Chapitre 24

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J'aurais dû aller me battre. Avec Esther, Melanie, et surtout Ethan.
J'aurais dû être là-bas. Ici, je me sentais juste lâche et vulnérable, à l'image de la petite quinzaine de personnes qui m'avaient rejointe au fur et à mesure.
Peut-être bien que je pouvais juste aller voir. Non, je ne pouvais pas juste aller voir. C'était une question stupide. Mais mon imagination me faisait entrevoir des choses bien plus pires que ce qui pouvait bien avoir lieu en réalité au village en ce moment. Et ça ne faisait qu'un quart d'heure. Plus que le reste de la journée à tenir. Et en plus j'étais pas du genre patiente.
On avait commencé par réunir tout le petit groupe de réservistes dans un même maison, mais je m'étais finalement retirée pour m'isoler dans la première des maisons qui bordaient l'eau. Comme dit précédemment, c'était dans ce genre de situation critique que je commençais à éprouver un besoin viscéral de me retrouver seule. Donc j'étais maintenant seule sur une chaise de la cuisine, les yeux dans le vague.
Fallait que j'y aille. Je ne pouvais pas rester ici à ne rien faire pendant que les autres se battaient. Je ne pouvais tout simplement pas. Mais je ne savais pas me battre non plus. Peut-être que ça me viendrait naturellement. Bien sûr, j'étais une guerrière-née, maintenant.
J'ai souri de la façon la plus sarcastique possible.
Ou une guerrière via mutation ? Je n'avais jamais essayé de faire du mal à quelqu'un avec mes pouvoirs. Je jouais simplement avec ou pour ne pas avoir à chercher l'interrupteur quand j'allais aux toilettes la nuit. C'était assez pratique, d'ailleurs. Mais je ne savais même pas si je pouvais faire du mal à quelqu'un avec ça.
Je ne savais même pas si je voulais faire du mal à quelqu'un avec ça. Je n'aurais pas dû arriver à la discussion avec mon personnage de pétasse sarcastique, tout à l'heure. Peut-être que si j'avais essayé de discuter calmement... Mais Gamble m'avait énervée. Elle me donnait envie de la gifler, de la frapper, histoire de me défouler.
Voilà. Je voulais lui faire du mal, à elle. Pas trop, mais juste assez pour qu'elle regrette quelque rapport qu'elle ai eue avec le projet de nous faire muter. Et l'autre, avec son portable. Je la retrouverais et lui fracasserai son téléphone sur son crâne. Une bonne commotion cérébrale, ça fait toujours plaisir. Et l'autre richard qui n'a même pas daigné nous adresser la parole, je lui ferai bouffer ses contrats et ses actions. Des pouvoirs, ça devait monter vite en bourse.
Ca faisait déjà une bonne liste de choses à faire. Mais avant tout, j'avais quelque chose à faire. J'allais me battre. De suite.
J'ai frappé la table du plat de la main, ai récupéré ma veste et suis descendue dans la réserve pour trouver des armes. Il y avait quelques couteaux à cran d'arrêt. J'ai essayé le mécanisme à plusieurs reprises pour être sûre de savoir m'en servir, puis en ai mis deux dans mes poches. Qu'est-ce que je pouvais prendre d'autre comme arme ? Cocktail Molotov ? Je n'étais même pas sûre de savoir comment en préparer un, et ce n'était pas le genre d'activité qui m'offrait le bénéfice du doute.
Dans un éclair de créativité pyromane, j'ai pris trois bouteilles de déodorant et plusieurs briquets. Avec cet attirail, plus mon pouvoir, je pense que ça passerait. En partant du principe qu'il y avait encore quelque chose ou quelqu'un à combattre, d'ailleurs. Je ne connaissais pas les pouvoirs des mutants de chez Graham, mais je savais qu'ils étaient probablement furieux de les avoir, et ce facteur était probablement crucial.
On sous-estime le pouvoir de l'énervement, je crois. N'importe qui, même une personne qui veut essayer et essaie réellement d'être quelqu'un de gentil et de non-violent peut faire tout et n'importe quoi si on l'y pousse assez violemment.
Peut-être que les gens naissaient en fait mauvais, et que les événements suivant ne faisait que nuancer leur niveau de méchanceté. Ca pourrait expliquer pourquoi on avait par nature des instincts violents et égoïstes, et qu'il fallait faire un long travail sur soi-même et pas mal de choix cornéliens avant de devenir quelqu'un de plus ou moins gentil.
Ou peut-être bien que ce n'était pas le moment pour ce genre de réflexions philosophiques.
J'ai descendu la rue et mis toutes mes trouvailles dans le panier d'un vélo, auquel j'avais préalablement fait subir toutes les vérifications nécessaires. Puis j'ai pris mon courage et ma colère à deux mains, et j'ai pédalé vers la ville.

N/A : La suite est en marche, bande de gens. Et je vais faire en sorte qu'elle soie encore mieux. Bisoux magiques !

Échoués (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant