Chapitre 30 (2/2)

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— Moi ! fit Danayelle. Je n'ai pas peur du maquillage, je suis courageuse ! dit-elle d'un ton faussement impressionnant.

Egrim pouffa de rire, le poing pressé contre ses lèvres. Le sort que lui avait lancé le mage pour la maintenir calme agissait toujours. Il faut que j'apprenne à faire ça !

La fée s'attaqua aussitôt à la blonde, étalant les produits de beauté sur son visage comme de la peinture sur une toile. Mishi la regardait faire, impressionnée, alors que Leerian, sans se faire remarquer, s'était un peu approché d'Egrim.

— C'est tellement stupide, dit-il dans un murmure. Je suis accusé de meurtre et on se déguise comme si on se préparait pour une pièce de théâtre.

Egrim déglutit en levant les yeux vers Leerian. Son sourire avait complètement disparu.

— Mais... ce que disait le journal... est-ce que c'est vrai ?

Leerian détourna la tête en soupirant. Au loin, Mishi leur lança un regard de côté.

— Oui, fit Leerian d'une toute petite voix. J'ai... bon sang. J'ai pété les plombs... Mais... je ne saisis pas comment ça a pu se savoir.

— Tu ne les as pas tous tués.

— Non, mais...

— Peut-être que l'un d'eux avait un téléphone.

— Un... un quoi ?

— Ce n'est rien, laisse tomber... Moi, en tout cas, je te comprends. Un peu... plus ou moins. Comme Dana avait dit ; eux-mêmes cherchaient à vous tuer depuis un moment. C'était la guerre qu'ils avaient eux-mêmes commencée, et ils te punissent pour l'avoir gagné. Ce ne sont que des mauvais perdants.

— Si tu le penses, marmonna platement Leerian.

Un silence embarrassant s'éleva entre les deux garçons, tous deux regardant dans des directions opposées. Egrim soupira discrètement entre ses lèvres ; lui qui souhaitait tellement l'impressionner et devenir son ami pouvait maintenant mettre une croix sur cet espoir idiot. Au mieux, ils étaient des connaissances. Mais ils ne ne seraient jamais plus.

D'un autre côté, Leerian conservait une pointe d'apaisement dans son cœur malgré le sentiment que son monde tout entier avait commencé, pierre par pierre, à s'effondrer autour de lui. Tout ce qui l'aidait à ne pas fondre en larmes comme un gros bébé était l'idée de ne pas être seul. Il était entouré d'amies... et même un ami.

— Aïe ! Non, arrête ! Arg !

— Laisse-toi faire !

— Arrête, c'est très sensible !

Leerian et Egrim tournèrent la tête vers Danayelle et Narsa. Les deux filles se battaient à coup de claque, l'une essayant d'approcher l'elfe avec un rouleau de scotch et l'autre s'efforçant de l'éloigner.

— Eh, vous faites quoi ? s'étonna Leerian en faisant un pas dans leur direction.

À bout de nerfs, Narsa fit apparaitre ses étincelles vertes qui s'enroulèrent autour des poignets de Danayelle, l'empêchant de riposter. La fée profita de la seconde de répit pour terminer ce qu'elle avait commencé ; elle se découpa un gros morceau de scotch, balança les cheveux de Danayelle derrière son épaule, et colla son oreille contre son crâne. En remettant ses cheveux en place, l'une de ses longues oreilles pointues semblait avoir disparu. Leerian fronça les sourcils, mal à l'aise ; ça lui faisait bizarre de ne plus en voir le bout dépasser de trois centimètres.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Ouais, pourquoi tu fais ça ?! renchérit Danayelle qui se débattait avec ses liens magiques.

la légende de Nyirdall, Tome 1Where stories live. Discover now