elle s'expliqua :

— C'est ton sang royal qui nous a sorties de là. Il va falloir que tu continues sur ce sujet. Les trolls vont forcément t'interroger là-dessus, et s'il te plait – s'il te plait ! – ne les envoie pas balader comme tu le fais avec nous. C'est sérieusement une question de vie ou de mort.