26 - Purgatorio, sixth terrace

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Hello !

Merci pour votre lecture, vos reviews et vos votes, c'est vraiment très encourageant.

On retrouve Heath, dans ce chapitre, et il va se voir contraint d'en révéler un peu plus sur lui...

Bonne soirée, et merci de suivre !

Sea

*

Il est heureux que le lecteur ne bénéficie pas des même qualités  surnaturelles que Colibri – quand bien même je les qualifierais pour ma  part de défauts – car toute la volupté de l'intrigue scénaristique s'en  trouverait mise à mal. L'auteur ne m'ayant pas épargné, et afin de ne pas  vous manquer plus avant de respect, me voilà contraint d'admettre que,  oui, lorsqu'il se présente une occasion inespérée de goûter au sang  humain sans que cela me plonge dans un état de mal que vous connaissez  bien désormais, je me jette dessus.

L'accident que ce pauvre  chauffeur de taxi eut avec ce non moins pauvre sanglier, je tiens à  l'affirmer devant vous, n'était pas de mon fait. Ou plutôt, pas de mon  fait conscient. Certes, j'avais tordu l'esprit de l'humain afin  d'endormir ses méfiances et certes, mon badinage avec Sophie m'avait  moi-même déconcentré, mais que diable, il ne portait pas de ceinture de  sécurité ! Sans cela, il serait encore en vie.

Le sang d'un mort,  même s'il est encore chaud et liquide, ne procure pas la même extase que  celui d'un vivant, et je m'en contentai alors, car après tout, l'humain  mort en pleine forêt et en pleine nuit, son sang ne serait d'aucune  utilité à son espèce. Sophie ne comprendrait sans doute pas ce genre de  choses. Quoiqu'elle en dise, elle aime beaucoup le genre humain et  l'idée de boire du sang, je le vois au regard dégoûté que viennent  d'afficher certains d'entre vous, révulse instinctivement le pire des  criminels.

Passons sur ce point. Je vous avais abandonnés dans  cette obscure forêt, sur la route du mausolée de Snagov. Contrairement à  ce que Sophie songeait, je n'étais pas à la recherche de mon frère.  Non, je n'étais pas assez naïf pour croire qu'il fût possible de  retrouver sa trace aussi facilement, même – surtout – pour un vampire.  J'avais donc décidé de traquer de ces moroï, vampires de seconde classe ô  combien insupportables à nos yeux, nous autres strigoï, et espérer remonter ainsi à un strigoï.

L'odeur  du moroï est répulsive pour les strigoï. Elle correspond peu ou prou à  une odeur de cadavre. Les strigoï sont de race immortelle, plus ancienne  que les moroï, et en conséquence il est rare de voir deux vampires strigoï  vivre l'un avec l'autre. Ou encore dans le même pays. Les moroï, au  contraire, sont grégaires, vivent en clans et se reproduisent plus qu'il  ne le faudrait, à mon humble opinion. Capables tout de même de  s'entre-dévorer lorsque la folie du sang les gagne, ils sont nettement  moins puissants que notre peuple. Et en conséquence, un moroï craindra  l'ombre du strigoï aussi sûrement qu'un enfant craint celle du  croque-mitaine.

Aussi, au petit matin, juste avant le lever du  soleil, je marchais toujours, dans la forêt, me rapprochant du mausolée,  lorsqu'un cri de surprise étouffé et le grattement caractéristique d'une  créature qui grimpe le long de l'écorce d'un arbre interrompirent mon  avancée. Je soupirai et, sans lever la tête, lançai en roumain :

- Je suis de la lignée des Draculea. Ma paix est faite avec les moroï.

Une  série de sifflements furieux accueillirent mes paroles rituelles et je  finis par regarder un vieux pin qui se trouvait à ma droite. Contre le  tronc, à une dizaine de pieds de haut, un jeune moroï tenait entre ses  bras un nourrisson. L'enfant-moroï était vêtu de haillons, avait le  teint laiteux et les yeux parfaitement noirs. Il écarta les mâchoires et  arbora deux canines pointues, me crachant dessus comme l'eût fait un  chat en colère. Je pouvais entendre son cœur battre la chamade malgré la  distance : j'avais dû le surprendre, lui et le bébé, dans son sommeil.  Les pieds nus et sales de l'enfant-moroï se crispèrent sur la branche  lorsqu'il me vit m'avancer vers l'arbre et la misérable petite créature  cracha de plus belle, protégeant le nouveau-né entre ses bras maigres.  Je m'étonnai de le découvrir avec si peu de vigueur, car les moroï,  comme je le dis plus haut, ont un certain sens de la famille et ne  laissent habituellement pas leur progéniture dépérir ainsi.

Vampire ConsultantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant