Chapitre 10: Edenn .

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Toujours accompagnés par les deux vigils, nous traversons un long couloir. Devant nous, M. Otto tente de dissimuler son anxiété en blablatant. A travers la vitre, la vue sur la ville me donne des fourmis dans les jambes. Nous sommes tellement haut que les voitures nous paraissent minuscules.

Enfin, nous arrivons devant une porte blindée, gardée par deux autres hommes armés. Sur leur cou je distingue le triangle blanc. Aussitôt, le plus grand des deux se retourne et tape un code sur un boitier. L'entrée s'ouvre alors, dans un crissement aigus. Un souffle froid nous submerge. Un frisson me parcoure, et, plissant les yeux, essaie de distinguer la pièce face à nous.

C'est en réalité une cellule, entourée de barreaux d'aciers. Le carrelage aseptisé et les murs également blancs sont plongés dans la pénombre. Le directeur appuie sur un interrupteur, et une simple ampoule pendante au plafond s'éclaire.

 Le directeur appuie sur un interrupteur, et une simple ampoule pendante au plafond s'éclaire

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Je vois enfin l'enfant. Recroqueviller sur son lit, il cache son visage entre ses jambes. Il semble avoir environs 7-8 ans. Ses cheveux platines crasseux recouvre son front, et des bandages parsèment  son corps.

-C'est donc lui... Murmure Jo'leen, en s'approchant des barreaux.

Le directeur le met en garde :

-Doucement soldat. Il est imprévisible, et dangereux. Il a déjà tué un de nos vigils.

-Comment? Demande Andréanne.

M. Otto soupire, et répond calmement :

-Il a , d'un coup, utiliser une sorte de pouvoir psychique... L'homme s'est soulevé de quelques centimètres dans les airs, et s'est étranglé... Comme si deux mains lui serraient le cou! Mais... Il n'y avait que cet enfant dans la pièce...

Perplexe, je jette un nouveau regard sur le garçon. Il n'a pas bougé d'un pouce. Je demande alors ;

-Comment pouvez-vous être sûr que c'est bien lui qui a ce pouvoir?

-Sur la vidéo de surveillance, nous avons remarqué que juste avant cette sorcellerie, il avait murmuré quelques chose. Mais impossible de savoir quoi.

Je me paralyse de stupeur. S'il le veut, il peut tous nous tuer! Le visage sombre, Andréanne s'exclame :

-Faites nous rentrer à l'intérieur. Nous allons parler avec lui.

-Hors de question ! Conteste Chiyori. Il va nous tuer !

-Ne t'inquiète pas... Sourie malicieusement nôtre chef. Seulement moi et Edvin y allons. Vous, vous resterez dehors.

La peur m'empêche de répondre quoi que se soit, et, encore sous le choc, j'observe Jo'leen, Chiyori et M. Otto sortir de la pièce. Avant de refermer la porte, le directeur nous jette la clé de la cellule.

Andréanne me jette un coup d'œil, puis, enfonce l'objet dans la serrure. Sans hésiter un instant, elle fait coulisser les barreaux, et m'entraîne par la manche à l'intérieur. C'est alors que le petit garçon lève la tête vers nous. Stupéfaits, nous regardons les larmes couler sur ses joues. Il retient quelques sanglots et bredouille, d'un voie cristalline :

-Aidez moi... J'ai peur...

-Comment tu t'appelles? Demande Andréanne, en s'approchant doucement

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-Comment tu t'appelles? Demande Andréanne, en s'approchant doucement.

-Ed... Edenn ! S'exclame timidement le garçon.

Petit à petit, la peur que j'éprouvais envers lui s'estompe. Il n'est rien de plus qu'un gamin !

-Qu'est ce que je fais ici? Renchérit t-il, en s'essuyant les yeux.

-Du calme... Murmure Andréanne en s'asseyant à ses côtés.

Je la regarde faire. Elle a l'air de savoir réconforter les personnes... Mais... A t-elle quelqu'un qui l'a réconforte, elle ?

-Je suis Andréanne, et voici mon collègue, Edvin. Nous sommes là pour discuter avec toi. Et pour t'aider aussi. Mais d'abord, dis moi... Est-ce que tu te souviens de "l'autre monde?"

Edenn ouvre grand les yeux, et, d'un coup, plonge dans les  bras d'Ivanov. Celle-ci, gênée, ne sait plus quoi faire. Mais reprenant son sérieux, elle pose sa main sur le crâne chevelus du garçon.

-Je... Je m'en souviens... C'est l'Argus... Mon papa, il l'appelle l'Argus... Comme vous d'ailleurs...

Spectateur de la scène, je décide d'intervenir :

-Ton... Ton papa? Qui est ton papa?

-Il est pas ici...

-Oui, mais dis nous, comment s'appelle t'il? Questionne aussi Andréanne.

-Il s'appelle "Papa" !

Je souffle, agacé. Mais ma chef, elle, semble plus patiente. Elle me fait signe de m'asseoir de l'autre côté de l'enfant. Je m'exécute. Le garçon se redresse alors et m'observe méticuleusement. Soudain, brisant l'affreux silence, il éclate de rire. Puis, articule difficilement:

-Je peux voir... Je peux voir dans ton cœur !

Horrifié, je bondit du matelas. Andréanne fronce les sourcils, ne comprenant pas. Edenn s'arrête brusquement de rire et me regarde, menaçant :

-Ton cœur est pourris, Keffer.

Qu... Quoi ?!

-Il pullule de vengeance et de haine. Ton cœur est le plus dégueu que j'ai jamais vu... Pire que l'autre vigil !

Andréanne s'écrie :

-EDVIN SORS D'ICI !

A ses mots, et sans rien comprendre, je fais volte face et cours jusqu'à la sortie. Mais alors que je suis à deux doigts de la porte, une force invisible me bloque. Je sens mes membres complètement paralysés. Angoissé, je tente de me débattre, en vain. Soudain, ma gorge se noue, et je n'arrive plus à respirer. Mes idées se brouillent, je manque d'air. Cette sensation horrible me tord de douleur. Je sens mes poumons se contracter... C'est la fin... J'entends les battements sourds de mon cœur, et le sang dans mes tempes... Je... Je vais mourir....

Argus LucidityWhere stories live. Discover now