Chapitre 14 (2/2)

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Egrim réapparut à la porte de la chambre de Rosa, qu'il s'était remis à frapper de son poing. Elle répondit beaucoup plus vite que la première fois, maintenant habillée d'un leggin noir et d'un ample teeshirt rouge. Ses cheveux ressemblaient toujours à une crinière de lion, mais elle avait une brosse dans la main.

— Tiens, encore toi... Tu es revenu sur ta position ?

— Ouais. Je te dis rien ; tu m'aides ou je te kidnappe.

Rosa abaissa sa brosse, étonnée du ton déterminé qu'elle entendait dans sa voix. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il renonçait rarement aux idées étranges qui pouvaient lui passer par la tête.

— Tu viens avec moi ? insista Egrim en tendant la main. Je demande par politesse, parce que si tu dis non, tu viens quand même.

— Tu passes du côté obscur de la Force ou quoi ?

— Pas si tu dis oui.

Rosa leva les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire de plus ? Elle posa sa main dans celle d'Egrim et le décor changea instantanément autour d'eux. Ils étaient maintenant dans le sous-sol de l'Institut ; un grand espace ouvert parsemé de poutres de soutien, tout en béton. Un côté de la pièce était recouvert de banc en estrade, alors que tout le reste de la salle était empli d'objets étranges, tels que des piliers, des trapèzes de gymnaste et des cordes suspendues au plafond. Tout s'étendait sur près de trois cents mètres. C'était ça, la course d'obstacles ; la parcourir en moins d'une minute, en se téléportant d'un coin à un autre, sans aucune embuche.

Egrim en avait déjà été spectateur plusieurs fois. Il savait ce qu'il fallait faire, et il savait surtout de quelle façon ça pouvait tourner mal. Tous ces obstacles, tellement nombreux, tellement dangereux... rien que des trucs qu'il risquait de fusionner avec. En plus, c'était un peu comme le jeu « le sol, c'est de la lave ». Il devait absolument passer par les obstacles, sinon c'était perdu.

— Tu te sens vraiment capable de faire ça ? demanda Rosa.

— De moins en moins, avoua Egrim. Mais je dois essayer.

— Et pourquoi tu dois essayer ?

Egrim lui lança un regard en coin ; elle s'était mise à se brosser les cheveux, une mèche pleine de nœuds à la fois. Il ignora sa question et s'avança vers la ligne de départ. C'était un petit stand de bois d'une dizaine de centimètres de haut. Sur un présentoir à côté, il y avait des poids en forme de bracelet qui s'accrochaient à ses avant-bras et ses mollets, de vingt livres chacun. Rien que pour rendre la tâche encore plus difficile. Il les mit au-dessus de ses vêtements, puis observa le premier obstacle dix mètres plus loin. Ça débutait en force ; c'était une poutre minuscule, rien qu'assez large pour y poser un pied. Il fallait qu'il soit extrêmement précis, ou la chute de trois mètres risquait d'être douloureuse.

Mais Rosa était là. Au moindre problème, elle le soignerait et il pourrait recommencer.

Confiant, il se téléporta. L'atterrissage fut parfait ; un seul pied sur la poutre, l'autre dans le vide. Egrim sentit son cœur lui remonter dans la gorge quand il se mit à basculer, déséquilibré, mais se reprit à temps en balançant les bras.

— T'es complètement malade, fit Rosa depuis le sol.

— C'est ce qui fait mon charme, répondit Egrim avec un sourire crispé.

Le deuxième obstacle était une corde qui pendait du plafond. Environ au milieu, il y avait un bout de scotch noir, indiquant à quel endroit il devait l'attraper exactement. Egrim se concentra, et se téléporta à nouveau. Il apparut tout près de la corde, mais complètement dans le vide. Il se mit aussitôt à tomber, un hurlement de panique sortant malgré lui de sa gorge, mais parvint à serrer ses mains autour de la corde avant la catastrophe.

la légende de Nyirdall, Tome 1Where stories live. Discover now