Chapitre 19

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Nous étions le lendemain, et je n'avais toujours pas compris comment un type a dit "hey pourquoi on lâcherait pas une ou deux centaines de gosses sur une île avant de les faire muter sans leur autorisation, ça pourrait être drôle" et les gens ont dit "mais oui, mais quelle putain de bonne idée Roberto vous êtes un putain de génie". Je n'ai pas non plus compris pourquoi j'avais appelé le scientifique Roberto dans ma tête et pourquoi les gens à la réunion l'appelaient par son prénom mais le vouvoyaient en même temps.
Après la journée que j'avais eue hier, je m'attendais au pire à avoir droit à un semblant de grasse matinée, au mieux à pouvoir me prélasser au lit jusqu'à quinze heures. C'était sans compter sur la personne qui est venue tambouriner à la porte quelque part vers huit heures du matin.
Vingt secondes de silence ont suivies, et Esther et moi avons attendu de voir qui allait céder en premier et aller ouvrir. La personne a frappé à nouveau. J'ai entendu Esther sauter du haut du lit superposé. Elle a donné un coup de pied dans ma porte pour l'ouvrir en passant.
-Bouge ton cul, m'a-t-elle dit.
-Donne moi trois ou quatre heures et j'irais ouvrir, sinon, ai-je dit.
Elle a soupiré et disparu dans le couloir.
-Hey, la porte ! Ai-je rappelé.
J'ai soupiré à mon tour. Puis je me suis tristement extirpée de mon lit pour enlever mon pyjama et mettre un jean et un t-shirt, avant de sortir dans le couloir. Esther était en train de boire un verre d'eau, et on était en train de détruire notre porte à coups de poing. Je lui ai jeté un regard désapprobateur.
-Oui, bah moi au moins je me suis levée, hein, a-t-elle fait en voyant ma tête.
Au lieu de répondre, je lui fait une moue agacée et suis allée ouvrir. C'était Graham, accompagné de son infiltré. Que je n'avais toujours pas viré, il fallait que je me note de faire ça quelque part. Bref, j'ai eu un léger sursaut de surprise, mais ne me suis pas démontée.
-J'avais pas dit un truc à propos de rester chez vous ? Ai-je dit.
-T'as essayé de les empoisonner, a dit Graham.
-J'ai essayé de quoi ?
M'étant habituée à la lumière du jour, je me suis enfin rendue compte que la moitié de la ville nous regardait avec une expression soit perplexe, soit furieuse. Et pourquoi Graham n'était pas allé voir Ethan ?
-Hey fais pas celle qui sait rien, ils sont au moins trente à avoir clamsé cette nuit.
-Qui « ils », clamsés de quoi et je le réitère, je n'ai empoisonné personne.
Peut-être parce que c''est moi qui ai essayé de le tuer hier. Oui, ça paraît plutôt logique, en fait.
-Les gens de chez moi, ils sont tombés comme des mouches tout le long de la nuit, a répondu Graham.
-Tu veux dire ce qui sont allés au champ hier ? Ai-je demandé encore.
Il a hoché la tête d'un air énervé. Toujours appuyée sur le chambranle, j'ai tourné ma tête vers Esther. Il semblait qu'on aie une cause de mort confirmée. Elle a affiché un air contrit, assorti à celui que Graham affichait maintenant.
-Vous étiez combien, à la base ? A-t-elle demandé à Graham.
-Presque quatre-vingt, a répondu l'infiltré à sa place.
Trente sur quatre-vingt, ça faisait pas mal de monde. On avait des statistiques, maintenant. Et trente personnes à enterrer, bon Dieu. Si jamais je vois Roberto, je le défonce. Esther a vidé son verre d'eau cul sec et a fait un signe de la main à Graham et son accompagnateur.
-Vous avez qu'à entrer.
Ils ont hésité quelques secondes, mais sont entrés, et j'ai fermé la porte derrière eux. C'était sûrement plus respectueux de régler les détails en privé. Pendant qu'ils s'asseyaient tous autour de la table, Esther, Graham et l'autre, je suis restée debout et me suis appuyée contre le plan de travail et ai réfléchi quelques secondes.
-Vous savez quoi ? Je vais chercher Ethan, ai-je dit finalement. J'en ai pour cinq minutes facile.
Esther n'a rien dit, donc j'ai pris ma veste et suis sortie. Même si elle avait dit quelque chose, je l'aurais fait. J'avais besoin d'air.
Dehors, tout le monde s'était déjà dispersé et était allé profiter de son petit-déjeuner en paix. J'ai enfilé ma veste et me suis passé une main sur le visage.
Trente personnes, mince ! C'était beaucoup. Une classe entière, même en comptant Dan. Une classe, c'était beaucoup. En une semaine, c'était trop, largement trop. Un, c'était trop, bordel ! C'était pas normal de mourir de mutation à seize ou dix-sept, notre présence ici n'était même pas normale !
Trente personnes. Les rues là-bas doivent être jonchées de cadavre. Et les personnes qui les ont découvert...ça devait être horrible. Il y avait probablement des groupes d'amis, des couples. Et les autres qui se retrouvent avec des pouvoirs, à quel point ils doivent paniquer.
Je ne vais pas frapper chez Ethan et quitte le village pour marcher dans la direction que je n'ai encore jamais prise, celle du village de bord de mer. J'avais un besoin terrible de me changer les idées, et ça passait également par changer d'environnement pendant un temps. Peut-être passer la journée là-bas, ça pourrait me détendre un peu. Et puis au moins là-bas c'est vide, ça doit être super-calme.
Ca m'a pris quasiment trois quarts d'heure de marche. Heureusement que j'avais mis mes baskets.
L'architecture du village de bord de mer était un peu différente de celle du village du lac pour la bonne raison que les toits étaient en tuile et pas en ardoise, et j'avais aussi l'impression que le blanc des murs était un peu plus clair, mais ça devait être dans ma tête.
Quatre maisons donnaient sur la mer grâce à un ponton, et j'ai décidé d'occuper une de celles-ci pour la journée. Ne désirant pas marcher plus, je suis entrée dans la première et suis descendue directement dans la réserve. J'ai pris une bouteille de jus d'orange et ai bu directement au goulot. Je marchais depuis presque cinquante minutes et j'avais soif.
Ensuite je suis remontée et suis sortie sur le ponton. J'ai enlevé mes chaussures, ai remonté le bas de mon pantalon et me suis assise bien au bord du pont, en laissant mes jambes dans l'eau. J'ai rouvert ma bouteille de jus d'orange et pris une autre gorgée.
-Bonjour, a fait quelqu'un.
J'ai été surprise, je me suis étouffée sur ma gorgée de jus d'orange et ai glissé dans l'eau. Bravo Jana.

N/A : que feriez vous si votre histoire Wattpad avait 1k vues ? Je sais pas vous mais moi je m'étoufferais sur ma gorgée de jus d'orange et tomberais dans l'eau. Merci pour tous les mots adorables que vous avez pour Échoués et les votes. Bisoux magiques.

Échoués (FR)Where stories live. Discover now