Chapitre 15

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-Il nous donnent une chance de négocier, ai-je expliqué en tendant le Post-It à Esther.
-Ou de leur casser la gueule, a dit Ethan sans savoir de quoi il s'agissait.
-Ou de négocier, ai-je répété.
-Où ça ? Quand ? a demandé Esther.
Elle a fait passer le Post-It à Ethan, et Melanie a décidé de s'incruster allègrement pour participer à la discussion.
-Dès qu'on reçoit ce truc, sur la plage, Ethan et moi.
-Super, pile les deux qui ont les méthodes les plus divergentes de toute cette île, a soupiré Melanie.
Esther a eu comme un regard désespéré -ou bien réprobateur, pour elle. J'ai trouvé ça un peu vil de sa part.
-Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? A-t-elle fait en soupirant lourdement. Allez-y.
Désirant clore cette histoire au plus vite, j'ai récupéré ma veste. On avait d'autres choses sur lesquelles se concentrer, comme gérer les différentes mutations et rechercher un moyen de quitter l'île.
Pendant que nous rejoignons le point de rendez-vous, Ethan a relancé le sujet ;
-Tu es pacifiste, donc.
-Je suis pacifiste, oui, qu'est-ce qu'il y a de si horrible ?
-Non, c'est cool, mais ça servirait si tout le monde était comme toi, et malheureusement t'es un peu seule.
-Ce qui est assez triste.
-Puis honnêtement, c'est souvent plus efficace de se foutre sur la gueule.
-Pas vraiment ? Tu tapes, je tapes en retour, il y a un échange de coups, c'est un cercle sans fin. Et ça fait le business des labos de pharmacie.
Il a répondu quelque chose comme quoi les gens peuvent prendre le refus de frapper en retour comme un signe de faiblesse. J'ai répondu que ça dépendait de quelle force on parlait, et en ai profité pour faire une référence à Star Wars. Qu'il n'a pas comprise.
-Tu n'as pas vu ça ? Me suis-je exclamée.
-Vu ça quoi ? A-t-il répondu, surpris par le ton que j'ai pris.
-J'ai fait une référence à Star Wars.
-J'ai pas vu Star Wars.
-Ah, au temps pour moi.
-C'est pas le moment où tu m'égorge pour ne pas avoir vu Star Wars, où tu me dis que je connais pas le « vrai » cinéma si je l'ai pas vu.
-Non. C'est ton choix, et t'as le droit. Regarde les films que tu veux, lis les livres que tu veux et écoutes la musique que tu veux tant que ça plaît.
C'était mon opinion de cinéphile, et de personne en général. On pouvait accéder à tout ça si facilement -si on avait eu Internet sur l'île, et tant de types s'en développaient que tout le monde pouvait avoir accès à tout. C'était la technologie, quoi.
Cette réflexion m'a ramené au point dans ma paume. On était en train de changer, de muter. Et malgré toutes les contradictions sur ma nature que ça amenait, c'était sacrément cool. Melanie pouvait guérir, et Esther avait probablement une fonction qui lui permettait de servir des glaces à l'italienne. Les gens pouvaient peut-être mal l'accueillir au début, et ça avait et allait peut-être encore provoqué des morts, mais ça pouvait également sauver des gens.
On en arrivait aux concepts d'extensions humaine, de biotechnologie, tous ces trucs traités dans les films cyberpunk style Alien ou Repo Men. Tous ces films qui apportaient une sacrée réflexion sur la société, l'intelligence articielle ou notre société. Mais ce n'était pas pareil lorsque j'en devenais actrice. J'étais -nous étions là, avec la capacité de faire des choses auxquelles on n'aurait même pas pensé avant.
Peut-être que nous étions à un grand moment de l'Histoire, mais que nous étions trop occupés à chercher du sens dans le vide pour le voir.
J'ai abordé la rencontre avec Graham avec un autre angle de vue de la situation.

N/A : J'allais poster ce chapitre et vu que nous en étions piles à 600 vues ! Merci. Bisoux magiques.

Échoués (FR)Where stories live. Discover now