Chapitre 1

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Je me suis réveillée quand j'ai voulu me retourner pour m'allonger sur le ventre, et que j'ai écrasé mon bras droit entre le sable et ma poitrine. Une douleur incroyable m'a frappé en un éclair.
-Merde ! Me suis-je exclamée en me levant d'un bond.
Mon bras m'a à nouveau lancé et j'ai stabilisé mes chaussures dans le sable pour prendre le temps de l'immobiliser. Il pouvait bien être foulé, ou même cassé. Une vague de peur m'a envahie, mais j'ai fait mon possible pour rester un minimum stoïque. Mes mains tremblaient terriblement. Une fille, le remarquant, s'est approchée de moi. Avant, elle devait peut-être en simplement en train de traîner sur la plage. Qu'est-ce qu'elle et moi pouvions bien faire là ? Elle était blonde, affublée d'une veste army trop grande pour elle, et avait un cou que j'ai trouvé anormalement long. Ses yeux gris brillaient d'une lueur inquiète.
-Laisse-moi faire, a-t-elle proposé.
-Non, ça ira, merci, ai-je rétorqué.
J'avais peut-être besoin d'aide, mais je voulais tout de même me débrouiller tout seule. Je faisais une sacrée tête de pioche, tiens. Quand j'ai recommencé, elle m'a donné une tape sur la main ;
-Merde ! Quand je te dis que je m'en occupe, m'a-t-elle réprimandé.
Je soupire mais après une courte hésitation, la laisse faire. Elle semble y tenir plus que moi. J'en profite pour jeter un coup d'œil au paysage. Une grande plage dégagée, mi-sable mi-galets, qui commence à se border d'une falaise de petite taille deux cents mètres plus loin. Plus en retrait, une forêt de conifères. Une dizaine de personnes arpentaient la plage. Tout en gardant mon « calme », j'ai commencé à me poser des questions. Enfin, plus que celles que j'avais déjà préparées.
-Qu'est-ce qui se passe ? Ai-je demandé à la fille. On est où ?
Elle s'est concentrée encore quelques secondes sur mon bras, et j'en ai pensé qu'elle ignorait ma question. Mais j'avais besoin d'une réponse, et j'en avais besoin maintenant.
-Hey ! L'ai-je rappelée.
-Ah oui, a-t-elle fait comme si elle venait de percuter. Oh, je ne sais pas.

Voilà une réponse claire et précise. Ça m'aidait, vraiment.
-Comment ça ?
Elle a soupiré et s'est écartée de moi. Elle avait simplement fait un nœud de huit dans mon écharpe et passé mon bras dans le cercle. Je ne savais même pas comment j'avais reconnu ce type de nœud. Peut-être que ce genre de réveil brutal peut apporter des compétences en matière de nœud, qui sait ? Je me suis rendue compte que j'étais en t-shirt. Je gelais.
-Melanie Browne, avec un E, s'est-elle présentée en ignorant totalement ma seconde interrogation.

J'ai noté mentalement son nom et prénom, au cas où j'aurais à nouveau besoin de ses capacités en médecine. Vu ce que je réussissais déjà à me faire évanouie, ça se révélerait sûrement utile.
-Oh, euh, Jana Mierzwiak, ai-je fait, décontenancée et grelottante.
-C'est bizarre. C'est de quelle origine ? S'est-elle intéressée.
-Hollandaise. Maintenant tu peux m'expliquer ce qui se passe ?
-Non.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne sais pas ce qui se passe. On devrait te trouver un pull, a-t-elle suggéré.
J'ai haussé les épaules. D'accord, me suis-je dit, plus passive qu'autre chose face au choc. Melanie est remontée vers la pinède et je l'ai suivie, ne sachant pas quoi faire d'autre à part la suivre et suivre ce qu'elle me disait, pour l'instant. Ensemble, on a marché en silence jusqu'à une autre extrémité de la plage, où plus de personnes de mon âge ou presque, traînaient, discutaient ou paniquaient, assis sur différentes caisses.
Melanie a harangué quelques personnes assises sur certaines caisses et m'a sorti un pull en mailles noires, de trois tailles trop grand.
-Ça devrait faire l'affaire, a-t-elle dit.
-Absolument pas. Mais merci, ai-je répondu.
Ôtant mon bras de l'écharpe de fortune, j'ai enfilé le pull, remonté les manches pour que je puisse encore voir mes mains et remis mon bras en place. Melanie est partie quelques caisses plus loin pour me trouver de quoi faire un plâtre digne de ce nom. En attendant, je me suis assise sur une caisse, à l'écart du groupe d'une cinquantaine de personnes.
Qu'est-ce qui était en train de m'arriver ? Je venais de m'échouer sur une plage sans savoir pourquoi ? C'est pas le genre de choses que je fais le samedi soir pour m'amuser. N'importe quel autre jour de la semaine, d'ailleurs.

Échoués (FR)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora