Un sac arc-en-ciel

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Tout à commencé par un sac arc-en-ciel. Ou presque. 

 Un sac arc-en-ciel, parmi les gens en bleu marine ou en noir, forcément, ça se voit. 

 Mais je n'y ai pas prêté attention au début. 

J'avais 16 ans, j'entrais en première dans un nouveau lycée, ce sac arc-en-ciel était le dernier de mes soucis. J'ai découvert qu'il y avait un garçon trans dans ma classe.Quand je l'ai dis à ma mère, qui est plutôt orienté Manif' pour tous même si elle s'ouvre petit à petit, elle m'a dit qu'elle (en parlant de mon pote) n'avait juste pas eu des parents présents pour lui expliquer ce qu'être une fille signifiait, juste avant de me dire de me redresser, parce que 1) j'allais finir bossue si je continuais comme ça et 2) j'étais une fille, j'avais des seins, il fallait les assumer. 

 Mais c'est ainsi, depuis toute petite, je ne me sentais pas tout à fait moi et je prenais un certain plaisir à piquer les vêtements de mon grand frère -on fait à peu près la même taille et on a qu'un an de différence-, ou à ce qu'on m'appelle « jeune homme » ou « mon garçon ». 

 En cours d'HLP (humanités, littérature et philosophie), j'ai revu la fille au sac arc-en-ciel. Nous avons sympathisé et elle m'a expliqué que l'arc-ciel était le symbole de la communauté LGBT+, et qu'elle était elle-même pan, c'est à dire qu'elle pouvait aimer tout le monde, garçon, fille, trans, etc. 

 Cette rencontre m'a changé quelque chose en moi, mais je n'en pris pas conscience tout de suite. 

À l'époque, je n'y connaissais pas grand chose à la communauté LGBT+, et mon seul lien avec avait été une fille en primaire qui avait deux mères -je me demande si elles se sont mariées d'ailleurs-. 

Vint alors le premier confinement, où j'ai eu le temps de me poser, de prendre le temps de réfléchir sur moi-même. J'ai découvert à ce moment là que j'étais aro ace (aromantique et asexuelle, le combo du non-amour), que j'étais une plante verte, mais une magnifique plante verte. 

 Vous connaissez la suite. Déconfinement. Sortir dehors. Retour parmi les humains (ou comment mettre mon associabilité à vive épreuve). Retour parmi les blair... au lycée. Fin des cours. Grandes vacances pour deux mois. 

 Au mois d'août, je suis partie une semaine en Italie du Nord, SANS INTERNET. Ce qui m'a permis de réfléchir et de découvrir que j'avais un crush sur une amie - don't j'ai découvert plus tard qu'elle était bi-. 

Sautons un peu dans le temps jusqu'à mon anniversaire -17 ans, wouw!-, puis hop, dans la foulée, voilà la rentrée 2020, où je déménage chez mon père (mes parents sont divorcés). 

 Et c'est là que rien ne va plus car mon père -et ma belle-mère- sont homophobe et transphobe. 

Et sans mentir, leur propos sont vraiment pas cool, pour dire ça poliment, mais ça me donne l'impression d'être un ninja - agent secret ou un espion en mode James Bond mais version LGBT+, ce qui a un certain charme, on va pas s'le cacher. 

Encore aujourd'hui, ça me fait rire d'être au milieu de gens hétéro et ces qui pensent que je suis « comme eux ». Et c'est, en un sens et selon moi, intéressant de voir comment ils nous voient -généralement, c'est avec le filtre de l'intolérance et du dégoût-. 

Je me souviens d'avoir discuté avec un ami, qui m'avait dit mot pour mot et je cite : « Voir deux gars qui s'embrassent, c'est pas viril, mais voir deux filles qui s'embrassent, c'est excitant. » 

 Vous auriez dû voir sa tête quand je lui ai dit a que je n'étais pas hétéro, c'était à mourir de rire, même avec le masque. 

 La seule de ma famille au courant que je porte l'étiquette « Non-hétéro » (ou « Not straight TM », comme j'aime à l'appeler), c'est ma petite sœur -qui est d'ailleurs peut-être mon petit frère-. 

Moments ClésWhere stories live. Discover now